Dans le cadre de cette nouvelle série d’entrevues, j’ai eu le plaisir de
rencontrer dernièrement, le Chorégraphe-Danseur Howard Richard. J’ai
entendu parler pour la première fois de cet artiste tout à fait par
hasard, dans une lettre que je recevais du Député André BOULERICE
m’annoncant sa nomination au poste de Président d’Honneur de la
campagne de levée de fonds pour la Compagnie Howard Richard Danse.
Monsieur Boulerice y mentionnait son grand intérêt pour la compagnie
en question et nous présentait la Danse comme l’enfant pauvre des
arts en général. Plutôt inusité comme approche et c’est ce qui m’a
incité à rencontrer cet artiste absolument insurpassable par ses
créations et sa chaleur humaine.
Né à Montréal, Howard RICHARD débute sa formation en 1972 à l’Ecole
de Danse Eddy Toussaint et devient membre de la compagnie en 1974.
Dès les premiers spectacles, Howard Richard bénéficie d’un succès
immédiat et d’une critique fort élogieuse: » … Howard RICHARD est un
chorégraphe doué dont l’imagination est indéniablement fertile… Ses
spectacles sont une succession ininterrompue d’heureux moments de
la danse… »
Mais comme la plupart des artistes créateurs de son temps, Howard
est confronté aux problèmes financiers de base pour sa compagnie. Le
Québec même s’il est considéré comme riche, n’a pas encore trouvé les
raisons et l’importance de soutenir les formes artistiques qui font de
lui une nation à part entière dans sa diversité linguistique et
culturelle. Lors des campagnes de levées de fonds des organismes
artistiques, c’est tout juste si les fonds amassés totalisent quelques
centaines ou tout au plus, quelques milliers de dollars. Quel désastre!
La danse, étant de son coté un art spontané pour lequel il est
impossible de compter sur des revenus de disques, d’enregistrements
sonores ou vidéos se retrouve donc appauvrie et dépendante
des subventions gouvernementales. Howard RICHARD ne se
désespère pas pour autant et c’est avec beaucoup de conviction et
d’optimisme qu’il continue à nous offrir son art et à nous honorer
d’une visibilité internationale.
En effet, notre chorégraphe montréalais participait à la compétition
chorégraphique Suzanne DELLAL de Tel-Aviv (Israël) en avril 1992 et
revenait à la maison avec deux mentions d’honneur. En 1990, il se
méritait même le prestigieux prix canadien Clifford E. Lee. Ces
reconnaissances lui ouvrent plusieurs portes à l’étranger dont
certaines chez les plus importantes maisons de ballet des USA,
d’Amérique du Sud et d’Europe.
Quand je demande à Howard quel serait son seul et unique souhait
pour l’avenir, il répond sans hésitations: » la reconnaissance financière
de ma compagnie de danse… »
Ce qui touche plus particulièrement le jeune danseur de 36 ans c’est le
racisme sous toutes ses formes et ses visages. Etant d’origine
francophone, anglophone d’éducation et homosexuel de vie, Howard
est confronté assez jeune à des formes de racisme des plus diverses.
« Rien que le fait de parler français me rendais très timide et il arrivait
que la réaction des gens à mon endroit soit négative à cause de mon
accent. Je m’efforce de vaincre tous les jours cette crainte et
aujourd’hui, je souhaite que les gens m’acceptent simplement pour ce
que je suis » affirme t’il.
Après plus d’une heure passée en la compagnie d’Howard RICHARD, il
n’est pas difficile de s’attacher à lui et de constater dans son profond
regard , une véritable vocation artistique. Même s’il se défend d’être
« drogué » par la danse, rien qu’à l’entendre parler nous donne le goût
de le voir bouger sur une scène. Il ne fait aucun doute qu’Howard
ira loin dans sa carrière de chorégraphe et il est à souhaiter qu’il
trouvera le soutien nécessaire chez son public québécois.Les amateurs
de danse trouveront chez cet artiste une révélation et les promoteurs,
une source de succès inépuisable.
Je vous invite donc à aller rencontrer ce sympathique personnage à
l’Agora de la Danse pour deux spectacles les 1er et 2 mai 1993 à
20:00h.