Qu’est-ce qui manque pour éradiquer le VIH?

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Dr Réjean Thomas

Nos pays dits développés semblent confinés dans leurs capacités à contenir la propagation du VIH, malgré la con-naissance de moyens avérés: dépistage précoce et traitement pour réduire la charge virale à un niveau indétectable, et la prescription de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour éviter l’infection.

Le VIH s’est mué en une maladie chronique dans les nations riches, perdant ainsi de sa sinistre réputation. On n’y succombe plus aussi fréquemment, atténuant son impact dans les conversations et les actions. Pourtant, fin 2022, près de 39 millions de personnes vivaient avec le VIH, la majorité dans la Région africaine de l’OMS, et 630 000 en ont péri cette année-là. Le sida persiste à faucher des vies.

Au Québec, la triste réalité n’a guère progressé ces dernières années. En 2021, 54,4% des nouveaux diagnostics chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) n’avaient jamais été dépistés auparavant. Ces hommes représentent la catégorie la plus touchée par le VIH, pourtant plus de la moitié n’avait jamais été testée. Manque d’éducation sexuelle? Campagnes de prévention insuffisantes? Des lacunes qui freinent les efforts d’éradication. 

Les constats alarmants ne se limitent pas à cela. Un indicateur clé de la santé d’une personne vivant avec le VIH est son système immunitaire, mesuré par le nombre de cellules CD4. Une baisse significative de ces cellules, inférieure à 350 chez 45,2% des HARSAH en 2021 contre 32,5% en 2019, signale des diagnostics tardifs. Tant que le traitement n’est pas amorcé, le risque de transmission persiste. Ces faits devraient sonner l’alerte pour les autorités sanitaires et placer la prévention du VIH au sommet des priorités.

D’autres secteurs montrent des résultats peu encourageants, notamment la PrEP, existant depuis 2011 et réduisant jusqu’à 97% le risque d’infection. Pourtant, elle demeure largement méconnue, surtout en régions éloignées, parmi de nombreux professionnels de la santé. La lutte contre le VIH se heurte à des problèmes plus vastes tels que la pauvreté, la stigma-tisation, le racisme, l’homophobie, la transphobie et le manque d’estime de soi. Ces préjudices compromettent la santé individuelle. La quête pour éradiquer le VIH s’intègre dans un combat plus large contre les injustices sociales, plaçant le respect des droits comme pilier pour améliorer la santé globale.

Ainsi, pour anéantir le VIH, il est impératif de mettre en place une éducation sexuelle inclusive dès le plus jeune âge, intensifier les campagnes de sensibilisation, garantir un accès renforcé aux soins de santé, et encourager la recherche pour des traitements accessibles à tous les milieux. Ces actions combinées pourraient enfin inverser cette tendance implacable du VIH. Investir dans la sensibilisation commu-nautaire, renforcer les programmes de soutien psychosocial et faciliter l’accès à des ressources médicales locales sont des étapes cruciales. De plus, encourager la recherche pour des méthodes de dépistage et de traitement plus simples et accessibles à tous, y compris dans les zones défavorisées, est primordial pour atteindre l’objectif d’une génération sans VIH.

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