François Hollande

François Hollande, né le 12 août 1954 à Rouen, est un homme d’État français. Il est le 24e et actuel président de la République française.

Premier secrétaire du Parti socialiste de 1997 à 2008, pendant la troisième cohabitation, puis dans l’opposition, maire de Tulle de 2001 à 2008, il est député de la première circonscription de la Corrèze de 1988 à 1993 et de nouveau de 1997 à 2012, et il préside le conseil général de la Corrèze de 2008 à 2012.

Désigné candidat du PS et du PRG à l’élection présidentielle de 2012 à l’issue d’une primaire, il arrive en tête du premier tour le 22 avril 2012 et emporte le second tour, deux semaines plus tard, avec 51,64 % des voix, face au président sortant, Nicolas Sarkozy.

Il devient le 7e président de la Cinquième République lors de son investiture, au palais de l’Élysée le 15 mai 2012.

Sommaire

Famille et vie privée

Article détaillé : Famille de François Hollande.

François Gérard Georges Nicolas Hollande est le fils cadet1 du docteur Georges Gustave Hollande, né le 9 mai 1923 à Cognac, médecin ORL, candidat malchanceux sur une liste d’extrême droite aux élections municipales de Rouen en 1959 et de Bois-Guillaume en 19652. Sa mère, Nicole Frédérique Marguerite Tribert, catholique de gauche2,3 née le 7 septembre 1927 à Vigneux-sur-Seine et décédée le 8 mars 2009 à Cannes4, était assistante sociale. Cette dernière figurait en 2008 sur la liste du Parti socialiste pour l’élection municipale de la ville de Cannes5.

À la fin des années 1970, il fait la connaissance de Ségolène Royal, également de la promotion Voltaire, lors d’une soirée de l’ENA. Il se lie avec elle au cours d’un stage effectué dans une cité HLM de banlieue, « La Noé », à Chanteloup-les-Vignes6. Le couple Royal-Hollande forme une union libre et a quatre enfants : Thomas (1984), qui est avocat, Clémence (1986), interne en médecine, Julien (1987), cinéaste, et Flora (1992), étudiante en psychologie7.

Leur séparation est annoncée au soir du second tour des élections législatives de 20078. Il officialise en 2010 sa relation avec la journaliste Valérie Trierweiler, née Massonneau9,10, qui était sa compagne depuis le milieu des années 200011,12,13,14 ; cette relation était restée cachée lors de la campagne de Ségolène Royal15,16.

Études

Il passe son enfance à Rouen puis, à partir de 1958, à Bois-Guillaume17, ville résidentielle sur les hauteurs de Rouen dans un quartier aisé, où il est élève au pensionnat Jean-Baptiste-de-La-Salle de Rouen. Au premier trimestre 1968, son père, favorable à l’Algérie française18 et mal vu du fait de sa proximité avec Jean-Louis Tixier-Vignancour et l’OAS19, vend sa clinique, ses appartements du Clos du Hamel, la maison de Bois-Guillaume et déménage avec sa famille à Neuilly-sur-Seine, où il se lance dans l’immobilier2. Élève au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, François Hollande poursuit ses études dans une université de Paris, où il obtient une licence en droit20, puis à HEC Paris21 et à l’Institut d’études politiques de Paris22 (promotion 1974, diplôme section Service public), où il milite à l’UNEF-Renouveau, proche du Parti communiste français2. En 1980, il sort de l’ENAn 1 dans la promotion Voltaire18 où il rencontre Ségolène Royal.

En 1976, il est réformé du service militaire à cause de sa myopie lors de ses « trois jours » au fort de Vincennes, mais obtient l’annulation de cette décision. Lors de ses classes en tant qu’élève-officier de réserve à Coëtquidan en janvier 1977, il est dans la même chambrée que Jean-Pierre Jouyet, Michel Sapin, Henri de Castries et Jean-Michel Lambert, puis il rejoint l’École d’application du génie (EAG) à Angers avant d’être affecté au 71e régiment du Génie à Oissel6,28. François Hollande est lieutenant colonel de réserve.

