Le très célèbre tenancier de bar et promoteur du village, Normand Chamberland, est décédé le 7 octobre dernier d’un infarctus foudroyant, lassant dans le deuil non seulement une communauté gaie qui lui doit beaucoup mais ses amis les plus intimes et sa mère, toujours vivante.
Normand Chamberland a été le premier homme d’affaires montréalais à investir des sommes importantes dans la création et la gestion d’établissement destinés à la clientèle masculine gaie à Montréal dont le Drugstore, le Complexe Bourbon, le Café Européen, l’Extrême Orient et d’autres établissements principalement situés sur la rue Ste-Catherine Est, à Montréal.
Normand Chamberland a aussi contribué grandement à l’épanouissement de nombreuses organisations de la communauté gaie et a fait la promotion du mariage gai en allant jusqu’à prêter ses locaux, vastes et modernes, aux nouveaux mariés qui souhaitaient faire la noce dans le Village. Il avait même tenté de construire une chapelle directement sur le toit du Bourbon, coin Alexandre-de-Sève et Ste-Catherine Est, mais il aura par la suite été dans l’obligation de la retirer faute de permis de la Ville.
« Il se promenait souvent dans son camion blanc et aimait passer ses journées à suivre l’évolution du Village, à parler avec ses amis qu’il croisait sur la rue, il était bien assis dans son camion comme s’il était dans son bureau », déclare Roger-Luc Chayer, éditeur du Point. « Je le croisais à tous les deux jours et quand j’entendais son fameux « hey Chayer » suivi de quelques coups de Klaxon, je savais avant de me retourner que Normand était là et qu’il voulait me parler de tout et de rien, j’aimais beaucoup ces conversations ».
Normand Chamberland avait perdu la presque totalité de ses établissements suite à une affaire de finances et jusqu’à l’été 2008, il tentait toujours d’en reprendre le contrôle. Normand Chamberland est un nom qui restera gravé dans la mémoire collective gaie pour de longues années et une proposition devrait être faite auprès de l’Arrondissement Ville-Marie pour offrir ce nom à la postérité, un parc ou un lieu public serait tout à fait approprié pour honorer la mémoire d’un homme qui aura voulu tant faire pour nous les gais, même s’il n’était pas gai lui-même.