ESCORTES: BEAUCOUP D’ENFANTS!

Roger-Luc Chayer

Dans le cadre de l’enquête du Magazine Gay Globe portant sur les sites web et applications permettant la diffusion, la sollicitation et la publicité de services d’escortes au Canada, un fait troublant s’est manifesté. Un nombre impressionnant de jeunes garçons, âgés entre 12 et 17 ans, offrent leurs charmes moyennant rétribution, et ils le font sans se cacher la plupart du temps. Pour en savoir plus sur les dessous de ce milieu fort méconnu, j’ai rencontré un jeune homme de Montréal (qui tient évidemment à garder l’anonymat), aujourd’hui âgé de 25 ans et qui a fait ce métier pendant 4 ans entre les âges de 17 et de 21 ans. Pour les besoins de cet article, nous le nommerons Sébastien.

Tout a commencé avec une simple conversation téléphonique, qui s’est vite transformée en entrevue de fond tellement Sébastien en avait beaucoup à dire sur le sujet. Je l’ai donc rencontré le 26 mai dernier dans un endroit calme, afin de permettre d’aborder des questions très sensibles et personnelles.

Sébastien est direct quant à la question de l’âge de certains garçons. «Beaucoup commencent parce qu’ils sont attirés par la vitesse à laquelle l’argent entre. Parfois c’est parce qu’ils sont mal pris, dans la rue, ou qu’ils sont maltraités par leurs parents, mais beaucoup le font pour l’appât du gain. Ils s’achètent les derniers vêtements à la mode, le cellulaire du jour et ils le dépensent aussi vite qu’ils le gagnent». Quand je lui ai manifesté ma surprise de voir autant d’enfants sur les sites de rencontres, qui se déclarent âgés de 18 à 20 ans sur leur profil public mais qui, en privé, admettent avoir entre 12 et 17 ans, sans la moindre gêne, Sébastien a une position intéressante sur ce problème. «Les gens s’insurgent sur le

fait que des jeunes garçons font de l’escorte sur les réseaux sociaux, mais il faut bien comprendre que c’est parce qu’il y a une demande que ça se passe. S’il n’y avait pas de vieux pervers qui tentent toujours d’offrir de l’argent à des garçons de plus en plus jeunes, il n’y aurait juste pas d’intérêt pour les jeunes de se rendre disponibles pour du sexe».

Le constat fait par notre enquête soulève aussi une question de sécurité pour des enfants potentiellement vulnérables qui ne savent pas toujours à quel point ce métier est périlleux. Sébastien fait une grande distinction entre la prostitution et l’escorte, considérant que cette dernière activité est plus respectable puisque ce sont les clients qui abordent les escortes alors qu’en général, les prostitués sont sur la rue et offrent leurs services.

Selon lui, il est important de respecter quelques règles élémentaires de sécurité si un jeune souhaite survivre à cette profession. D’abord, avant d’aller chez un client ou de recevoir quelqu’un chez soi, toujours s’assurer d’envoyer un courriel ou un texto à une personne fiable qui connaît son activité et transmettre l’adresse de la personne ou son numéro de téléphone. En entrant chez un client, toujours mentionner que quelqu’un vous attend ailleurs. N’acceptez jamais de faire des choses qui dépassent vos envies ou votre tolérance. Sébastien sait de quoi il parle, il a cessé de faire ce métier après avoir été victime d’une quasi-tentative de meurtre d’un client qui l’a violé. Quant à la tolérance des sites malgré le code criminel, c’est simple, tout est une question de sous. Une escorte qui veut avoir accès facilement et 24h par jour à un site comme Gay411 doit payer un abonnement, c’est donc rentable pour Gay411!