Carrière politique

1974-1997 : débuts

En 1974, il préside la section de l’UNEF à l’Institut d’études politiques de Paris. Il entre à HEC Paris, et y préside le comité de soutien à la candidature de François Mitterrand29. Il adhère au Parti socialiste en 197930. Sorti 7e de l’ENA en 1980, il choisit d’être auditeur à la Cour des comptes20. Il est également, à cette époque, maître de conférences à l’IEP de Paris, où il donne des cours d’économie aux étudiants de troisième année jusqu’en 199131.

En 1981, à la suite de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, François Hollande devient chargé de mission (toujours à propos d’économie) pour l’Élysée, à l’époque où le nouveau pouvoir entame sa politique de relance par la demande (relance keynésienne) et de nationalisations. Lors des élections législatives de juin 1981, François Hollande est désigné comme candidat socialiste contre Jacques Chirac dans la troisième circonscription de la Corrèze, après le refus de Jacques Delors. Durant la campagne, il se rend à un meeting de son concurrent, à Neuvic, et l’interpelle sur le fait qu’il n’a pas répondu à sa demande écrite de débat. Avec 26 % des voix, contre 23 % au candidat communiste, il lui manque 350 voix pour mettre en ballottage Jacques Chirac, qui l’emporte dès le premier tour32.

De 1983 à 1984, il est le directeur de cabinet des deux porte-parole successifs du troisième gouvernement de Pierre Mauroy : Max Gallo et Roland Dumas. Il participe alors à une manipulation politique : à l’instigation de François Mitterrand, Jacques Attali demande à l’éditeur Fayard de publier un pamphlet contre la droite. La tâche est confiée au journaliste André Bercoff, qui publie un livre nommé De la reconquête, sous le pseudonyme de « Caton », un soi-disant dirigeant de la droite. François Hollande apportera à André Bercoff des éléments chiffrés pour la rédaction du livre, et se verra confier, par le journaliste lui-même, la promotion du livre. Dans différentes interviews, François Hollande se fait alors passer pour Caton, le faux dirigeant de la droite33. La même année, il échoue aux élections municipales, mais devient conseiller municipal d’Ussel (en Corrèze). En 1984, il devient conseiller référendaire à la Cour des comptes20. En 1986, Claude Allègre l’enrôle dans l’équipe d’experts dont s’entoure Lionel Jospin après la défaite du Parti Socialiste aux élections législatives de 198634. Aux élections législatives de 1988, qui font suite à la réélection de François Mitterrand, il se présente une nouvelle fois en Corrèze, mais change de circonscription. Avec près de 53 % des suffrages exprimés, il est élu député de la première circonscription de la Corrèze. À l’Assemblée nationale, il devient secrétaire de la Commission des finances et du Plan et rapporteur du budget de la Défense20.

Au Parti socialiste, il lance, avec Jean-Yves Le Drian, Jean-Pierre Mignard et Jean-Michel Gaillard les « transcourants », rebaptisés ultérieurement « Démocratie 2000 »20.

De 1988 à 1991, il enseigne l’économie en 3e année de l’Institut d’études politiques de Paris20. François Hollande quitte Ussel en 1989, où il est conseiller municipal d’opposition depuis six ans, pour se présenter à Tulle. Il devient adjoint au maire de la ville, le communiste Jean Combasteil. L’année suivante, il soutient la motion MauroyMermazJospin au congrès de Rennes20. En 1993, il perd son mandat de député en étant battu par Raymond-Max Aubert (RPR) ; il reconnaîtra avoir délaissé ses électeurs pour ses activités nationales35. Il prend ensuite la présidence du club « Témoin » de Jacques Delors, qu’il conserve jusqu’en 1997. Lors des élections municipales de 1995, la gauche perd Tulle, et Raymond-Max Aubert en devient le maire. Magistrat de la Cour des comptes, François Hollande dispose d’une équivalence (CAPA) lui permettant d’exercer la profession d’avocat : il travaille pendant quelques mois dans le cabinet de son ami Jean-Pierre Mignard20.

