Roger-Luc Chayer
Mardi le 26 janvier dernier, la vérificatrice générale de Montréal
déclarait pendant la réunion virtuelle du conseil municipal qu’elle
ne pouvait réaliser l’audit des finances de la ville avant les élections
parce qu’elle n’avait pu obtenir les informations requises auprès de
la Ville, malgré ses nombreuses demandes. Pourtant, cet audit
avait été promis au lendemain de l’élection de Valérie Plante
comme Mairesse de Montréal, elle qui reprochait à son
prédécesseur d’avoir laissé les finances de la ville dans un piètre
état. Mais il faut bien se rendre à l’évidence qu’il est bien pire de
cacher volontairement les chiffres des dépenses que de ne pas
respecter une promesse électorale.
Tout le monde peut comprendre qu’en temps de pandémie, les
chiffres peuvent ne pas être aussi souhaitables que prévu, mais
dans son mandat de 4 ans, Madame Plante n’aura eu qu’une seule
année environ de pandémie, pourquoi cacher le portrait global pour
toutes les autres années? Plusieurs raisons peuvent expliquer
qu’une administration veuille cacher la nature de ses dépenses et
de sa gestion, avant une élection! Par exemple, il est possible que
la Ville soit dans un tel trou financier qu’il serait suicidaire
politiquement pour Madame Plante de dévoiler le résultat de sa
gestion puisque cela impliquerait possiblement des hausses
catastrophiques des taxes municipales.
Mais il n’y a pas qu’une décision stratégique qui puisse expliquer
qu’on tienne secrets ces chiffres. Il faut bien comprendre comment
fonctionne un budget municipal. D’abord, la Ville présente un
budget qui démontre les intentions, les priorités et surtout la capacité
à gérer efficacement une ville telle que Montréal. Pour pouvoir
ensuite en voir les résultats, il faut évidemment qu’un vérificateur
général comme celui désigné à Montréal puisse vérifier les
dépenses, les revenus et produire un rapport certifié. Mais
Montréal refuse de montrer quelque chiffre que ce soit à son propre
vérificateur et ce geste est très inquiétant à quelques mois des
élections. Madame Plante ne veut pas être jugée pour sa gestion
par les électeurs, cela est en soi un geste affreusement antidémocratique.
Malgré le fait que la vérificatrice déclarait du coup que les délais
étaient très serrés pour produire son analyse, il y a peut-être des
solutions pour y parvenir. La Ville de Montréal est une créature du
gouvernement du Québec et elle relève du Ministère des affaires
municipales du Québec. Le patron de Valérie Plante est donc le
ministre responsable, ou même le premier ministre Legault. Tout
Montréalais qui souhaiterait porter plainte contre la Ville auprès du
ministre pourrait réussir à faire avancer les choses.
Comme nous ne savons pas non plus si le refus de la Ville de
remettre les chiffres à la vérificatrice serait motivé par le désir de
cacher des dépenses troublantes, possiblement irrégulières ou
que ces chiffres contrediraient les prétentions de la Mairesse faites
auprès des gouvernements du Québec et du Canada pour obtenir
leur aide financière, il serait intéressant d’avoir une enquête de
l’UPAC (Unité Permanente Anti-Corruption du Québec), qui a non
seulement juridiction sur Montréal, mais qui a aussi le mandat soit
de vérifier, soit d’enquêter. Des pistes à suivre…