Roger-Luc Chayer (Images: Ville de Montréal et Facebook de Gilbert Thibodeau) Mise-à-jour: 6 novembre 2024
Après plus de six ans à la tête de la Métropole du Québec, la mairesse Valérie Plante n’affrontera finalement pas une nouvelle élection en 2025, une échéance pourtant cruciale pour son parti, Projet Montréal. Des critiques se sont élevées concernant la gestion de la ville, notamment en raison de la multiplication de pistes cyclables peu utilisées, de travaux qui bloquent des rues sans raison apparente ou s’étirent indéfiniment, ainsi que de changements de sens de circulation inexpliqués, sans parler du fiasco du Grand prix, des inspections abusives dans le Village, etc.. De plus, la mairesse est impliquée dans plusieurs affaires de gestion douteuse des affaires publiques et financières.
À l’approche de l’élection de 2025, les Montréalais s’attendent à des alternatives politiques, envisageant un possible renouveau d’Ensemble Montréal, l’ancien parti de Denis Coderre, bien que ce dernier n’ait pas connu de succès notable depuis sa défaite. Un nouveau parti, le Parti Action Montréal, dirigé par Gilbert Thibodeau (voir la photo ci-dessus), émerge également comme une option.
En explorant le programme de ce parti, on découvre qu’il aborde de nombreux sujets d’intérêt général pour les Montréalais, suscitant toutefois des controverses. Il est important de noter que ces observations ne visent pas à promouvoir les objectifs du Parti Action Montréal ni de son chef, Gilbert Thibodeau, sans favoritisme envers d’autres partis. Cependant, il semble crucial de souligner certaines remarques faites sur Facebook, notamment sur la page de Robert Sévigny, cofondateur, dirigeant, représentant et agent officiel du parti.
Lorsqu’on aspire à mener une politique inclusive, il est essentiel de présenter une variété d’idées susceptibles de rallier un large éventail de personnes, favorisant ainsi la création d’un consensus et la réussite électorale. Toutefois, le problème avec le Parti Action Montréal réside dans le fait que, en creusant un peu plus, des positions très préoccupantes se dévoilent, susceptibles de compromettre son succès. Il est crucial d’en discuter ouvertement. Voici quelques exemples de propos publiés par le représentant du parti, Robert Sévigny, sur sa page Facebook, certains étant également repris par le chef.
Le 12 janvier, Robert Sévigny publiait : « Fini les catégories non genrées aux Gémeaux !!! L’Académie canadienne du cinéma et de la télévision – section Québec a retrouvé la raison : fini les catégories non genrées ou mixtes aux Gémeaux. En septembre prochain, au 39e gala, on célébrera à la fois les meilleures prestations des femmes et des hommes. Le bon sens est de retour. » (Homophobie)
Le 8 janvier : « Il y a un mur entre nous et la réalité… Ce mur s’appelle les « médias ». Ce mur est un outil qui sert à nous détourner de vérités dérangeantes. » (Un classique du conspirationnisme…)
Le 5 janvier : « LADIES!… ALWAYS CHECK YOUR BACKGROUND FOR DILDOS… » avec des photos de femmes à côté de dildos, mais aussi une photo de la Vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, à côté du Premier ministre Justin Trudeau, ce qui est hautement offensant pour les Canadiens et qui ne fait pas honneur au parti ! (Vulgarité)
Ces messages surprenants étaient ponctués de demandes de dons. Par souci d’éthique et de précision, j’ai envoyé la première page de mon article à M. Thibodeau avant sa publication, une pratique que j’adopte régulièrement lorsqu’il s’agit de sujets d’opinion afin d’éviter toute erreur factuelle. J’ai ensuite reçu une réponse du représentant officiel du parti, M. Sévigny, qui m’écrivait :
« Bonjour monsieur Chayer, merci pour votre texte qui illustre qu’aucun parti ne peut obtenir l’adhésion totale à sa vision et son programme point par point. En démocratie, le désaccord est légitime tout en étant signe d’amélioration continue et de bonification des sujets traités.
Maintenant, en ce qui concerne les posts dans FB, le premier mentionné reflète notre position chez Action Montréal tout en restant respectueux des positions différentes, le deuxième est une vérité sans contredit, les médias aiment diriger le courant philosophique et sociétal, la dernière élection étant la plus belle exemple de ce fait, on parlait seulement de deux partis et de deux candidats à la mairie de Montréal quand il y en avait plusieurs. Quant au troisième, c’est une republication que je trouvais comique face au sujet que les photos adressaient, sans la prétention que vous invoquez, à savoir la photo de Freeland et Trudeau à côté. Enfin, les Montréalais décideront par eux-mêmes du genre de politique et de politiciens qu’ils veulent à l’administration de Montréal. Comme vous le savez très bien, l’administration municipale n’est pas un gouvernement et le parti politique est strictement là pour les fins de financement public (oublique). Merci et bonne journée. » (SIC)
La fin du message m’est absolument incompréhensible. Je n’ai jamais entendu parler de financement « oublique », et mes recherches ne me permettent pas de comprendre ce terme. J’ai demandé à M. Sévigny de clarifier son propos et il a immédiatement corrigé le terme « financement oublique » par « financement public ». Il est de notoriété publique que les cinq règles les plus élémentaires de la bonne gestion municipale sont les suivantes :
Transparence financière : Assurer une transparence totale dans la gestion des finances publiques, avec des informations claires sur les budgets, les dépenses et les revenus.
Participation citoyenne : Encourager l’engagement actif des citoyens dans les décisions municipales à travers des consultations publiques et d’autres mécanismes participatifs.
Planification stratégique à long terme : Élaborer des plans de développement durable et anticiper les besoins futurs de la communauté pour une croissance équilibrée.
Gestion efficiente des ressources : Maximiser l’utilisation des ressources disponibles, y compris une gestion responsable des fonds publics et une utilisation efficace des infrastructures existantes.
Responsabilité et éthique : Agir avec intégrité, éviter les conflits d’intérêts, et mettre en place des mécanismes de contrôle pour assurer la responsabilité et la légitimité des décisions municipales.
Je ne suis pas certain que le Parti Action Montréal parviendra à atteindre son objectif de conquérir le pouvoir avec une majorité d’élus. Malgré un programme détaillé et intéressant, les publications de ses représentants suscitent en moi des interrogations et ne me permettent pas de me forger une opinion positive susceptible de me pousser à voter en leur faveur, du moins pour le moment.
Une certitude se dessine à mes yeux : les Montréalais ne souhaitent plus être assujettis à un dogmatisme excessif, qui ne représente qu’une fraction restreinte des électeurs potentiels et ignore la diversité de la population montréalaise, qu’elle soit électrice ou non.
Je me remémore encore la promesse d’une candidate d’un autre parti affirmant vouloir exercer la politique de manière différente sur le pas de ma porte lors d’une visite pré-électorale, et qui se retrouve désormais impliquée dans des « affaires ». L’avenir nous éclairera davantage sur le Parti Action Montréal.