Président du Conseil national consultatif des personnes handicapées en décembre 199220, il devient secrétaire national du Parti socialiste chargé des questions économiques en novembre 1994. En 1995, après la renonciation de Jacques Delors, dont il soutenait la candidature à l’élection présidentielle, il se rapproche de Lionel Jospin, qui fait de lui un des porte-parole de sa campagne présidentielle. Après sa défaite face à Jacques Chirac, Lionel Jospin nomme François Hollande, en octobre 1995, porte-parole du PS20. Selon Serge Raffy, le premier secrétaire du PS cherche alors un homme qui « apaise, apporte sérénité et concorde » pour sortir des conflits suscités par la succession de François Mitterrand36.

1997-2008 : premier secrétaire du Parti socialiste

François Hollande et Ségolène Royal, lors de la campagne présidentielle de 2007.

En 1997, après la victoire de la gauche plurielle aux élections législatives, François Hollande retrouve son siège de député (avec 54,52 % des suffrages exprimés au deuxième tour face à Raymond-Max Aubert), et Lionel Jospin est nommé Premier ministre. Ce dernier le choisit pour lui succéder au poste de premier secrétaire du parti, en novembre 1997. Il est élu contre Jean-Luc Mélenchon lors du Congrès de Brest. À ce poste, il conseille notamment à Lionel Jospin de ne pas réformer le système de retraites avant l’échéance présidentielle de 200237.

Lors des élections européennes de 1999, François Hollande mène la liste PS/PRG/MDC, qui arrive en tête avec 21,95 % des suffrages devant la liste RPF menée par Charles Pasqua et Philippe de Villiers (13,05 %) et la liste RPR/DL menée par Nicolas Sarkozy (12,82 %). Il siège au Parlement européen jusqu’au 17 décembre 1999, date à laquelle il renonce à son mandat38. Il devient cette même année vice-président de l’Internationale socialiste.

En 2001, il est élu maire de Tulle par le nouveau conseil municipal, la liste qu’il conduisait l’ayant emporté avec 53,1 % des voix au premier tour des élections municipales39. À ce poste, il lance notamment une politique du sport qui a permis l’amélioration des équipements sportifs existants et la création d’équipements nouveaux : ainsi, la réhabilitation en 2002 d’infrastructures de la ville tels que le gymnase Victor Hugo ou la plaine de jeux, l’ouverture d’un centre aquarécréatif et d’un boulodrome couvert en 2003, la création d’un skatepark en octobre 2002 et la réhabilitation du Centre culturel et sportif l’année suivante illustrent la volonté de la nouvelle municipalité de promouvoir l’activité sportive. En 2008, Tulle est candidate au challenge de la ville la plus sportive de France40. Le 24 juin, elle est désignée première ex-aequo avec Tignes41.

Après le retrait de Lionel Jospin de la vie politique à la suite de son échec à la présidentielle le 21 avril 2002, François Hollande est réélu député le 16 juin 2002, avec 52,92 % des suffrages exprimés au second tour42.

Lors de la campagne des élections régionales et cantonales de 2004, il fait un tour de France des régions alors que, des personnalités socialistes de premier plan, seule Ségolène Royal s’est engagée dans la lutte dans le Poitou-Charentes34. Le Parti socialiste remporte 24 des 26 régions françaises et les deux tiers des cantons renouvelables (51 des 100 départements ont ainsi un président de gauche), à un moment où la popularité du 2e gouvernement Raffarin est au plus bas. En juin suivant, le PS obtient 28,9 % des suffrages aux élections européennes, un record pour ce scrutin. Toujours en 2004, il prend position pour le « oui » à la Constitution européenne et s’oppose ainsi au numéro deux du parti, Laurent Fabius. Contrairement à ce qu’il avait promis à ce dernier43, il décide d’organiser un référendum interne au PS sur la question : le 1er décembre, les militants votent « oui » à 59 %. Il remplace alors plusieurs des partisans du « non » au Secrétariat national par des promoteurs du « oui », dont un certain nombre de ministres de Lionel Jospin : Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn, Jack Lang, etc. Il sort finalement affaibli du référendum du 29 mai 2005, où la majorité des Français, et des sympathisants socialistes selon les sondages, ont voté « non ». Le PS est, dès lors, vu par les médias comme durablement divisé entre partisans du « oui » et partisans du « non », emmenés par Laurent Fabius, à qui François Hollande retire son poste de numéro deux du parti.

