Quintette de cuivres formé et dirigé par R.L. Chayer en 1988
(Montréal) Dans les années ʻ80, il était le plus jeune chef dʼorchestre au
Canada et était connu comme le plus jeune corniste québécois à oeuvrer
sur la scène internationale, il est devenu lʼéditeur du Point et se donne à
sa propre revue “pour quʼon cesse une fois pour toutes de me dire que
je ressemble incroyablement à une pochette de CD en vente dans les
magasins”… Roger-Luc Chayer, chef, corniste et… Éditeur du Point.
“Cet artiste absolument insurpassable déversait, avec une
générosité sans exemple, lʼor de ses notes qui paraissaient couler dʼune
corne dʼabondance”, voilà comment Daniel Rolland, journaliste pour
Le Musicien Québécois passé à Fugues depuis, présentait Roger-Luc
Chayer, alors musicien, loin de savoir quʼil deviendrait éditeur de la revue
Le Point des années plus tard.
Car pour jouer du cor et diriger des orchestres symphoniques à un si
jeune âge, il faut avoir le sang chaud ou franchement, posséder un talent
exceptionnel. “ Je nʼai jamais été capable de concevoir une seule seconde
que je puisse avoir un talent quelconque. Je suis de ceux qui tavaillent
des heures, des semaines pour avoir des résultats. Si je nʼavais quʼun seul
talent, il serait dʼêtre capable de prendre les décisions appropriées au bon
moment cʼest tout”, déclare lʼactuel éditeur de la revue Le Point en parlant
de son passé.“Il y a des musiciens pour qui le passage de lʼapprentissage
dʼun instrument à la capacité dʼobtenir une certaine reconnaissance se
fait très facilement, parce quʼils ont un don, une oreille absolue ou une
autre distinction qui leur facilite la tâche. Je nʼavais aucun autre don
que celui de savoir exactement ce que je voulais et quel moyen prendre
pour y arriver. Contrairement à de nombreux jeunes dʼaujourdʼhui, le
fait de ne pas avoir consommé de drogues ou dʼalcool dans ma jeunesse
a certainement contribué à me permettre de focusser sur mes objectifs”
Sophie Picard, pianiste et Roger-Luc Chayer, corniste lors des
enregistrements dʼune cassette de musique classique en 1986
Corniste débutant à la polyvalente Henri-Bourassa classique de
Montréal-Nord, dans la classe de Lise Chayer (aucun lien de parenté
malheureusement), le jeune Chayer prenait très au sérieux le fait dʼavoir
entre les mains un instrument aussi rare et noble que le cor. Pour pratiquer
encore plus son instrument, en dehors des heures dʼécole, Roger-Luc
participait à de nombreux groupes de jeunes, toujours dans des formations
musicales bien entendu.
Les cadets de la marine de Montréal-Nord (fanfare), les cadets de la mer
de Rivières-des-Prairies (fanfare), Les Arc-en-ciels de Montréal-Nord
(marching band de compétition) et les Rythmiks de Montréal (fanfare très
sérieuse), son horaire était dédié presquʼexclusivement à la musique avec
des répétitions tous les soirs de la semaine et un week-end sur deux. “ La
jeunesse aide beaucoup en matière dʼénergie à pouvoir donner à une cause
qui nous intéresse vraiment. Aujourdʼhui je ne pourrais même pas faire
10% de ce que pouvais faire à lʼâge de 11 ans. En rétrospective, je pense
que mon temps a bien été géré comme enfant. Je ne me retrouvais jamais
dans des histoires de délinquance, je ne suis pas certain que la musique
y soit pour quelque chose mais jʼai la certitude que dʼoccuper 100% du
temps dʼun ado à quelque chose dʼaussi passionnant que la musique
classique ne peut que lui permettre dʼéviter les pièges de la drogue et
des autres troubles sociaux”, déclare Roger-Luc lʼair pensif et moqueur.
Orchestre Symphonique de St-Léonard 1986-87 – Roger-Luc
Chayer, cor solo
Lorsquʼil a décidé de quitter le foyer familial dès lʼâge de 16 ans, Roger-Luc
Chayer avait un plan bien dessiné dans sa tête. “Je devais absolument sortir
du moule familial, question de me protéger, mes parents ne sʼentendaient
pas très bien à lʼépoque et je ne voulais pas perdre mes acquis”
“Jʼavais 16 ans, jʼétais sur le point de terminer mes études au
secondaire et je sentais que ce qui se passait entre mes parents me nuisait
et pouvait potentiellement me faire prendre des chemins moins élégants
que ceux qui me caractérisaient depuis mon enfance. Je ne voulais pas
perdre de temps ni perdre ma concentration, je devais quitter la maison si
je voulais continuer mes études sérieusement au collège”
Roger-Luc Chayer a donc fait son entrée au collège Marguerite-Bourgeois
en musique et par la suite, au collège Vincent dʼIndy. Avant même de finir
ses premières sessions de CEGEP, Roger-Luc passait des auditions au
Conservatoire de musique de Montréal et participait à tout ce qui existait
comme orchestre et qui nécessitait un cor. “Jʼaimais bien mes collèges
mais ça me coutait un bras en frais de scolarité. Pas de parents payeurs
et consacrant 100% mes prêts et bourses à mes frais de scolarité, jʼen ai
eu assez de manger du Kraft dinner, je devais absolument aller dans le
système public, gratuit, pour continuer”. Mais manque de peau, Roger-
Luc, malgré quatre auditions, nʼa jamais réussi à faire son entrée au
Conservatoire de Montréal. “Si jʼavais eu comme professeur privé un prof
du Conservatoire, jʼaurais probablement été accepté mais qui dit prof
privé dit fric pour le payer, je nʼavais tout simplement pas les moyens”.
