Le Huffington Post

Le VIH/Sida recule. Grâce aux progrès en matière d’accès au traitement antirétroviral, les personnes séropositives vivent aujourd’hui plus longtemps, et elles vivent surtout en meilleure santé. En juin 2016, ce sont ainsi plus de 18 millions de personnes de par le monde qui avaient accès au traitement, parmi lesquelles 910 000 enfants.
Parallèlement, l’accès aux médicaments permettant de prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant est en augmentation constante. De 50% en 2010, il est passé à 77% en 2015. Plus d’un million de femmes enceintes séropositives bénéficiaient ainsi de traitements antirétroviraux. Grâce à ces efforts, les nouvelles infections du VIH chez les enfants ont été divisées par deux depuis 2010.
L’objectif des Nations Unies est de vaincre l’épidémie à l’horizon 2030 et d’éviter, d’ici cette date, 28 millions de nouvelles infections par le VIH et 21 millions de morts liés au sida. Nous pouvons y arriver. Mais cela suppose de ne pas relâcher nos efforts.
Deux millions de contaminations par an, c’est toujours trop
Le sida recule, oui, mais il reste tant à faire. En 2015, 36,7 millions de personnes vivaient encore avec le VIH, selon l’Onusida. Une majorité d’entre-elles se trouvaient en Afrique centrale et de l’Ouest (6,5 millions) et en Afrique de l’Est et du Sud (19 millions). Cette année là, plus de 2 millions de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH et 1,1 million de personnes sont décédées de maladies liées au sida.
De nouvelles statistiques émises par le réseau Global Burden of Diseases (GBD) et publiées la veille de la 21e conférence internationale sur le sida, qui se tenait à Durban en juillet 2016, ont présenté des résultats plus sombres que les données officielles de l’Onusida. En comparaison de la décennie précédente, le nombre de nouvelles infections ne décroit que lentement depuis 2005. Ces chiffres montrent que l’épidémie du sida n’est pas terminée et qu’elle reste une des plus grandes menaces de santé publique de notre temps. Deux millions de nouvelles infections par an, c’est toujours trop!
La question du financement est bien-sûr centrale. Après le pic de 2014, avec 11,2 milliards de dollars alloués, le financement annuel mondial est retombé à 10,8 milliards en 2015. Or l’ONU estime qu’il faudrait débourser 29 milliards d’euros par an entre 2015 et 2020 (soit 150 milliards d’euros) pour espérer éradiquer l’épidémie d’ici à 2030. De l’argent, il en faut donc toujours. Mais il faut aussi des volontés, par milliers, afin de contribuer concrètement à faire reculer la maladie.
ONG et gouvernements se battent sur le terrain
On sait désormais « que toute personne infectée par le VIH devrait commencer le traitement antirétroviral le plus tôt possible après le diagnostic », d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il faut donc tout mettre en œuvre afin de rendre les traitements disponibles pour les personnes qui en ont le plus besoin, et ce dès la détection de l’infection. C’est ce que s’est engagé à faire le gouvernement du Sénégal d’ici à la fin de l’année 2017.
En Côte d’Ivoire, où vivent 460.000 personnes séropositives, dont plus de 250.000 femmes, le gouvernement a été l’un des premiers à initier une stratégie de prévention de la transmission mère-enfant (PTME). En effet, 90% des contaminations de l’enfant sont liées à ce mode de transmission, qui peut être diminué de moitié par l’utilisation de traitements antirétroviraux associés à une politique d’alimentation adéquate de l’enfant.
La fondation Children of Africa, que j’ai l’honneur de présider depuis sa création en 1998, a fait de la santé de la mère et de l’enfant un axe majeur de sa stratégie. C’est pourquoi la fondation a lancé le projet de l’hôpital mère-enfant (HME) de Bingerville, dans le district d’Abidjan, un projet médical innovant et porteur d’espoir. L’HME vise à contribuer à la réduction de la mortalité et de la morbidité maternelles, néonatales, infantiles et juvéniles, en améliorant l’offre de soins de santé pour le couple mère-enfant.
Saluons également l’engagement de l’ONG International Rescue Comitee (IRC) qui, avec son projet CARA (Commmunity Assistance for Responding To Aids) a pendant sept années permis de sensibiliser plus de 100 000 Ivoiriens aux problématiques liées au VIH/Sida. En Côte d’Ivoire, l’ONG a réalisé plus de 25.000 dépistages, distribué plus de 3.000 préservatifs et soutenu plus de 23.000 orphelins et enfants vulnérables.
Je tiens enfin à souligner la contribution importante de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), qui a annoncé le 5 avril dernier qu’elle dégagerait 39 millions de dollars afin de renforcer la chaîne d’approvisionnement des produits de santé en Côte d’Ivoire. Ce projet, initié dans le cadre du Plan d’urgence du président des Etats-Unis pour la lutte contre le sida, permettra d’assurer que des médicaments de qualité atteignent les personnes vivant avec le VIH/Sida.
Si le virus du sida fait moins de morts et que moins de nouveaux cas sont enregistrés –en cinq ans, le nombre de nouvelles personnes infectées à diminué de près de 15% en Afrique de l’Est et du Sud et de 8% en Afrique de l’Ouest–, 26 millions de personnes sont toujours atteintes du VIH en Afrique subsaharienne. Pour la première fois, la fin de l’épidémie est à notre portée. Ne baissons pas les bras.