Par Roger-Luc Chayer
Photo Cristal Records
Ça-y-est, il nous a encore refait le coup, il nous prend par les oreilles, nous balance son piano en pleine tronche, nous brise le coeur avec son interprétation et ensuite, il repart doucement dans l’ombre préparer son prochain coup. Un vilain garnement ce Didier Castell-Jacomin? Pas du tout, un génie plutôt!
Car voilà un musicien classique qui a tout compris dans l’art de jouer de son instrument et de le faire apprécier par son public. Il ne vient que très rarement sur la scène, se consacre à la réflexion et à l’approfondissement de sa sonorité et nous livre quand il le peut, mais pas assez à mon goût personnel, un CD ou une prestation publique mémorable pour tous.
Didier Castell-Jacomin est bien connu des lecteurs et des auditeurs de Gay Globe Média pour les entrevues qu’il nous accorde régulièrement et aussi parce qu’il est ouvertement gai et supporte des oeuvres sociales qui lui tiennent à coeur. Chic type.
Il est surtout connu pour son franc-piano, un style d’interprétation absolument unique et différent de ce qui se fait dans le Main Stream du piano classique et cette différence est actuellement harnachée et mise en valeur par le label Cristal Records.
Castell-Jacomin tire son inspiration artistique de ses études au Conservatoire National de Nice mais surtout de sa rencontre avec celui qui deviendra son professeur et mentor, Fausto Zadra, dans les années 90.
Ce qui le distingue le plus dans son style est sans contredit la sonorité qu’il arrive à produire avec un instrument qui n’offre justement pas de telles possibilité habituellement. Nous connaissons tous le piano qui, hélas, peut parfois être redondant ou répétitif dans ce qu’il propose. Castell-Jacomin, lui, arrive avec des oeuvres connues mais repensées et surtout réinterprétées à la sauce Jaco. Le produit fini devient une toute nouvelle oeuvre.
Pour résumer le plus simplement du monde le style et la sonorité “Castell-Jacomin”, il suffit de penser à un piano très gros, à une sonorité très riche et puissante, loin des petites notes gnan-gnan agaçantes, le doigté est d’une légèreté absolue, c’est-à-dire qu’il effleure à peine les touches pour parfois ne laisser passer qu’une impression de note plutôt qu’une note franche, le tout, pour notre pure délice, vous verrez.
Tout le CD “Tendresse Russe” s’inscrit d’ailleurs bien dans cette lignée d’une sonorité sombre et grandiose. Commandé par le magazine La Lettre du Musicien, il accompagne d’ailleurs les 4000 premières éditions du spécial Piano de la célèbre revue française qui consacre l’édition 2010 à la musique russe.
Quand il sort de son studio, Didier Castell-Jacomin se donne à de rares occasions en public et on pourra le voir par exemple à l’ouverture du Festival de Munster en avril 2011. Il reviendra vite dans les studios de Cristal Records car deux productions sont prévues en 2010-2011. Un CD consacré aux femmes compositrices et une participation à un CD “Made in Canada” avec l’auteur de ces lignes.
Enfin, pour ceux qui voudraient entendre l’objet de cet article, visitez le http://www.tradebit.com/filedetail.php/104214729-tendresse-russe et dégustez un extrait de chaque oeuvre de Tendresse Russe tout à fait gratuitement.
Ceux qui, par contre, voudraient acheter le CD, ne manquez pas l’offre du siècle, il est en effet offert au prix ridicule de 1 Euro sur le site de Cristal Records au www.cristalrecords.com, section des albums, une aubaine pour une douzaine d’oeuvres aussi rares qu’inusitées.
À vos claviers chers lecteurs et bon appétit…