Au congrès du Mans de 2005, la motion dont il est le premier signataire (aux côtés de Martine Aubry, Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal, Julien Dray et Bertrand Delanoë) obtient 53,6 % des suffrages exprimés lors du vote des militants, une majorité moins confortable que celles obtenues précédemment (84 % en 1997, 73 % en 2000, 61 % en 2003). Voulant mettre fin à un an de discussions et de querelles, François Hollande choisit de proposer une synthèse aux courants minoritaires, qui l’acceptent. Le 24 novembre 2005, seul candidat, il est réélu premier secrétaire du PS, avec 76,96 %. Il est alors considéré par ses détracteurs comme l’homme de la « synthèse molle », « fuyant l’affrontement pour au final ne rien décider »44,45. En 2006, devant la montée des intentions de vote en faveur de sa compagne Ségolène Royal, il renonce à se présenter à l’élection présidentielle de 200746, pour laquelle il a contribué à l’élaboration du programme socialiste47. Après avoir gagné la primaire organisée par le PS, Ségolène Royal est finalement battue par Nicolas Sarkozy au second tour de l’élection présidentielle. Le 17 juin 2007, François Hollande est réélu député de la première circonscription de la Corrèze au second tour, avec 60,25 % des suffrages exprimés48. D’après un classement effectué en 2010 par lesinfos.com, conduit par Bernard de La Villardière, il occupe la 411e place des députés les plus actifs49.

La liste qu’il conduit l’emporte à l’élection municipale de Tulle en 2008, au premier tour, avec 72,2 % des suffrages exprimés, contre la liste de droite50. En application de la loi sur le non-cumul des mandats, il démissionne de son mandat de conseiller municipal de Tulle, l’un de ses proches, Bernard Combes, lui succédant en tant que maire. Dans le même temps, il est élu conseiller général de la Corrèze dans le canton de Vigeois, au premier tour, le 10 mars 2008, avec 54,8 % des suffrages exprimés, face au candidat UMP, le maire de Vigeois Albert Chassaing. Il succède le 20 mars suivant à Jean-Pierre Dupont à la présidence du conseil général de la Corrèze, détenue par la droite depuis 1970, date à laquelle Jacques Chirac avait été élu comme successeur d’Élie Rouby, mort quelques jours avant les élections cantonales. À ce poste, il lance notamment l’opération « ordicollège » (financement d’ordinateurs portables pour tous les élèves et enseignants de la 5e à la 3e à partir de 2008, à quoi s’ajoutent en 2010 des iPad en 6e)51. Sa gestion des finances du département, entre 2008 et 2012, est parfois critiquée par ses opposants52,53 ; en réponse à cette accusation, la porte-parole de campagne de François Hollande, Delphine Batho, souligne que la droite, qui était à la tête du département entre 2001 et 2008, aurait cumulé une dette de 300 millions d’euros54.

Le 26 novembre 2008, à la suite du congrès de Reims, Martine Aubry lui succède au poste de premier secrétaire du Parti socialiste. Il n’était pas candidat à sa propre succession, mais avait soutenu la candidature de Bertrand Delanoë43.

2011-2012 : élection présidentielle

Primaire socialiste

Logo utilisé par François Hollande dans le cadre de la primaire socialiste.

