Le défi des hommes gais

À quoi se mesure lʼégalité sociale?
Lʼégalité sociale correspond à la reconnaissance de la valeur de chaque
citoyen, de chaque communauté, des différents modes de vie et parcours
des individus. Ainsi, elle repose entre autres sur la connaissance de
lʼidentité et des réalités multiples des gais et de leurs communautés. Une
société égalitaire apprécie aussi leurs valeurs et soutient activement ces
différences, en les considérant comme une source dʼenrichissement. La
question de lʼégalité sociale des hommes gais concerne ainsi les individus,
les membres de leur famille et toute la société.
La situation des hommes gais de 20 à 60 ans
Les gais et leurs communautés forment un monde à comprendre et
à découvrir, par-delà les préjugés et le manque de connaissance qui
déforment leur identité sociale. Les hommes gais de 20 à 60 ans forment
trois générations aux racines sociales et culturelles diverses. De plus, la
réalité socioculturelle des gais est différente selon quʼils habitent les villes
centres ou de petits villages. Depuis quatre décennies, au Québec, les
hommes gais ont combattu de sérieux préjugés et ont aussi assisté à des
transformations heureuses et avant-gardistes dans la société. Toutefois,
la connaissance des diverses facettes de la réalité gaie nʼest pas encore
complète, loin de là. Nous-mêmes, hommes gais, devons apprendre à
mieux nous connaître. Le défi est dʼautant plus grand pour nos concitoyens,
nos parents, nos enfants, nos amis et nos politiciens.
Les jeunes adultes gais font face à de nombreuses difficultés lorsquʼils veulent
définir leur identité personnelle et sʼintégrer dans le monde du travail et dans
la société. De plus, puisquʼils vivent assez longtemps chez leurs parents,
les problèmes qui peuvent être liés à leur identité deviennent familiaux.
Surtout, on doit soutenir les enfants de père gai afin quʼils puissent
conserver leur estime personnelle pendant lʼenfance et lʼadolescence.
Les enjeux liés à la réalité des gais de 35 à 45 ans sont parfois aussi
professionnels. Leurs milieux de travail nʼont pas tous le même degré
dʼouverture face à lʼhomosexualité. Ainsi, il faudrait voir sʼil nʼexiste pas
des liens entre le harcèlement psychologique  dont sont victimes certains
gais et lʼhomophobie.
Le mitan de la vie est, de plus, une période de transition difficile pour tous
les hommes. Entre autres, depuis quelques années, le nombre de suicides
chez les 40 à 49 ans a augmenté. Considérant ce problème, on doit chercher
à éclairer la situation des hommes gais de cette tranche dʼâge. Surtout, la
société doit pouvoir les soutenir. Un téléroman comme La vie la vie a été
un médium culturel intéressant, qui a su dessiner une image positive de
cette génération de gais, sans les traiter comme une minorité à part. Des
réalisations comme celle-là doivent être répétées.
Enfin, la génération des gais de 50 à 60 ans a traversé des périodes de
rejet culturel plus difficiles et a affronté des préjugés colossaux. Ils ont
été et sont des leaders dans lʼhistoire des communautés gaies au Québec.
En tant que parents et grands-parents, ils ont mené bien des batailles pour
la reconnaissance des droits des gais et des pères gais. Aujourdʼhui, la
société doit reconnaître leur apport social, et les petits-enfants de gais
doivent pouvoir sentir quʼils ont le droit dʼêtre fiers de leurs grands-
parents.  Il y a ainsi plusieurs défis à relever, tant personnels, familiaux que
professionnels, pour que les gais et leurs communautés soient reconnus
comme citoyens à part entière.
Cʼest pourquoi les parents
ont le droit dʼobtenir du soutien
et de lʼinformation sur le sujet afin
dʼêtre fiers de leur fils. Ils doivent
pouvoir comprendre leur rôle en
tant que parent de gai et, surtout,
apprécier la richesse de ce mode
de vie.
La réalité des gais de 35 à 45 ans
est quelque peu différente. Ces
hommes ont connu des itinéraires
très diversifiés : gai célibataire,
couples de longue date, homme
dʼabord investi dans une relation
hétérosexuelle qui vit une
transition vers un nouveau mode
de vie, pères gais qui doivent
réajuster la compréhension de leur
paternité. Toujours, cependant,
la réalité gaie touche la famille
entière : les grands-parents, les
parents, les frères, les sœurs et
les enfants. Ainsi, la société doit
informer, soutenir et éduquer la
population en plus de trouver des
moyens originaux dʼintervention
pour que les enfants et les
parents des gais se sentent fiers
du mode de vie de leur proche.

Lʼégalité sociale passe surtout par la connaissance de leur identité.
Nous avons encore de grands pas à faire pour nous connaître nous-mêmes,
nous faire connaître et, aussi, pour faire reconnaître le mode de vie gai
comme valable par la société.
Comment tendre vers lʼégalité sociale?
Propositions
v Reconnaître le travail des gais et leur engagement social.
v Créer des centre multiservices qui favoriseraient la synergie entre les
organismes et les individus afin de comprendre et de promouvoir les
modes de vie gais.
v Encourager la production artistique qui explore et exprime les
différentes facettes des individus et des communautés gais.
v Favoriser la compréhension du vécu des hommes gais des plus petites
communautés et les aider à entretenir des contacts entre eux afin de
contrer lʼexode vers les villes centres.
v Soutenir les recherches sur les modes de vie gais et encourager les
chercheurs à communiquer leurs résultats.
v Créer des outils de soutien pour les familles des gais (parents, enfants,
adolescents et petits-enfants) et produire du matériel éducatif pour les
intervenants du milieu de la santé.
v Reconnaître les liens pouvant exister entre le harcèlement
psychologique dont sont victimes certains gais et lʼhomophobie,
dans différentes situations (utilisation des enfants à la suite dʼune
rupture conjugale, harcèlement par des collègues de travail ou par des
voisins).
v Promouvoir lʼutilisation dʼun langage positif lorsquʼon parle des
gais et de leurs mode de vie et dénoncer lʼutilisation dʼun langage
dévalorisant.
Marina, CASTANEDA, Comprendre lʼhomosexualité. Des clefs, des conseils pour les homosexuels, leurs
familles, leurs thérapeutes. Paris, Robert Laffont, 1999.
Françoise, MILLET-BARTOLI, La crise du milieu de la vie. Une deuxième chance. Paris, Odile Jacob, 2002.
Santé et Services sociaux du Québec, Pour une nouvelle vision de lʼhomosexualité. Intervenir dans le respect de
la diversité des orientations sexuelles. 2001.

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