Roger-Luc Chayer
Jean Laberge est professeur de philosophie au CEGEP du Vieux Montréal depuis 1994 et, comme beaucoup de philosophes, ne mâche parfois pas ses mots pour faire passer une idée, pour forcer les gens à réfléchir. Toutefois, dans un message sur sa page Facebook du 17 janvier dernier, le professeur a livré sa pensée sur l’homosexualité, dévoilant du coup ses positions extrémistes et la possibilité qu’il puisse exercer sa profession selon ses croyances et opinions plutôt que sur des faits et techniques encadrés normalement par le collège montréalais et le ministère de l’éducation.
Dans ce message, Monsieur Laberge livrait son aversion et son profond dégoût pour les homosexuels, de sa peur et de son incompréhension de l’homosexualité. En entrevue avec un journaliste de Radio-Canada, il ajoutait: «J’ai un malaise depuis toujours envers l’homosexualité, mais je ne déclare pas la guerre aux homosexuels.» Il justifiait son sentiment de dégoût des homosexuels par des raisons «d’inspirations chrétiennes» et affirme ne jamais avoir partagé cela dans ses cours au CEGEP. «J’ai toujours observé un devoir strict de réserve.» Or, le Magazine Gay Globe a été en mesure de découvrir que déjà en 2013, des étudiants se plaignaient de son homophobie en classe, un message avait été laissé sur la page Facebook de «Spotted: Cégep du Vieux-Mtl» le 21 mai 2013 à cet effet.
Le professeur a été suspendu par le CEGEP le temps de faire enquête, mais voilà qu’il invoque le droit à la liberté d’expression en défense. Il y a beaucoup de choses que Jean Laberge ne comprend pas, à commencer par la définition même de «philosophie» qui, selon Wikipédia, signifie «l’amour de la sagesse».
À lire les propos de M. Laberge, nous en sommes loin. Ce qu’il ne comprend pas non plus, c’est l’impact que de telles idées peuvent avoir sur les jeunes des communautés LGBT qui fréquentent son institution et sur l’image que ces jeunes peuvent avoir d’eux-mêmes alors qu’ils sont à un âge très vulnérable.
Comment arriver à développer une pensée critique et philosophique en sachant que la personne devant toi a peur de ce que tu représentes et déteste profondément ce que tu es non pas sur la base de l’ensemble de ta personnalité, mais uniquement sur la base de ceux que tu aimes? Comment du même coup avoir confiance en un professeur qui doit évaluer, critiquer et noter les travaux scolaires alors qu’advenant la possibilité qu’il sache qu’un étudiant est homosexuel, il pourrait être tenté de lui donner de moins bonnes notes, de le persécuter ou de le diminuer en classe. N’oublions pas que le professeur Laberge est en position de pouvoir quand il enseigne.
Personnellement j’ai été extrêmement troublé de prendre connaissance de ces propos. Je me bats depuis 30 ans pour redonner un peu de fierté aux jeunes LGBT et montrer un exemple positif quant à la question du suicide des jeunes. Cet homme gâche activement tout ce qui a été fait au Québec en la matière. Heureusement que la Charte des droits et libertés, aux articles 10 et 11, interdit à M. Laberge de propager de tels propos. Un avis a d’ailleurs été demandé à la Commission pour une plainte éventuelle.
Enfin, la direction du collège montréalais devait déterminer des sanctions à appliquer au professeur. Nous donnerons suite à ce dossier dans la prochaine édition du Magazine.