Préservatif La petite histoire

Le préservatif a été inventé pour répondre à une anomalie biologique : l’homme, à la différence de l’animal, ne sait jamais “de manière scientifique, ou bien établie et démonstrative”, à quel moment sa partenaire est fertile.

Mais très vite, l’étui pénien est aussi devenu un bouclier contre les maladies et épidémies, la syphilis au XVIIe siècle, le sida depuis 1980.

C’est cette double fonction du préservatif – éviter l’enfant et se protéger – que racontent Béatrice Fontanel et Daniel Wolfromm. Il leur fallait trouver un ton. Ils ne sont ni médecins, ni historiens, ni sociologues ou économistes, encore moins spécialistes du latex. Mais on retrouve toutes ces préoccupations dans leur livre documenté et alerte, porté par des chiffres, des noms, des inventions et des drames.

“Le meilleur préservatif, Madame, c’est la laideur.” (Hervé Bazin)

Le récit court de l’Antiquité, où le phallus est “un joyau à protéger”, jusqu’aux années sida, qui voient le pape Benoît XVI affirmer que l’usage de la capote “aggrave” la pandémie. Entre les deux, on apprend mille choses. L’anatomiste italien Gabriel Fallopio est le premier, en 1564, à décrire dans un ouvrage posthume le préservatif (petit fourreau de linge fin) et à en donner un mode d’emploi. C’est en Angleterre, dès les années 1740, que s’ouvrent des boutiques qui alimentent l’Europe en capotes anglaises. Dans les années 1870 est lancé le préservatif en caoutchouc, qui profite des travaux de l’Américain Charles Goodyear. Une guerre des marques apparaît, dans les années 1930, entre la principale marque américaine et la Durex britannique. Guerre des noms, aussi, qui voient s’affronter le Voluptueux, le Rival, le Parfait ou l’Infaillible. Les évolutions techniques sont exposées, de la capote en intestin de mouton à celle en polyuréthane qui, à la fin des années 1990, supplante le latex. Sans oublier, en 1901, l’invention du réservoir à semence.

Fontanel et Wolfromm ont beaucoup à dire, ce qui ne les empêche pas de digresser. Car il est impossible de raconter l’histoire du condom sans raconter l’air du temps. L’évolution des moeurs, le plaisir et la sensualité, la guerre des sexes, les guerres tout court, les politiques natalistes ou de régulation des naissances, la morale et les Églises, les maladies bien sûr, les tabous, le prix élevé du préservatif qui a longtemps pénalisé les plus pauvres, tout cela a une influence sur la vie du préservatif, et donc tout cela est abordé. Ainsi, la révolution sexuelle des années 1960 et l’invention de la pilule ont ringardisé et marginalisé le préservatif au tournant des années 1960-1970. Le paradoxe est qu’il faudra le drame du sida pour le voir revenir en force – un “big bang”, écrivent les auteurs -, porté par de lourds enjeux industriels et sanitaires.

L’air du temps, c’est enfin le fait que de nombreux écrivains ont évoqué le préservatif. Shakespeare, la marquise de Sévigné, Théophile Gautier, Flaubert, Mérimée, Céline, Faulkner, Joyce… les avis sont souvent tranchés. “Jamais je n’irai m’affubler d’une peau de mort pour prouver que je suis en vie”, dit Casanova. Le plaisir, la vie, la mort. Lourd environnement pour le préservatif.

New York, États-Unis – Une enseignante porte plainte contre le ministère de l’Éducation après une chute occasionnée par un préservatif.

Karen Hollander a accusé indirectement le ministère de l’Éducation d’être responsable de la chute qui lui a valu des blessures à la tête ainsi qu’un traumatisme nerveux. Le 12 novembre 2008, le ministère avait en effet organisé une distribution de préservatifs dans la cafétéria du lycée. L’enseignante a déclaré que les étudiants auraient alors ouvert les emballages et joué avec les préservatifs, avant de les abandonner sur le sol de la cafétéria. La plaignante reproche au ministère de ne pas avoir mis en œuvre les mesures de nettoyage qui s’imposaient après la distribution de préservatifs ce midi-là.

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