Dans les mois qui suivent son départ de la direction du Parti socialiste, François Hollande travaille à la préparation d’un projet autour de trois grands axes : la production, la fiscalité et l’éducation ; pour ce faire, il lance notamment l’association « Répondre à gauche » animé par Stéphane Le Foll en 2009 puis l’association « Démocratie 2012 » animé par Dominique Villemot et Jean-Marie Cambacérès en 2010. À partir de 2010, les sondages indiquent une progression des intentions de vote en sa faveur en vue de la primaire présidentielle socialiste de 201155. Ayant conditionné sa candidature à sa reconduction à la présidence du conseil général de la Corrèze56, il se déclare officiellement candidat à la primaire à Tulle, quelques heures après sa réélection, le 31 mars 201157.

Dans le cadre de la pré-campagne de la primaire socialiste, François Hollande apparaît comme le principal rival de Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI et alors favori des sondages. Les médias le présentent donc comme l’« anti-DSK », du fait de sa volonté de devenir un « président normal »58,59. Dominique Strauss-Kahn est accusé d’agression sexuelle et arrêté à New York le 14 mai 2011, ce qui empêche son retour en France avant la clôture des candidatures à la primaire.

François Hollande, qui était distancé de plus de 20 points dans les sondages par Dominique Strauss-Kahn au premier tour de la primaire, est, dès lors, considéré comme le favori. Mais il doit faire face à la montée de Martine Aubry dans les enquêtes d’opinion à la suite de l’annonce de la candidature de cette dernière, le 28 juin 2011. À partir de la mi-juillet, François Hollande est de nouveau en tête60. Durant la campagne, il est notamment critiqué pour son bilan à la tête du Parti socialiste et à son manque d’expérience ministérielle61.

En mai 2010, il avait qualifié, conformément au projet socialiste, d’« illusion » un retour du déficit public à 3 % du PIB en 2013, « sauf à augmenter drastiquement les impôts »62,63,64,65. Toutefois, face à la crise de la dette dans la zone euro, il s’engage, dans un entretien accordé au Monde le 16 juillet 2011, à réaliser cet objectif, jugeant que « nous ne pouvons pas laisser gonfler la dette publique au risque de faire de la charge de nos intérêts le premier budget du pays, ce qui altèrerait toutes nos marges de manœuvre »66. De même, il défend un retour à l’équilibre des comptes publics en 2017 et, bien que refusant l’inscription de la « règle d’or » sur les déficits dans la Constitution, propose une « loi de programmation » sur la réduction des déficits67. Il déclare que « le candidat qui annonce qu’il n’y aura pas d’effort supplémentaire après 2012 sera un président qui se parjurera »68. Il appelle par ailleurs à « une réforme fiscale ample consistant à imposer le même barème à tous les revenus, ceux du travail comme ceux du capital », supprimant « les niches fiscales et les mesures dérogatoires » et fusionnant « l’impôt sur le revenu et la CSG ».

En septembre 2011, sa proposition d’abandonner la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et de recréer 60 000 à 70 000 postes dans l’Éducation nationale, soit environ 12 000 postes par an pendant cinq ans, pour un coût annuel de 500 millions d’euros, est critiquée à droite et à l’extrême droite, et par sa concurrente Martine Aubry69. L’autre mesure phare qu’il défend durant la campagne des primaires, le « contrat de génération », qui prévoit des dispenses de charges sociales pour les entreprises embauchant un jeune tout un gardant un senior, fait également l’objet de critiques, tant à droite que par Martine Aubry, pour son coût — estimé à huit milliards d’euros par an par l’Institut de l’entreprise70 — et pour sa supposée inefficacité dans les pays l’ayant mise en œuvre. Pour ces deux mesures, François Hollande indique que le financement se fait par redéploiement de crédits (« autant de dépenses supplémentaires que d’économies »)71.

