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Le Tatoué est un film comique franco-italien réalisé par Denys de La Patellière, sorti en 1968.
Lors d’une visite chez Dubois, modeste peintre en art naïf, chez qui il achète de grandes quantités de toiles de petite valeur, le marchand d’art Félicien Mézeray fait la rencontre de Legrain, un ancien légionnaire venu se faire portraiturer, qui porte sur le dos un tatouage réalisé par le célèbre peintre Amedeo Modigliani. Mézeray fait aussitôt d’extravagantes propositions pour acheter son tatouage à Legrain, qui refuse net, et va même jusqu’à le suivre chez lui, dans son petit pavillon de Saint-Ouen. Le vieil homme continuant de l’éconduire, Mézeray laisse sa carte de visite et lui propose une offre de 20 millions de francs.
De retour chez lui, Félicien Mézeray, persuadé qu’il arrivera à ses fins, aborde déjà la vente de l’œuvre avec deux acheteurs américains, Smith et Larsen, sans avoir encore convaincu le récalcitrant légionnaire. Avant même de parler du prix de vente du tatouage, il parvient à leur vendre pour 180 millions un lot de peintures sans intérêt dont il veut se débarrasser, en menaçant de céder le Modigliani à un de leurs concurrents. Ils se rendent ensuite chez le légionnaire, qui les accueille avec fracas, mais consent à leur montrer son tatouage un instant, et leur en raconte l’origine : le soir du « Défilé de la Victoire », premier défilé du 14 juillet d’après la Grande Guerre, « il était deux heures du matin, je suis entré au café du Dôme à Montparnasse, il régnait comme une démence. Alors y’a un type qui s’est approché de moi et qui m’a dit « je veux te tatouer une femme dans le dos », et je me suis couché sur le billard. Et ça n’est que vingt ans plus tard que j’ai appris que c’était Modigliani et que j’étais devenu un chef-d’œuvre ! » ; la valeur de l’œuvre n’avait néanmoins aucune importance pour lui et il continua à servir la Légion. Bien qu’il n’ait toujours pas l’accord de Legrain, Mézeray revoit plus tard chez lui Smith et Larsen pour négocier la vente de l’œuvre, en présence de son exubérante épouse. Il explique que le tatoué devra subir une opération d’exérèse de sa peau pour prélever le Modigliani. Le prix du tatouage est fixé à 500 millions, Mézeray devant présenter aux Américains la signature écrite de Legrain pour le lendemain à vingt heures, sous peine de devoir rendre les 180 millions déjà donnés pour les tableaux invendables. Le soir, l’épouse de Mézeray s’inquiète de cette affaire qui a été négociée sans même que le vieil homme n’ait donné son aval, mais Mézeray n’en a que faire, et pense plutôt à sa future richesse et son élévation sociale.
Le jour suivant, dans le pavillon de Legrain, Mézeray fait face à l’intraitable légionnaire, qui refuse des propositions allant jusqu’à cinquante millions pour son tatouage. Legrain lui dit ne pas être intéressé par l’argent, ne subsistant convenablement qu’avec sa retraite de légionnaire, et lui explique avoir même une propriété à la campagne. Apprenant cela, Mézeray lui propose de la rénover à ses frais en échange de son accord au sujet du Modigliani. Legrain accepte, mais déclare qu’il ne signera cet accord que lorsque les travaux seront commencés. Enthousiaste et pressé d’avoir la signature, le marchand d’art réclame d’aller voir immédiatement la maison de campagne. Tous deux partent donc aussitôt dans la voiture d’avant-guerre du légionnaire, entamant un long périple, au rythme très lent. Étonné par la longueur du voyage, lui qui croyait avoir affaire à une petite maison dans la proche banlieue parisienne, Mézeray apprend finalement de Legrain que sa propriété se situe dans le Périgord noir, et qu’il doivent encore passer une nuit sous la tente avant d’arriver.
Le lendemain, Legrain et Mézeray arrivent aux abords d’un château médiéval en ruines. Au départ ravi d’avoir fait le détour pour voir ces vestiges, et pressé d’enfin arriver à la maison de campagne de Legrain, le marchand d’art déchante rapidement lorsque Legrain lui déclare que cette ruine est la propriété en question. Alors qu’il pensait pouvoir acquérir le Modigliani pour une bouchée de pain en échange de la remise en état d’une petite maison de banlieue, Mézeray se retrouve face à un château en ruines, dans lequel Legrain veut installer tous les équipements modernes et qu’il désire voir rebâti selon les méthodes anciennes des bâtisseurs de cathédrales, ce qui coûtera des millions. Il apprend que le légionnaire Legrain est en réalité un comte désargenté, dernier de la lignée des Montignac, dont ce château est la demeure ancestrale depuis le XIe siècle. Acculé, ayant signé pour la rénovation de la « maison de campagne » et devant impérativement signer le contrat pour le tatouage, Mézeray se précipite au village de Montignac pour trouver un entrepreneur qui lancera sur le champ les travaux. Moyennant une belle avance, l’entrepreneur Pellot accepte de venir visiter le château : il ne peut commencer immédiatement les travaux mais s’engage à les commencer dès le lendemain matin. Ne pouvant avoir la signature de Legrain avant le début du chantier, Mézeray est donc contraint de passer la nuit au château, en compagnie du légionnaire.
