
Roger-Luc Chayer
Une lectrice nous envoyait une question très intéressante suite à la publication du magazine #153 et elle portait sur la possibilité d’un conflit moral entre les religions et l’hypnose. Monsieur Gérald Henri Vuillien, praticien diplômé de l’École de formation professionnelle en hypnose du Québec, a gracieusement accepté de répondre à la question.
Est-ce qu’il existe une contradiction entre croire en une religion et l’hypnose? « Absolument pas, l’hypnose n’a rien à voir avec une croyance quelconque, c’est une fonction psychique du cerveau de l’être humain qui permet de déconnecter par rapport à une réalité immédiate pour basculer sur un état de conscience altérée ou modifiée, donc ça n’a rien à voir avec la spiritualité », m’explique Gérald Henri.
« En revanche, les religions utilisent l’hypnose, énormément! Les religions ont compris l’intérêt de l’hypnose avec les mantras, et donc, en fait, par les mantras, qui sont en fait équivalents aux prières, qui permettent à force de marmonner une phrase, pendant un certain temps, par générer un état de conscience altérée, et je vais aller beaucoup plus loin, puisque dans certaines religions, on pratique la transe-Terpsichore, c’est-à-dire un état de transe à partir de la danse (Terpsichore étant la déesse de la danse dans la Grèce antique). Je peux donner un exemple précis, la Macumba induit les phénomènes de transe à partir de la danse. Les rites animistes en Afrique utilisent le phénomène de transe par la danse. On se sert toujours des percussions parce qu’on va chercher les sons vibratoires, la vibration qui est produite par les percussions va permettre en fait d’élever les ondes thêta. On va chercher les basses fréquences dans la musique, exclusivement pour atteindre un état d’hypnose… »
Est-ce qu’une religion pourrait utiliser l’hypnose à de sombres desseins? « En réalité, c’est le côté sombre de l’hypnose qui est utilisé par des gens mal intentionnés soit dans le domaine militaire, soit dans le domaine religieux. C’est ce que l’on constate par exemple dans les sectes, mais c’est aussi ce qui crée les fanatiques, car quand on regarde l’endoctrinement des fanatiques, on fait répéter à des gens les mêmes phrases en boucle, pour les amener à cet état d’espèce d’invincibilité qu’on veut leur faire croire. Dans certaines religions, on les oblige en fait à pratiquer l’automutilation, à des sévices corporels pour leur donner cet espèce de coup de pouce pour leur montrer que les endorphines, ça crée quelque chose de particulier et la douleur devient presque imperceptible et ça, c’est une utilisation perverse de l’hypnose », poursuit Gérald Henri avec plusieurs autres exemples.
Dans le sens contraire, est-ce que l’hypnose peut améliorer une religion? « Oui, c’est le cas du bouddhisme. Dans ce cas-là, on ne va pas parler d’hypnose, mais de méditation. La méditation c’est tout simplement un état d’hypnose qui est provoqué personnellement, seul. Pour être plus simpliste, la méditation c’est de l’autohypnose. » Une conversation fascinante avec Gérald Henri Vuillien qui s’est poursuivie encore plusieurs minutes. Merci à notre consultant pour ces réflexions auxquelles on n’a pas souvent l’occasion d’aborder.