Au soir du premier tour de la primaire, le 9 octobre 2011, François Hollande réalise un score de 39,17 % des voix, se qualifiant ainsi pour le second tour avec Martine Aubry (30,42 %). Entre les deux tours, les quatre candidats éliminés au premier tour, Manuel Valls (5,63 %), Jean-Michel Baylet (0,64 %), Ségolène Royal (6,95 %) et Arnaud Montebourg (17,19 %) apportent leur soutien à François Hollande. Le 16 octobre 2011, il l’emporte avec 56,57 % des suffrages, et devient ainsi le candidat du Parti socialiste et du Parti radical de gauche pour l’élection présidentielle de 201272. Lors de son premier discours consécutif à sa désignation, il appelle à un grand rassemblement et affirme : « C’est le rêve français que je veux réenchanter, celui qui a permis à des générations, durant toute la République, de croire à l’égalité et au progrès »73.

Campagne présidentielle

Logotype utilisé par François Hollande dans le cadre de sa campagne.

Sa campagne est organisée par Pierre Moscovici et Stéphane Le Foll, assistés des préfets Nacer Meddah et Chantal Jourdan74, et adjoints de Michel Sapin pour la préparation du projet présidentiel et Manuel Valls à la tête d’un pôle de communication de quatre porte-parole75. Le début de sa campagne est marquée par les difficultés entourant l’élaboration de l’accord programmatique et électoral entre le Parti socialiste et Europe Écologie Les Verts en vue de 2012, notamment en ce qui concerne une éventuelle sortie du nucléaire76. François Hollande intervient dans le cadre de cet accord, revendiquant le retrait du paragraphe sur la « reconversion à emploi constant » de la filière MOX, puis s’opposant à la proposition de supprimer le droit de veto de la France au Conseil de sécurité des Nations unies77. En outre, il subit une série de critiques, de ses concurrents de gauche (Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon) et de la droite, qui lui supposent un manque d’autorité et lui reprochent de cultiver l’ambiguïté78,79, dans l’attente de son programme.

François Hollande en janvier 2012.

François Hollande, lors d’un meeting à Rennes, le 4 avril 2012.

Après en avoir esquissé les grandes lignes, lors d’un premier grand meeting au Bourget, le 22 janvier 201280,81, il présente le 26 janvier à la Maison des Métallos ses « soixante engagements pour la France », qui prévoient :

  • en politique européenne, la conclusion d’un nouveau contrat de partenariat franco-allemand, la demande de l’adoption d’une directive sur la protection des services publics ;
  • face au système financier, la création d’une agence de notation européenne, la séparation des activités de crédit et d’investissement des banques ;
  • en matière énergétique, la réduction de 75 à 50 % de la part du nucléaire dans la production électrique au profit des énergies renouvelables d’ici 2025 ;
  • concernant la fiscalité des particuliers, la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, la création d’une tranche supplémentaire de 45 % pour les revenus supplémentaires à 150 000 euros, le plafonnement des niches fiscales à un maximum de 10 000 euros par an, la remise en cause de l’allègement de l’ISF, mesures qui doivent rapporter 29 milliards d’euros de recettes supplémentaires selon lui;
  • la construction de 500 000 logements par an, dont 150 000 sociaux, financée par un doublement du plafond du livret A, l’État mettant à la disposition des collectivités territoriales ses terrains disponibles dans les 5 ans ;
  • sur l’insertion des jeunes, le recrutement de 60 000 professeurs, la création d’une allocation d’études et de formation sous condition de ressources, mise en place d’un contrat de génération qui permettrait à un salarié expérimenté d’être le tuteur d’un jeune embauché en contrepartie d’exonérations de charges, création au total de 150 000 emplois aidés ;
  • des aides aux PME, avec la création d’une banque publique d’investissement orientée vers les PME et la réduction du taux d’imposition à 30 % pour les moyennes entreprises et à 15 % pour les petites ;
  • le recrutement de 5 000 magistrats, policiers et gendarmes et le rétablissement de la retraite à 60 ans pour ceux qui auront cotisé plus de 41 ans ;
  • sur le plan international, le retrait de toutes les troupes françaises d’Afghanistan avant la fin de l’année 201282.

