50- Page 10 de la Revue Le Point

Héma Québec
persiste contre les
homos
Par : Le Point
Malgré les nombreux appels de la
population et de certains leaders de
la communauté gaie et malgré les
graves pénuries de sang de lʼété,
depuis plus de 10 ans, Héma Qué-
bec persiste et refuse de recevoir le
sang des homosexuels.
Cette décision, prise à lʼépoque de
la Croix-Rouge et avant que lʼon
mettre en place de nouvelles me-
sures pour sécuriser les dons de
sang, nʼa plus sa place aujourdʼhui
puisque les dons de sang sont
chauffés systématiquement, élimi-
nant ainsi tout risque de propaga-
tion de certaines maladies comme
le SIDA.
Le sang étant neutralisé, la déci-
sion dʼHéma Québec de refuser le
sang des homos sʼinscrit en ligne
directe en violation de la Charte
québécoise des droits et libertés
qui interdit toutes les formes de
discrimination à lʼendroit des gais
et lesbiennes perpétuant du coup,
le mythe que le sang des homo-
sexuels serait inférieur en qualité
et en utilité.
Les gais et lesbiennes sont pour-
tant réputés pour leurs implica-
tions sociales bénévoles, leur re-
fuser ces dons cʼest leur refuser
le droit dʼaider leurs compatrio-
tes dans le besoin. De nombreux
homosexuels répondent “non” à
la question sur leur orientation
sexuelle posée dans le question-
naire dʼHéma Québec et font leur
don de sang sans se soucier des
opinions discriminantes de lʼorga-
nisation provinciale chargée dʼap-
provisionner  et de constituer les
banques de sang.
NDLR: Le Point ne suggère pas
aux personnes désirant faire un don
de sang de mentir sur leur orienta-
tion sexuelle. Nous pouvons nous
élever contre la discrimination
mais la commission dʼactes illé-
gaux nʼest pas la solution.
Par: Le Monde Photo : University of Western Ontario
Les lacunes de l’historiographie française
Quelle est la situation des recherches sur l’homosexualité ? Deux excellentes publica-
tions, auxquelles ont participé quelques-uns des meilleurs spécialistes du moment, français
et étrangers, établissent un état des lieux en même temps qu’elles dessinent, exemples à
l’appui, les nouveaux contours des “études gaies et lesbiennes”.
Un constat, d’abord : aujourd’hui encore, la plupart des travaux sur l’homosexualité dans les sciences
sociales sont publiés aux Etats-Unis, où les Gay and Lesbian Studies ont droit de cité dans plusieurs
grandes universités depuis une vingtaine d’années. En France, il a fallu attendre la fi n des années 1990
pour que le monde académique commence à reconnaître la légitimité d’un domaine de recherche en plein
essor, ce dont témoignent les colloques, les séminaires et les entreprises éditoriales de qualité qui se sont
multipliés au cours des dix dernières années (1).
Selon Laure Murat, l’une des contributrices du collectif publié par les éditions Epel, ce retard français
résulte d’une triple résistance. Politique, d’abord, “l’universalisme à la française s’étant toujours méfi é de
ce qui touchait aux communautés, terme implicitement assimilé à un communautarisme contraire à l’idéal
républicain”. Résistance intellectuelle, ensuite, de la part d’une université rétive à bâtir des programmes
résolument transdisciplinaires à l’image des “studies” à l’américaine, où collaborent sociologues, philoso-
phes, psychanalystes, juristes, historiens et spécialistes de littérature. Méfi ance lancinante, enfi n, vis-à-
vis d’un objet longtemps promu par des militants de la “cause” homosexuelle et, dès lors, dévalorisé d’un
point de vue scientifi que. Signe, malgré tout, du processus de légitimation en cours, la publication d’un
dossier sur l’histoire des homosexualités dans la prestigieuse Revue d’histoire moderne et contemporai-
ne, dirigée par Daniel Roche et Pierre Milza. Coordonnatrice de ce numéro, Florence Tamagne y dresse
un bilan historiographique dans lequel apparaissent quelques tropismes : une prédominance des études
sur l’homosexualité masculine, un intérêt persistant pour l’histoire des deux derniers siècles, et enfi n une
concentration des recherches sur quelques pays, essentiellement l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les
Etats-Unis et la France. Les problématiques actuellement en vogue, dont les articles réunis dans ces
deux volumes donnent un aperçu, pourraient pallier certains de ces déséquilibres. Tandis que se multi-
plient les travaux sur le lesbianisme, de plus en plus de chercheurs s’intéressent aux “subcultures” homo-
sexuelles, à travers l’étude des sociabilités, des pratiques culturelles et des mouvements associatifs. Sur
le plan conceptuel, enfi n, la vogue de la théorie “queer”, qui appelle à une déconstruction de la notion de
genre et des identités sexuelles, stimule les recherches sur le travestissement et le transsexualisme tout
en confortant une exigence : celle d’une nécessaire historicisation de la notion même d’homosexualité,
une catégorie normative délicate à utiliser pour l’époque précontemporaine, ce que montrent les études,
encore rares, consacrées à l’Antiquité et au Moyen Âge.

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