Lʻhomosexualité apparaît comme un inachèvement et une immatu-
rité foncière de la sexualité humaine», et par conséquent les homosexuels
«ne sont pas dans lʼétat adéquat pour se marier, pour adopter des enfants
et pour accéder au sacerdoce.» Telles sont les déclarations — publiées
mardi dans lʼOsservatore Romano — faites par un des experts consultés
par le Vatican pour la rédaction de lʼinstruction controversée interdisant
lʼordination de prêtres homosexuels.
Le prêtre et psychanalyste français Tony Anatrella, consultant aux con-
seils pontificaux pour la famille poursuit en estimant que les prêtres
homosexuels ont tendance à détourner leur fonction «à des fins nar-
cissiques». Ils sont «dans la séduction» et ont «de sérieuses difficultés
pour se situer institutionnellement dans la coopération avec les autres»,
ajoute-t-il.
Outre les «risques de passage à lʼacte sexuel», Mgr Anatrella énumère les
comportements développés, selon lui, par les prêtres homosexuels : «re-
lations souvent fusionnelles», «repli sur un clan de personnes de même
type», «position narcissique face à une communauté qui la perturbe», ou
encore «exercice du gouvernement manipulatoire des idées et des person-
nes». Les évêques et les personnes en charge de la formation des sémina-
ristes sont en conséquence appelés à détecter les candidats à problèmes, et
le prêtre-psychanalyste leur donne quelques clés de discernement.
«ÉVITER TOUT SIGNE DE DISCRIMINATION»
Ce texte de la Congrégation pour lʼéducation catholique, évoqué par la
presse depuis plusieurs jours, a été approuvé par les conservateurs et
condamné par la frange la plus libérale du clergé. Il alimente des débats
passionnés dépassant largement le cadre de lʼÉglise et constitue à cet
égard le texte le plus important adopté par le Vatican depuis le début du
pontificat de Benoît XVI en avril dernier.
Sur ce sujet, qui a divisé les croyants dans le monde entier, le Vatican
estime que lʼEglise ne peut accepter à lʼordination «ceux qui prati-
quent lʼhomosexualité, qui présentent des tendances homosexuelles
profondes ou qui soutiennent la prétendue culture homosexuelle». Les
«Instructions» de la Congrégation font la distinction entre des tendances
homosexuelles «profondes» et «lʼexpression dʼun problème passager».
Elles stipulent quʼun homme doit avoir surmonté de manière
évidente ses tendances homosexuelles pendant trois ans pour pouvoir
devenir diacre, étape préalable à la prêtrise.
Le texte ne fait que renforcer une politique déjà en vigueur mais dont
beaucoup estiment, au sein de lʼEglise, quʼelle nʼa pas été correctement
appliquée. Les défenseurs de la cause homosexuelle accusent lʼEglise de
vouloir faire endosser aux homosexuels les scandales de pédophilie qui
ont terni son image ces dernières années.
De nombreuses voix se sont élevées, y compris au sein de lʼEglise, pour
dire que ce texte risquait dʼéloigner du sacerdoce des hommes qui fe-
raient de bons prêtres et seraient capables dʼobserver le célibat. «Pour
avoir travaillé avec des évêques et des prêtres (…) du monde entier, je ne
doute pas un instant que Dieu appelle les homosexuels à la prêtrise, et
quʼils font les prêtres les plus dévoués et les plus impressionnants quʼil
mʼait été donné de voir», a déclaré le père Timothy Radcliffe, qui a dirigé
par le passé lʼordre dominicain.
«Et nous pouvons penser que Dieu continuera à appeler à la fois des hé-
térosexuels et des homosexuels à la prêtrise parce que lʼEglise a besoin
de leurs talents», écrit-il dans lʼhebdomadaire catholique britannique The
Tablet.