Le règlement du “Department of corrections” interdit toutes formes de contacts et relations physiques entre détenus sous peine de sanctions disciplinaires. Aux États-Unis, on ne rigole pas avec l’homosexualité en prison…
Mourir d’aimer ou le SIDA en prison…
Si les relations physiques entre détenus sont prohibées aux États-Unis, ça ne veut pas dire qu’elles n’existent pas, au contraire. Après tout, rien n’est plus attirant que ce qui est défendu. Encore plus quand on parle de plaisir physique. Les cas de VIH/SIDA dans la population carcérale sont nombreux. Beaucoup plus que ce que les statistiques officielles veulent bien laisser croire. Plusieurs détenus séropositifs refusent de recevoir quelque traitement que ce soit par peur d’être identifiés comme porteurs du VIH et perdre la confidentialité sur leur cas. Pire, nombreux détenus ne dévoilent pas leur statut sérologique par crainte de se retrouver seuls, sans possibilité de relations intimes avec qui que ce soit.
“Le VIH/SIDA est encore plus tabou en prison que nulle part ailleurs”
Comme la distribution des doses quotidiennes de médicaments se fait en public, à la vue de tous, se retrouver en ligne pour recevoir ses pilules attire inévitablement la suspicion, le doute… Un détenu de mon dortoir, me voyant en ligne à tous les jours, deux fois par jour, a décidé un beau matin de se placer derrière mois pour tenter de voir mes pilules. Certains détenus sont des experts en pharmacologie et peuvent reconnaître toutes les pilules à distance. Peu de temps après, ce même détenu est venu me voir pour me proposer quelques “actes”, me disant de ne pas m’inquiéter puisqu’il prenait le même traitement que moi. Pour la première fois en 20 ans, mon statut sérologique devenait un critère de sélection positif!
Dès que je sens qu’une amitié avec un détenu à des chance de devenir plus intime, je me presse sans hésitation à dévoiler mon statut de séropositif d’abord par souci d’honnêteté mais aussi pour ma propre sécurité. Le fait de ne pas dévoiler un tel cas en prison, à un prospect, peut mener à la mort.
La prison est un environnement violent où les détenus sont privés de tout et où 85% des résidants ont des problèmes d’addiction diverses non traitées puisqu’ici, les programmes de réhabilitation sont inexistants. L’alcool et les drogues sont difficiles à obtenir, plusieurs se tournent vers le sexe, remplaçant une dépendance par une autre, afin d’obtenir leur “high”. Il y a aussi les dépendants affectifs qui, comme pour les autres dépendances, ne sont absolument pas préoccupés par leur statut sérologique, ni celui de leurs partenaires. Pour eux, ce qui compte le plus c’est d’être avec quelqu’un, quitte à mourir d’aimer, par aveuglement volontaire.
Les parois de ma vie sont lisses, je m’y accroche mais je glisse lentement
vers ma destinée, mourir d’aimer…
Pendant que le monde me juge, je ne vois pour moi qu’un refuge. Toutes les issues m’étant condamnées, mourir d’aimer. (Charles Aznavour)