En 1988, lors dʼun concert à Montréal, Roger-Luc Chayer avait été
parainné par le député André Boulerice et la célèbre animatrice télé
Marguerite Blais
Courrier des lecteurs
Bonjour. Je veux simplement vous remercier M. Chayer de dire la
VÉRITÉ concernant le SIDA. Je suis séro+ depuis longtemps et
découragé de voir comment on banalise le vih-sida et cela même
dans le millieu. Jʼai lu dans un magazine informatif pour pvvih quʼon
ne meurt plus du sida. Je crois que ces gens ne vivent pas sur la même
planète que moi, il y a au moins deux personnes que je connais qui
meurent chaque mois de complications suite au sida… La pensée
magique est très tendance… Je suis quand-même heureux de voir
quʼil y a encore des gens (comme vous) qui vivent dans la réalité et
qui dénoncent la fausse information. J.R. Mtl
NDLR: Cher J.R. Vous mʼavez démasqué. Vous avez remarqué
quelque chose de fondamental au Point, notre réelle vocation,
celle de mieux vous informer. Mieux avec un grand M! Je dois
en remercier mes amis Guy, Alain et Pascal pour leur motivation,
ils sont malheureusement tous morts depuis longtemps du SIDA
mais leur héritage subsiste comme vous le voyez. RLC
La musique classique a ceci de magique, cʼest quʼelle peut être
étudiée et pratiquée partout dans le monde et ne se limite pas à une mode
ni à un concept local. Dès la fin de sa seconde session à Vincent dʼIndy et
à la réception de sa bourse du Québec, le jeune Chayer est immédiatement
parti, le cor sous le bras et avec une seule petite valise, faire le tour de
lʼEurope pour se dénicher un petit conservatoire. Auditions à Bruxelles
(Belgique), à Paris et à Nice (sud de la France), il a été accepté partout.
“Jʼavais le choix mais il y avait un endroit qui mʼavait particulièrement
attiré à cause de la chaleur de lʼaccueil que jʼy avais reçu. Le
Conservatoire National de Nice et surtout celui qui allait devenir mon
futur prof de cor, mʼinspiraient beaucoup et les palmiers aidaient aussi!
Jʼai décidé de rester à Nice parce que le professeur avait non seulement
un talent absolument unique au monde à mon avis, il avait aussi le temps
de partager ce quʼil savait avec moi”.
En 1992, alors chef de lʼOrchestre Urbain de Montréal, Roger-Luc
Chayer avait invité le jeune prodige Jean-Alexandre Sarrazin à
venir faire quelques notes avec lʼorchestre.
Pas seulement une heure par semaine comme à Montréal ou à
Bruxelles, parce que la classe nʼétait pas à pleine capacité (le cor nʼest
pas un instrument aussi populaire que le piano ou la trompette, pardon
Véronique) M. Paul Warin pouvait me donner toutes les heures que je
voulais, à condition dʼêtre sérieux et de travailler lʼinstrument comme
un homme”.
Accepté comme étudiant au Conservatoire National de Nice, gratuitement
grâce aux accords passés entre le Général de Gaule et le Premier ministre
Lesage du Québec dans les années ʻ60, Roger-Luc Chayer avait donc
toutes les cartes en place pour réaliser ce quʼil souhaitait le plus au
monde, être un bon corniste.
Il remporte au fil des années à Nice les plus hautes distinctions musicales
du Conservatoire avec un Premier prix de musique de Chambre, un
Premier prix de cor et de nombreuses autres récompenses. Pendant
ses études, Roger-Luc Chayer participera à de nombreux orchestres
symphoniques dont celui du Conservatoire National de Nice, lʼOrchestre
philharmonique de Nice, lʼOrchestre de lʼOpéra de Nice, lʼOrchestre
régional de Cannes et celui du Capitole de Toulouse. “Jʼai eu la chance
dʼavoir un excellent professeur de cor dʼune part mais aussi dʼavoir en ce
professeur un père qui me donnait toujours, dès quʼil en avait lʼoccasion,
la chance de travailler avec lui et plus tard, seul, dans les orchestres
symphoniques locaux. Que demander de plus que de pouvoir mettre en
pratique de longues années dʼapprentissage et de pouvoir travailler assis
à côté de son idole classique?” raconte Roger-Luc, lʼair visiblement ému.
“Il me manque, ils me manquent tous”, dira plus tard Chayer en essuyant
une larme.