Au cours de cette soirée, Mézeray en apprend plus sur ce curieux personnage. Né en 1896, Enguerrand de Montignac s’est engagé dans la légion étrangère en 1914, sous le nom de légionnaire de « Legrain », du nom de la bonne qu’avait épousée son père, exprès pour agacer ce dernier. La faillite de son père le décida de ne plus jamais dépendre de l’argent et de rejoindre l’armée. Son pavillon de Saint-Ouen lui a par ailleurs été légué par cette bonne. Vivant en misanthrope, Legrain ne semble avoir pour seul ami que « son » rat, Platon, qui traîne dans le château. Dans la nuit, alors qu’ils dorment ensemble dans le seul lit du château, Mézeray et Legrain sont réveillés par les bruits de pilleurs, qui visitent régulièrement le château. Possédant des armes et des explosifs, le comte confie à Mézeray une mitraillette et tous deux poursuivent les trois pilleurs en leur tirant dessus, une équipée que Mézeray trouve très amusante. Montignac fait exploser la voiture des voleurs à la grenade. Les pillards sont repoussés dans les oubliettes du château, dans le bassin du cul-de-basse-fosse plein d’eau croupie.
Au petit matin, Mézeray est réveillé au son du clairon par Montignac, et effectue tant bien que mal le rituel matinal du lever de drapeau. Exaspéré par le manque d’aptitudes militaires de Mézeray, l’ancien légionnaire le contraint à faire des mouvements et autres exercices, alors que celui-ci ne demande qu’à déjeuner. Legrain finit par mettre Mézeray en tenue de campagne pour lui enseigner le maniement des armes et le combat. Pellot et ses ouvriers arrivent au château et rencontrent un Mézeray en uniforme excédé par les ordres du légionnaire. Il pousse les ouvriers à rapidement commencer leur œuvre, les menaçant de son fusil. Les travaux étant enfin considérés comme commencés, le comte accepte de signer la vente du tatouage. Deux gendarmes de Montignac arrivent alors, enquêtant sur les bruits de fusillades entendus près du château dans la nuit. Après que le comte a tenté de leur cacher ses agissements nocturnes, les brigadiers libèrent les pillards emprisonnés dans le cul-de-basse-fosse et les embarquent.
Mézeray et le comte signent finalement leur accord mais, n’ayant pas été informé que le tatouage devra être prélevé de son vivant par une opération chirurgicale, il croit que l’œuvre sera récupérée à sa mort et prévient qu’il faudrait attendre encore beaucoup de temps, ayant notamment eu deux grand-pères centenaires. Pressé d’obtenir la signature après toute cette attente, le marchand d’art omet volontairement ce point crucial et, l’accord signé, se précipite au village. Le ton évasif de Mézeray à propos du prélèvement du tatouage intrigue Legrain. Persuadé qu’il trame quelque chose dans son dos, le comte suit son périple en vélo au loin depuis les remparts avec ses jumelles, et le surprend dans une discussion avec Pellot, à qui il passe une liasse de billets. Quand, un moment après, il esquive de peu une chute de pierres du plafond causée par un ouvrier, le comte imagine que Mézeray a payé l’entrepreneur pour organiser un accident criminel, afin de s’emparer tout de suite du Modigliani. Furieux, le comte s’arme d’un pistolet et s’empresse de rattraper Mézeray à bord de son tacot. Confus, celui-ci est ramené au château et les deux « complices » sont sommés de s’expliquer : Pellot avoue que Mézeray l’a seulement payé pour bâcler les travaux. Bien que Mézeray n’ait pas voulu le tuer, le comte est remonté par cette révélation et se venge en lançant une grenade qui détruit un pan de mur, pour ajouter aux frais de reconstruction. Mézeray s’en fiche et repart en volant la camionnette de Pellot pour rallier au plus vite Paris. En route, Mézeray aperçoit un hélicoptère d’épandage en vol et l’interpelle pour le faire descendre, puis soudoie le pilote pour qu’il l’amène à Paris. Enfin de retour chez lui, il accueille Smith et Larsen et leur présente l’accord signé d’Enguerrand Louis Marie de Montignac, en expliquant avec difficulté qu’il s’agit du nom véritable de Legrain. Larsen remarque que l’accord ne stipule nullement que Legrain accepte l’opération de prélèvement, et accuse Mézeray de vouloir les rouler.
