Le militantisme gai en prend pour son rhume depuis quelques jours, suite aux différentes apparitions publiques par exemple de M. Laurent McCutcheon, président de Gai Écoute, sur la question de lʼhomosexualité du chef du Parti Québécois André Boisclair. Les nombreuses réactions face à la représentativité de M. McCutcheon nous interpellent puisque depuis des années, les gais et lesbiennes demandent un meilleur système de représentation qui mettrait en évidence une vraie diversité dʼopinions et qui ne permettrait plus aux traditionnels militants de parler au nom de tous en ne livrant quʼune seule vision.
Les médias proposaient il y a quelques semaines de nombreux débats sur la question et à en juger dʼaprès la réaction du public en général, on semble accorder beaucoup moins de crédibilité aux traditionnels Laurent McCutcheon de ce monde, dʼune part parce que le public est plus conscient que jamais quʼil existe un problème majeur de représentativité au sein de la communauté gaie et dʼautre part, parce que les gais commencent à récolter le fruit de ce qui a été semé pendant des années justement par des militants comme Laurent, qui ne font plus la distinction entre leurs aspirations personnelles et celles du reste de lʼhumanité gaie. Il existe un manque grave de démocratie à lʼintérieur de la communauté gaie, cette dernière étant trop représentée par des militants qui ont des agendas politiques et financiers à réaliser, alors que la réalité est toute autre.
Notre confrère Franco Nuovo du Journal de Montréal en parle régulièrement, comme sʼil était à même de constater que les gais sont peut-être en train de vivre le «backlash» dʼannées dʼabus verbal contre la communauté hétérosexuelle. À force de se faire accuser dʼhomophobie et en absence réelle dʼhomophobie, est-ce que les militants gais ne sont pas en train de créer une crise artificielle? Pourquoi est-ce que ce sont ceux qui exigent des subventions de lʼÉtat qui crient le plus alors que ceux qui évoluent dans la communauté ne se plaignent jamais? Est-ce quʼil y aurait deux mondes gais diamétralement opposés?
Dʼaprès Franco Nuovo: «Les propos de Laurent McCutcheon de la fondation Émergence et de Gai Écoute sont complètement absurdes. Cet homme est aveuglé par son militantisme et son orientation sexuelle. Et il voudrait que tous souffrent du même mal.
Il y a quelques années déjà, dans le même esprit, obsédé par sa cause, M. McCutcheon voulait rendre publique la liste des personnalités quʼil avait invitées à participer au Défilé de la diversité, appelé autrefois le Défilé de la fierté gaie, mais qui avaient décliné.
Cela avait fait toute une histoire parce que sa volonté de délation laissait sous-entendre lʼhomophobie de ceux qui nʼavaient aucune envie de se balader dans un char allégorique. Cʼest comme si jʼinvitais McCutcheon au défilé de la fête de lʼItalie, quʼil refuse et que je vois dans ce refus la preuve de son racisme. Aussi crétin que ça.
Pour appuyer sa position, M. McCutcheon souligne que plein dʼautres politiciens tels Gilles Duceppe, Jack Layton, Gérald Tremblay, Pierre Bourque (à lʼépoque où il était maire et chef de lʼopposition), pour ne nommer quʼeux, participent régulièrement au défilé. On peut sʼentendre, sans toutefois généraliser, que certains le font par démagogie et pur souci électoral.
Allons donc ! Quʼest-ce quʼon en a à cirer de la «gaieté» dʼAndré Boisclair? Il nʼa pas été élu chef du Parti québécois pour défendre les intérêts dʼun groupe précis de la population, mais bien pour diriger le PQ, entrer à lʼAssemblée nationale et, éventuellement, remporter les prochaines élections. Et peut-être même, un jour, faire du Québec un pays souverain.
Boisclair ne veut pas participer au défilé de la Diversité. Voilà qui ne regarde que lui. Peut-être nʼa-t-il juste pas envie de devenir le muppet dʼune mafia rose. Peut-être préfère-t-il éviter toute récupération par un groupe ou un autre. Ce qui est dʼailleurs tout à son honneur.
Boisclair ne parle pas suffisamment, selon ses détracteurs, de son homosexualité. Ça aussi ce sont ses affaires. Boisclair nʼest pas un militant gai. Boisclair est un militant péquiste. Il pourrait être aux filles ou aux poulets ou aux cailloux, ça ne changerait rien. Ce nʼest pas pour ça quʼil est là.
Cette réserve de la population à son égard est bien davantage attribuable au vacuum politique quʼil dégage, à son inaction et à son absence à lʼAssemblée nationale, quʼà son orientation sexuelle.
Lʼattitude de Laurent McCutcheon et des autres représentants de la communauté est tout bonnement primaire. Et les arguments quʼils avancent, plutôt que dʼaider leur cause, nuisent.
Peut-être maintenant que pour faire plaisir au président de la Fondation Émergence et à ses amis militants, André Boisclair pourrait, torse nu, faire la une du Fugue et de La Voix du Village.»
Franco Nuovo soulève dans son article publié récemment la véritable question. Outre la représentativité au sein de la communauté gaie, est-ce quʼil serait le temps de se donner des outils démocratiques afin de refléter toutes les couleurs de notre arc-en-ciel et est-ce quʼil deviendrait évident aux yeux de la population en général que les gais sont représentés par les personnes qui ont intérêt à tenir un discours négativiste?
De nombreux groupes communautaires gais le pensent mais nʼosent parler à voix haute de peur de subir les mêmes représailles que celles vécues par Madame Denise Bombardier lorsquʼelle soulevait la question à Radio-Canada ou que celles que nous sommes en mesure dʼobserver à lʼintérieur de la communauté comme journalistes gais.
Comment arriver à créer une organisation qui aurait pour mandat dʼêtre plus représentative de la diversité gaie sans quʼelle ne soit gangrenée de lʼintérieur dès ses premiers mois de fonctionnement? Le Conseil de Presse Gai a terriblement souffert justement en osant contredire une Fatwa de M. McCutcheon sur une simple affaire de miettes de biscuits. Écrivez-nous et dites-nous comment vous verriez un outil démocratique efficace!