Dans le cadre de notre question au comité de réflexion du Point, nous publions les réponses du comité restreint, notre confrère Jean-Luc Romero étant en voyage depuis plus de 5 semaines pour couvrir les conférences mondiales sur le SIDA et les droits des gais et notre ami Michel Girouard nʼayant pas eu le temps de répondre vu son emploi du temps fort périlleux. Ils seront tous de retour dans la prochaine édition.
Dans un article déjà publié dans Le Point et lors dʼune entrevue sur Gay Globe TV à propos de la vie gaie au Liban, notre invité Bertho Makso lançait un appel à lʼaide aux gais et lesbiennes du Québec pour quʼils versent des fonds au groupe gai arabe HELEM qui, à son tour, vient en aide aux femmes enceintes du Liban et aux enfants dans la misère à cause des bombardements. Pas très gai comme cause… En Afrique, des centaines de milliers de sidéens meurent chaque année laissant des millions dʼenfants orphelins, sans soins, dans la misère la plus totale.
Au Québec, il existe depuis 2004, un laisser-aller complet de la part de lʼÉtat face au SIDA et les taux de transmission de la maladie à Montréal sont les mêmes quʼavant la trithérapie, comme dans les années 80 avec des jeunes qui meurent plus que jamais. Est-ce que nous devrions concentrer lʼaide que nous souhaitons apporter comme gais à des causes locales ou considérer la mondialité dans son ensemble, fermer les yeux sur les jeunes qui meurent du SIDA au Québec pour aider un adulte africain à survivre plus longtemps?
Je sais que la question est crue mais lʼactualité nous pousse à nous interroger sur nos priorités. Il ne sʼagit pas ici de culpabiliser quiconque souhaiterait ne pas donner quʼau Québec, au contraire même, mais si lʼÉtat québécois refuse dʼinvestir dans la prévention de la maladie, est-ce que le public lui, serait en droit de le faire pour sauver la vie de ses propres enfants avant ceux des autres pays?
Raymond Gravel est prêtre et a défendu à de nombreuses reprises les droits des gais au mariage et à lʼégalité sociale:
Je crois sincèrement que ce nʼest pas aux gais plus quʼaux autres de financer ou dʼaider des pays qui vivent des tragédies comme la guerre au Liban ou le Sida en Afrique. Par ailleurs, quʼon demande aux associations gaies dʼinvestir plus dʼargent pour la cause du Sida ou des droits humains dans les autres pays, je ne suis pas tout à fait en accord avec ce principe, car il appartient à tous les êtres humains, quels que soient leur orientation sexuelle ou leur statut social dʼêtre solidaires des exclus, des marginalisés dʼautres sociétés et surtout des pauvres et des moins bien nantis. Et comme il y a de ces pauvretés chez nous, il faut sʼassurer que lʼaide parvienne aussi aux plus mal pris dʼentre nous…
Roger-Luc Chayer est rédacteur en chef de la Revue Le Point et administrateur de Gay Globe TV:
Je suis absolument convaincu que le point de départ de toute aide volontaire ou financière doit être au bercail, ici même. Pour mieux aider, il faut commencer par sʼaider soi-même et quand les jeunes cesseront de mourir ici, on pourra toujours trouver des causes ailleurs qui sauront nous valoriser autant quʼen étant là pour nos compatriotes… Ici avant tout!
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