ROME/MILAN (Reuters) – Plusieurs dizaines de milliers
dʼItaliens ont manifesté pour réclamer la reconnaissances des unions
dʼhomosexuels et le droit à lʼavortement, deux jours après la con-
damnation par le pape Benoît XVI du mariage homosexuels et de la
pilule abortive.
Brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «On ne nous
fera plus taire», les manifestants, dont de nombreuses femmes et des cou-
ples homosexuels, se sont rassemblés sur des places de Rome et de Milan.
«Nous pensions que lʼEglise avait cessé de sʼingérer dans la politique
italienne (…) mais au contraire, il y a une terrible résurgence. Ce sont de
mauvais signes pour la liberté dʼexpression», a déclaré à des journalistes,
lors de la manifestation de Milan, le Prix Nobel de littérature Dario Fo.
La participation à la manifestation de Milan a été estimée à 50.000 per-
sonnes par la police, à 100.000 par les organisateurs. Des ministres de la
coalition de centre-droit de Silvio Berlusconi ont abondé samedi dans le
sens de la condamnation papale. «Ces manifestations mʼont totalement
écoeuré», a déclaré le ministre des Réformes Roberto Calderoli, membre
de la Ligue du Nord, un parti populiste. «Ces choses dégoûtantes ont
revendiqué de manière absurde des privilèges sur la base dʼun sexe im-
productif (…) Cʼest révoltant».
Le ministre de la Culture, Rocco Buttiglione, a affirmé que lʼItalie avait
pour responsabilité de protéger les jeunes couples hétérosexuels afin de
leur permettre dʼavoir des enfants, pas de sʼoccuper des couples homo-
sexuels. Les élections législatives du 9 avril opposeront le centre-gauche,
conduit par lʼancien président de la Commission européenne Romano
Prodi, au centre-droit de Berlusconi.
LʼEglise catholique italienne a déjà fait savoir au centre-gauche quʼelle
combattrait toute velléité de reconnaissance de partenariat civil pour les
couples hétérosexuels non mariés et les couples homosexuels.
Prodi a promis une forme de pacs à lʼitalienne pour les couples non ma-
riés, mais il sʼest gardé dʼapporter son soutien au mariage homosexuel.
Son refus de participer aux manifestations de samedi a indisposé certains
petits partis de la coalition de gauche.
BERLIN, 11 jan 2006 (AFP) – Un entretien pour la
nationalité allemande fait des vagues
Que pensez-vous des kamikazes du 11 septembre? Des mariages forcés?
Quelle serait votre réaction si votre fils vous annonçait quʼil est homo-
sexuel? Voici en substance les questions posées depuis le début de lʼannée
aux personnes «douteuses» demandant la nationalité allemande dans une
des seize régions du pays. Le milieu associatif crie au scandale.
Lʼidée, qui vient du ministère de lʼIntérieur de lʼEtat régional du Bade-
Wurtemberg (sud-ouest), est de sʼassurer que les candidats qui veulent
devenir citoyens de lʼAllemagne adhèrent «intimement» à ses «valeurs»
et à sa constitution, la Loi fondamentale. En décembre, le ministère an-
nonçait quʼun entretien personnel de trente questions sʼappliquerait aux
ressortissants des 57 pays de la Conférence islamique, ainsi quʼà tous les
postulants à propos desquels «des doutes existent» quant à leurs convic-
tions intérieures. Les candidats à la nationalité allemande doivent faire
formellement allégeance à la Loi fondamentale. Or les musulmans peu-
vent «faire éventuellement allégeance sans que cela corresponde à leurs
convictions intérieures», argumentait le ministère régional. Il affirmait
sʼappuyer sur une étude de lʼInstitut central dʼarchives sur lʼislam, selon
lequel 21% des quelque trois millions et demi de musulmans dʼAllemagne
pensent que la constitution allemande nʼest pas compatible avec le Coran.