Il évalue le coût total des nouvelles mesures à 20 milliards d’euros en cinq ans et à 29 milliards d’euros les hausses d’impôts nécessaires si le taux de croissance est de 2 % en 2014 puis de 2,5 % les années suivantes83,84,85. Le chiffrage de son programme est contesté par ses opposants et par l’Institut Montaigne, de tendance libérale86, d’autant plus qu’au programme initial s’ajoutent plusieurs mesures, annoncées début mars 2012 (sur l’enseignement supérieur, le droit des femmes, le pouvoir d’achat), pour un coût supplémentaire évalué entre 2,8 et 5,2 milliards par an selon le think tank patronal l’Institut de l’entreprise87.

Avec 28,63 % des voix (10 272 705 voix) au premier tour88, François Hollande se qualifie pour le second tour, arrivant devant Nicolas Sarkozy, avec 27,18 % des suffrages exprimés. Il obtient le plus grand nombre de voix des candidats socialistes au premier tour depuis 1988, se trouvant à un niveau également supérieur à celui de François Mitterrand avant son élection en 1981. C’est par ailleurs la première fois qu’un candidat dépasse le président de la République en exercice lors du premier tour d’une présidentielle.

Lors de l’entre-deux-tours, aucun des huit candidats éliminés ne se prononce en faveur de Nicolas Sarkozy. François Hollande bénéficie des appels en sa faveur de l’écologiste Eva Joly, du candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, ou encore de Jacques Cheminade. Le centriste François Bayrou surprend89 en annonçant qu’il votera pour François Hollande « à titre personnel », par rejet de la « course-poursuite à l’extrême-droite » engagée par le candidat UMP90, mais sans toutefois approuver le programme économique du candidat de la gauche ni rejoindre sa future majorité91. D’autre part, de manière inhabituelle, le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, ou encore le Syndicat de la Magistrature appellent à voter pour le candidat socialiste92.

Après un débat télévisé le 2 mai 2012 où il présente le président qu’il sera (par l’anaphore « Moi président de la République »), François Hollande sort vainqueur le 6 mai 2012 au second tour face au président sortant Nicolas Sarkozy, avec 51,64 % des suffrages exprimés (18 000 668 voix)93, et est ainsi élu 24e président de la République française. Il s’agit de la deuxième élection présidentielle la plus serrée de l’histoire de la Cinquième République, après celle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, mais c’est un résultat comparable à celui de François Mitterrand en 1981 (51,76 %). Il devient ainsi le deuxième président socialiste de la Cinquième République, 31 ans après l’élection de François Mitterrand.

Depuis 2012 : présidence de la République

Nicolas Sarkozy et François Hollande, lors de la passation de pouvoirs, le 15 mai 2012 au palais de l’Élysée.

Le 8 mai 2012, François Hollande accepte l’invitation du président sortant Nicolas Sarkozy à participer à ses côtés aux commémorations de la fin de la Seconde Guerre mondiale, bien qu’à cette date, le Conseil constitutionnel n’ait pas encore proclamé les résultats officiels de l’élection présidentielle. C’est chose faite le 10 mai.

La passation des pouvoirs avec son prédécesseur Nicolas Sarkozy a lieu le 15 mai 201294. François Hollande devient alors le 24e président de la République française et le 7e président de la Ve République (ainsi que le 67e coprince français d’Andorre95). Le même jour, il rend hommage à Jules Ferry et Marie Curie devant leur monument respectif et assiste à la réception rituelle à l’hôtel de ville de Paris96. Son cabinet a été nommé le 15 mai 2012 également97.

Politique intérieure

Articles connexes : Gouvernement Jean-Marc Ayrault I et II.

Le 15 mai 2012, François Hollande nomme Jean-Marc Ayrault au poste de Premier ministre. Le lendemain, ce dernier prend ses fonctions à l’hôtel Matignon, où il constitue un gouvernement de trente-quatre ministres (dix-sept hommes et dix-sept femmes). C’est le premier gouvernement dans l’histoire de la République française à respecter une stricte parité98.

