ATLANTA (AP) – Deux médicaments qui prévien-
nent la survenue dʼun SIDA chez le singe pourraient
bientôt être testés chez lʼhomme, selon les Centres de
contrôles et de prévention des maladies (CDC) dʼAt-
lanta (Géorgie).
Si ces deux médicaments, le tenofovir et lʼemtricitabine, qui sont déjà
utilisés pour traiter lʼinfection par le VIH, se montrent aussi efficaces
expérimentalement chez lʼhomme que chez le primate, ils pourraient
alors être prescrits à des personnes à haut risque de SIDA.
Au contraire du vaccin, qui agit en stimulant le système immunitaire,
lequel est détruit par le VIH, lʼassociation de ces deux médicaments
empêche le virus de se répliquer. Tous deux sont déjà utilisés pour pré-
venir lʼinfection chez les personnels de santé exposés accidentellement
au VIH, et chez les bébés dont les mères sont séropositives. Les prendre
quotidiennement ou une fois par semaine avant lʼexposition au virus
pourrait empêcher la contamination, au même titre que le traitement pré-
ventif de la malaria prévient cette maladie transmise par les moustiques.
Six singes macaques ont reçu les médicaments, avant dʼêtre infectés
par lʼassociation mortelle de VIH simiesque et humain, administrés par
voie rectale, pour imiter une contamination entre homosexuels. Au bout
de 14 semaines, aucun des singes nʼétait infecté alors que, dans le grou-
pe non préparé, tous sauf un lʼétaient après deux expositions seulement.
«Assurer une protection totale est très prometteur et quelque chose que
nous nʼavions encore jamais obtenu à titre expérimental», a commenté
Walid Heneine, un scientifique des CDC qui travaille sur lʼétude.
Ce qui est survenu après lʼadministration du traitement était tout
aussi passionnant: «Nous voulions savoir si le médicament lui-même
contrôlait le virus ou sʼil assurait une réelle prévention» a expli-
qué Thomas Folks, directeur des études sur le SIDA aux CDC. La
deuxième hypothèse était la bonne. «Nous avons maintenant quatre
mois de recul sans traitement et sans virus. Et les singes ne sont tou-
jours pas infectés.» Des études antérieures menées avec du tenofovir
seul avaient permis une prévention partielle. Les scientifiques ont eu
lʼidée de lui associer un second médicament. Les résultats de cette
expérience, rendus publics le mois dernier à Denver (Colorado) lors
dʼun congrès, ont tellement stupéfié lʼassistance quʼensemble, des fi- nanciers publics et privés cherchent à mener des essais chez lʼhomme.