Roger-Luc Chayer
Stupéfaction dans la colonie artistique: on apprenait le 26 novembre dernier que le célèbre photographe et réalisateur David Hamilton s’était suicidé la veille à l’âge de 83 ans. Il avait récemment été accusé de viol par plusieurs femmes sans qu’aucune enquête ne soit ouverte, sans preuves, et surtout sans procès ni condamnation.
David Hamilton a été célèbre pendant près de 40 ans pour ses clichés sulfureux, sensuels, esthétiques et avec le fameux «flou Hamilton», de même que pour la réalisation de quelques films dont le plus célèbre, Bilitis, raconte l’histoire de la jeunesse et de l’amour lesbien. La musique de ce film, composée par Francis Lai, a fait le tour du monde. Le film est actuellement en diffusion sur Gay Globe TV au http://www.gayglobe.us/bilitis.html
Selon le site Voici.fr: «Un voisin l’a retrouvé inanimé il y a quelques heures dans son domicile du sixième arrondissement de Paris. C’est cet homme qui a appelé les secours peu après 20h30. Selon des sources de l’AFP, lorsque les pompiers et le Samu sont arrivés sur place, ils ont trouvé «une personne en arrêt cardio-respiratoire», et il était déjà trop tard.
Une source de l’AFP rapporte que des médicaments ont été découverts à proximité du corps du photographe. Et d’après les informations d’Europe 1, il s’agit d’un suicide. David Hamilton était dans la tourmente, ces derniers temps : il avait été accusé de viol par plusieurs femmes, notamment par Flavie Flament. S’il avait clamé son innocence, d’autres témoignages accablants avaient ensuite été publiés. Il comptait porter plainte pour diffamation.»
Cette affaire soulève de vives réactions sur les réseaux sociaux qui dénoncent cette mode, depuis quelques années, d’accuser à tout vent et gratuitement des personnalités publiques de viols et d’autres sévices sexuels, parfois dans le but de leur soutirer de l’argent ou de mettre fin à des carrières par vengeance.
C’est bien beau d’encourager des personnes à dénoncer les abus sexuels dont elles ont été victimes, mais d’encourager de pseudo victimes à le faire publiquement, des décennies plus tard, sans la moindre preuve et avant même de porter plainte à la police, n’est certainement pas la bonne façon de faire. Non seulement cela prive une personne de ses droits les plus élémentaires à se défendre, mais cela n’aide en rien les vraies victimes qui, elles, ont été reconnues par les tribunaux. En accusant Monsieur Hamilton de viols dans un journal, sans qu’une seule enquête n’ait été lancée, sans qu’un procureur n’ait porté d’accusations, sans qu’un procès n’ait eu lieu et en l’absence de tout jugement ou de toute condamnation, ce sont les droits de Monsieur Hamilton qu’on violait.
Le pire, c’est qu’en agissant ainsi, les éventuelles victimes ont peut-être mené vers le suicide un artiste au talent unique qui n’a pas semblé pouvoir affronter de si terribles accusations. Le drame enfin, c’est que les personnes responsables de ces accusations publiques devront maintenant vivre le restant de leurs jours avec ce suicide sur la conscience. Un fardeau difficile à porter, j’en suis certain. Pour les vraies victimes de viol, il est important de porter plainte à la police et de laisser les autorités faire leur travail, car à vouloir se faire justice soi-même, peu importe la raison, on peut détruire des vies sans justement obtenir justice. Matière à réflexion!