Lors du premier conseil des ministres, le 17 mai 2012, François Hollande, Jean-Marc Ayrault ainsi que l’ensemble des ministres, baissent leurs salaires de 30 %, en réponse aux promesses faites durant la campagne présidentielle. De même, ils signent une « charte de déontologie », qui leur interdit le cumul des mandats. Ils doivent également « se garder de tout conflit d’intérêt »99.

Le début de son mandat est notamment marqué par la prolongation de la trêve hivernale pour l’hébergement des sans-abri100, la revalorisation de 25 % de l’allocation de rentrée scolaire pour la rentrée 2012101 ou encore par un retour partiel à le retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé a travailler à 18 ou 19 ans102.

Politique internationale

François Hollande et Barack Obama, le 18 mai 2012 à la Maison-Blanche.

Le jour de son investiture, il effectue sa première visite à l’étranger en se rendant à Berlin pour rencontrer la Chancelière allemande Angela Merkel103. Le 18 mai, il se rend à Washington pour un entretien bilatéral avec Barack Obama, le président des États-Unis. Les sujets évoqués sont notamment la situation économique de la zone euro et le retrait des forces combattantes françaises d’Afghanistan104. François Hollande participe le lendemain au sommet du G8 à Camp David105, puis il se rend au 25e sommet de l’Otan à Chicago106 les 20 et 21 mai107.

Sa promesse de campagne sur le retrait de tous les militaires d’Afghanistan se limite aux « troupes combattantes », soit 2000 soldats108. Il restera alors après le 31 décembre 2012, plus de 1400 militaires109 toujours sous commandement de l’ISAF et dont la mission exacte demeure « floue »110 111. Le 25 mai 2012, il se rend à Kaboul afin de présenter son plan de retrait aux troupes sur place112.

Mandats et fonctions

Mandats parlementaires

Mandats locaux

Fonctions politiques

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Dans les Guignols de l’info, François Hollande possède sa marionnette depuis qu’il a été tête de liste pour les élections européennes de 1999. Il est présenté comme assez naïf et termine chacune de ses interventions par un rire simplet. C’est l’imitateur Nicolas Canteloup qui lui prête sa voix jusqu’en 2011, date à laquelle il est remplacé par Thierry Garcia, ceci s’accompagnant également d’un changement de marionnette.

Documentaires

  • Denis Jeambar et Stéphanie Kaïm, François Hollande : comment devenir Président ?, France Télévision, diffusé le 7 mai 2012

Publications

Ouvrages

Ouvrages collectifs

Préfaces

  • La Fin du cumul des mandats de Bernard Roman, éd. B. Leprince, 2000.
  • Le Socialisme selon Léon Blum de David Frapet, éditions Créer, 2003.
  • Socialisme sans discriminations de Joseph Yakete, L’Harmattan, 2005.
  • Choisir. Entretiens avec Jean Bothorel de Pierre Mendès France, Fayard, 2006.
  • Les Grands discours socialistes français du XXe siècle, éditions Complexe, 2007.
  • Le Dernier Chirac de Bruno Dive, éditions Jacob-Duvernet, 2009.
  • Pourquoi pas le socialisme ? de Gerald Cohen, L’Herne, 2010 (ISBN 978-2851979216).
  • De Mendès France à Bérégovoy : l’honneur en politique de Régis Paranque, Pascal Galodé édition, 2011.
  • Bort-les-Orgues, un barrage dans l’histoire de Alexandre Pau, éditions Privat, 2011.
  • Le Rapport Beveridge de William Beveridge, éditions Perrin, 2012.
  • Quelle République pour le XXIe siècle ? d’Eric Ferrand, éditions Le Publieur, 2012.
  • Mes points sur les i. Propos sur la présidentielle et la crise de Michel Rocard, éditions Odile Jacob, 2012.
  • François Hollande président de Stéphane Ruet et Valérie Trierweiler, Le Cherche midi, 2012.