Pour vérifier que l’accord présenté par Mézeray n’est pas un faux, Smith et Larsen font appel à des détectives qui partent dans le Périgord pour rencontrer le comte. Au château de Montignac, où les travaux vont bon train, Legrain scrute l’arrivée de ces hommes suspects et, les voyant se munir d’armes, les prend pour des tueurs envoyés par Mézeray pour tenter une fois de plus de l’abattre. Les deux détectives se faisant passer pour des émissaires du ministère des Affaires culturelles venant visiter le château en raison de sa restauration, le comte leur propose de commencer la visite guidée par le souterrain, et les conduit dans son cul-de-basse-fosse, puis décide de partir pour Paris pour s’expliquer avec Mézeray. Alors qu’il s’apprête à partir, un réalisateur de télévision se présente à lui en expliquant que son émission Chefs-d’œuvre en péril, liée au ministère des Affaires culturelles, veut faire un reportage sur le château ; Montignac le prend pour un autre tueur à gage, recommence son numéro de guide et le jette lui aussi dans ses oubliettes. Après avoir prévenu la gendarmerie de sa nouvelle prise, le comte part pour la capitale, bien décidé à pourfendre le traître marchand d’art. Il fait une entrée tonitruante chez Mézeray, alors que ses enfants donnaient une surprise-partie, et, son sabre à la main, menace de se venger de sa tentative d’assassinat. Mézeray lui explique qu’il n’a pas besoin de le tuer puisqu’il suffit d’une opération chirurgicale pour prélever son tatouage, mais l’ancien légionnaire s’oppose catégoriquement à cela.
Un temps après, ayant reçu l’autorisation du musée de Boston d’acheter le tatouage pour deux millions de dollars, Larsen et Smith réactivent l’affaire en proposant à Legrain de traiter directement avec eux, arguant que leur proposition vaut le triple de la somme avancée par Mézeray. Affirmant ne pas être vénal, Legrain refuse cette offre faramineuse, qu’il juge offensante, de même que de négliger Mézeray, lui ayant donné sa parole d’honneur et sa signature. Face à son insistance et pour ne pas perdre les 180 millions qu’ils ont déjà investis par avance dans les croûtes invendables de Mézeray, les acheteurs américains concrétisent donc l’affaire avec le marchand d’art. Il est finalement conclu que le tatouage sera donc vendu en viager, prélevé à la mort du comte-légionnaire.
Une visite médicale étant au préalable nécessaire afin de se prémunir contre toute détérioration de l’œuvre, le comte de Montignac passe un examen chez un éminent dermatologue, qui évalue que sa peau est en parfait état. Toutefois, face à un excès de cellulite qui pourrait déformer le tatouage, le dermatologue préconise de faire un régime, ce à quoi le comte s’oppose farouchement, ou bien du sport. Alors que Mézeray juge le vieil homme incapable de faire du sport, celui-ci se défend et lance même le défi au marchand d’art d’en faire avec lui. Tous deux se lancent donc dans des activités physiques, pratiquant le judo, la boxe, puis le patinage, ce qui les rapproche. Cependant, le soir, ils dînent copieusement dans un restaurant, suivant les goûts de bon vivant du comte. Là, Mézeray, d’habitude homme pressé et uniquement occupé par l’argent, prend goût à la bonne chère et la vie libre prônée par le truculent légionnaire. Ce dernier le met même au défi de le rejoindre au château pour trois semaines, le pensant incapable d’abandonner ses affaires et son épouse. Le lendemain, à l’aéroport d’Orly, Mézeray fait croire à son épouse qu’il part pour un prétendu voyage d’affaires à New York mais, en réalité, il ne prend pas le vol, même s’il a laissé ses bagages dans l’avion. Le comte l’attend dans son tacot devant Orly, et tous deux partent pour la Dordogne, où Mézeray compte bien profiter d’une nouvelle vie, loin de son entreprise et son envahissante épouse. Il espère bien s’amuser, par exemple en emprisonnant quelques pilleurs de châteaux.
Quelque temps plus tard, alors que les travaux du château de Montignac se poursuivent, supervisés par le comte et Mézeray, devenus de grands amis, ils reçoivent la visite d’une imposante délégation comprenant le ministre des Affaires culturelles et le préfet. Sous l’œil amusé de son ami, qu’il présente comme l’honorable mécène de cette restauration, le comte de Montignac s’engage à leur présenter son château, commençant inévitablement par la visite des « fondations qui sont romanes et du plus grand intérêt sur le plan archéologique »…
Génial Gay Globe, merci.