Pour redonner un peu à son conservatoire qui le commanditera pendant
des années avec une aide financière de la Fondation Kosma, Roger-
Luc Chayer a décidé, en 1992, de remettre à chaque année au meilleur
élève de la classe de cor de son ancien professeur Paul Warin un somme
dʼargent sous forme dʼune bourse qui porte son nom. La bourse Roger-
Luc Chayer versera au fil des ans lʼéquivalent du matériel musical à
être dépensé par lʼétudiant récipiendaire, voilà un acte dʼune grande
générosité quʼil voudrait bien voir se répéter par tous les autres Premiers
prix du Conservatoire de Nice. “Jʼai toujours apprécié ce quʼon me
donnait à Nice. Dʼabord un enseignement gratuit et une traitement
égal à tous les français, ce qui est dʼune grande générosité pour la
France qui doit ainsi aborber les frais de scolarité des québécois qui
étudient dans ses institutions scolaires et universitaires mais aussi
pour tous les tikets-repas du resto univesitaire et lʼhébergement en
résidence universitaire. On mʼa donné une richesse culturelle dʼune
gande valeur et je me suis toujours senti redevable de cette aide, même
si jamais on nʼaura soulevé la moindre question à ce sujet. Jʼai souhaité
redonner avec des sous pour aider les étudiants qui, comme moi,
pourraient avoir certaines limites financières, mais redonner signifie
aussi de jouer du cor et de diriger des orchestres symphoniques commnul autre, en disant haut et fort dʼoù vient cette si belle sonorité.
parcours exceptionnel!
Roger-Luc Chayer et
Francis Roussel, multi-
médaillé et détenteur
de plusieurs records du
monde en natation
En 1992, invité pour la
création de «Elektra» de
Strauss à LʼOrchestre
National du Capitole de
Toulouse
En 1984, pour payer ses
études en France, figu-
rant-soldat dans «Marie
Stuart», de Donizetti à
lʼOpéra de Nice
En 1985, figurant-reli-
gieuse dans «Le dialo-
gue des Carmélites» à
lʼOpéra de Nice
Conservatoire National de
Nice, France
En 1986, à Noël, devant
les yeux émerveillés de sa petite
nièce
En 1987, après avoir reçu
une bourse spéciale de la ministre
Lise Bacon du Québec, stage
auprès de Jean-Jacques Greffin,
trompette-solo à lʼOrchestre de
Marseille, France
Membre fondateur du Quin-
tette à vents portant son nom, il
organise une tournée de plus de
100 concerts gratuits au Québec et
procure un emploi à temps plein à
plus de 7 personnes
En 1992 et à la direction de
lʼOrchestre Urbain de Montréal,
en répétition avec la trompettiste
Véronique Lucignano dont on
peut entendre les oeuvres sur
le site www.le-national.com/
disquesatempo/Trumpet.htm
En 1991, Roger-Luc Chayer,
alors chef de lʼOrchestre des
Solistes méditerranéens de Nice,
organisait seul la présentation
de deux concerts symphoniques
dʼamitié France-Québec et
recevait lʼappui des maires Jean
Doré de Montréal et celui de Nice,
sans compter lʼappui du Consul
honoraire du Canada à Monaco
et de la Chambre de commerce
France-Canada. Après avoir vendu
à lui seul tous les billets pour les
deux concerts et avoir donné une
prestation spectaculaire, il est
revenu vivre à Montréal.
La discographie internationale
ne présente que très rarement
des oeuvres avec cor. Roger-
Luc Chayer est considéré
comme le corniste canadien le
plus prolifique avec plusieurs
enregistrements que lʼon peut
toujours entendre en visitant le site
de Disques A Tempo, son étiquette
sono, au www.le-national.com/
disquesatempo
Depuis 1993, Roger-Luc Chayer
a occupé les fonctions de
journalistes à RG, à la revue Le
Point et en est devenu lʼéditeur
depuis 2002.
“On mʼa confié dès le début
des dossiers très difficiles qui
impliquaient la gestion financière
de certaines organisations et jʼai
traité ces affaires avec la même
minutie qui mʼanime depuis mon
enfance. Jʼai été formé pour être
le meilleur et je fais mon travail
comme je le ferais si jʼétais chef
dʼun orchestre. Quand vous avez
100 musiciens à diriger et que le
public paie pour vous entendre, ce
même public est en droit dʼavoir le
meilleur de ce que vous pouvez lui
donner. Je nʼai jamais été tendre
comme journaliste, mais devant
lʼabsurdité, je deviens intolérant
et je lʼexprime bien je crois, les
lecteurs le savent depuis longtemps.
Jʼespère que jʼai contribué à mieux
faire connaître mes motivations
profondes et surtout, que le public
se souviendra dorénavant quʼavant
dʼêtre dans les médias, oui, jʼétais
sur les pochettes de cd”, conclut
notre chef dʼorchestre et éditeur.
Chiffres: Comme musicien et éditeur, R.
L. Chayer a généré plus de 2 Millions de
dollars en activités économiques diverses
et emplois au Canada et en France.