Roger-Luc Chayer
Le 18 octobre dernier, après avoir vu une publicité de la Old Brewery Mission de Montréal passer sur Facebook annonçant leurs services, j’ai décidé de répondre dans les commentaires avec la question suivante: Quelles sont les actions de la mission sur le Fentanyl, l’itinérance résultant des évictions et de la maladie mentale non traitée?
J’avais bien entendu en tête la situation actuelle du Village gai de Montréal, et étant donné que cet organisme communautaire est censé aider les personnes moins fortunées, notamment celles qui vivent et errent dans le Village, et qu’il reçoit des subventions publiques considérables pour accomplir sa mission, je m’attendais à une réponse concrète et détaillée. Cependant, ce que j’ai reçu était plutôt un paragraphe rédigé dans un jargon bureaucratique qui ne fournit aucune information significative et ne contribue en rien à résoudre la situation.
« La Mission Old Brewery travaille depuis plusieurs années avec une approche de réduction des méfaits, ce qui signifie que nous démontrons une tolérance accrue envers les individus avec des enjeux de dépendances afin de les accompagner vers des solutions durables. Tous nos intervenants sont également formés pour intervenir avec de la naloxone en cas de surdose. Nous offrons également au sein de nos établissements d’urgence le programme PRISM, dédié aux individus souffrant d’enjeux de santé mentale importants. Pour en savoir plus : https://www.missionoldbrewery.ca/fr/urgence »
Eh bien voilà qui explique tout! La fameuse formule magique qui va définitivement régler la situation sociale dans le Village réside dans la TOLÉRANCE à la sauce « Old Brewery ». Je vous explique…
Essentiellement, ce que dit la Mission dans son message, et je ne doute aucunement que c’est ce qu’elle fait sur le terrain, car on en voit les effets au quotidien dans le Centre-ville et le Centre-Sud de Montréal bref, c’est qu’en augmentant le seuil de tolérance avant une intervention légale des policiers, les méfaits diminueront. Cette théorie plutôt surprenante permet donc aux personnes qui commettent des méfaits, du harcèlement de rue, du saccage, qui détruisent le bien public, qui chient dans les entrées de commerces, qui se droguent et laissent leurs seringues souillées n’importe où bref, en rapportant moins de ces actes et pour les policiers, en rédigeant moins de rapports d’intervention, les méfaits baisseront. Bien évidemment qu’ils bais-seront puisqu’ils ne seront pas rapportés! Voilà donc ce qui explique que dans le Village gai de Montréal, on voit autant de criminalité liée à l’itinérance, mais qu’officiellement, les autorités nous disent que les choses vont mieux. C’est trompeur et presque malhonnête.
Quant au programme PRISM (Projet de réaffiliation en itinérance et santé mentale) mentionné par la Mission, il vise à accompagner les personnes souffrant de troubles graves et persistants de santé mentale vers une stabilisation et une réaffiliation durable. Je ne suis pas au courant des résultats concrets de ce programme spécifique, mais il ne semble pas avoir eu un impact positif sur la situation de l’itinérance dans ce qui fut, à un certain moment, le Village gai le plus célèbre du monde, attirant des millions de touristes et de visiteurs chaque année.