71- Dans l’affaire de la corruption au Québec publiée par McCleans Est-ce que McCleans a raison sur la corruption

Commentaire Par
Roger-Luc Chayer
Photo McCleans

Tout le monde connaît maintenant la controverse causée par la publication d’un article qui tente de faire la démonstration que le Québec serait, selon l’auteur de l’article, la province la plus corrompue du Canada. Il s’agit d’une conclusion très grave à faire pour un journaliste puisque l’article, même s’il est bien documenté, met en évidence un tout autre portrait.

Comment arriver à une telle conclusion? Selon le journaliste responsable de cet article, le Québec compterait plus de scandales financiers, d’enquêtes sur la corruption des politiciens, des municipalités, dans le domaine de la construction ou sur la nomination des juges que toutes les autres provinces du Canada. Or, la différence entre le Québec et les autres provinces canadiennes est notre tradition napoléonienne de transparence et de démocratie. En effet, si au Québec on parle beaucoup plus de scandales et de corruption c’est peut-être dû au fait que nous avons des institutions qui en parlent avec plus de transparence voilà tout. Le fait de parler ouvertement de corruption ici ne signifie pas qu’en Ontario le problème soit moindre, cela signifie peut-être uniquement que le Québec est une nation plus mature et qu’elle est apte à traiter de ses problèmes internes plus ouvertement, avec plus de transparence et avec sérénité que l’Ontario.

Est-ce que McCleans a raison de dire que le Québec est corrompu?
La généralisation proposée dans l’article me préoccupe beaucoup à un point tel que je me suis demandé si, en agissant ainsi, le magazine n’enfreignait pas la Charte québécoise des droits et libertés qui interdit la discrimination en fonction de la culture, des croyances, de l’orientation sexuelle ou de la religion. La Charte québécoise protège aussi la dignité de tous les québécois, c’est dans la loi. Depuis 1993 je suis journaliste et j’ai occupé ces fonctions pour le Magazine RG, TVA, TQS, le Journal de Montréal et pour la revue Le Point devenue Gay Globe Magazine.

J’ai personnellement été le témoin d’actes de corruption pendant ces années comme observateur et je peux facilement cibler les éléments de la société qui sont les plus susceptibles d’être corrompus au Québec. Par exemple, le monde politique est probablement le plus corrompu, suivi de près du monde de la construction et dans une moindre mesure, le domaine des levées de fonds pour les causes sociales. Ce sont mes observations personnelles. Toutefois et contrairement au Magazine McCleans, je suis en mesure de cibler des éléments de la société qui sont selon moi corrompus sans cibler un peuple, une race, une minorité ethnique ou une population quelconque.

Là où échoue McCleans dans son exercice journalistique est dans le fait de cibler la nation québécoise au complet sans tempérer ou ventiler par des exemples concrets. Je ne suis pas avocat mais je connais certains éléments des lois québécoises comme la Charte québécoise des droits et libertés qui protège justement la population contre les généralisations. McCleans échoue lamentablement le test de la ventilation et en cela, il commet un geste d’une grande rareté au Canada, le racisme basé sur les préjugés et la haine d’une nation fondatrice. En ce sens, McCleans doit être condamné.

Quand j’ai su que mon fournisseur de téléphonie cellulaire, était propriétaire de McCleans, je me suis demandé si mon argent pouvait possiblement servir à financer des actes racistes. Pour trouver réponse à ma question je me suis demandé quelle pouvait bien être la réaction de Rogers à cet article et si elle était intervenue pour s’excuser ou punir les auteurs de ces propos. Malheureusement, la réponse est non. Est-ce que Rogers est une si grosse compagnie qu’elle ne peut exercer un leadership efficace dans les circonstances? Je ne le crois pas. Est-ce qu’il serait possible que Rogers puisse être d’accord avec l’article et considérer que la nation québécoise est corrompue? C’est une possibilité puisqu’elle ne dit pas “non”…

J’ai donc contacté Rogers le 28 septembre pour leur demander de rétablir la situation dans les 48 heures faute de quoi je devrais me passer de leurs services lors du renouvellement de mon contrat avec eux en décembre. Je ne voulais définitivement pas financer une entreprise possiblement raciste. Lors de mon entretien avec un superviseur de l’entreprise, Monsieur Fabrice Lajeunesse, j’ai clairement énoncé les raisons de ma décision et ma demande a été bien reçue.

Malheureusement, passé le délai de 48 heures, je n’ai pas reçu les excuses requises, je me passerai donc dorénavant des services de Rogers, une société qui a les apparences d’un racisme orienté contre la nation québécoise dans son ensemble et à ce titre, elle devra se priver de mon argent.

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