Sur l’un des titres de son nouveau CD Want Two, Rufus Wainwright prévient :
«Vous feriez mieux de prier pour vos péchés/car le messie gay est sur le point
d’arriver.» Bien sûr, ses fans sont persuadés que le sauveur homo de la musique
populaire est déjà là, et qu’il porte pour nom… Rufus Wainwright. Une opinion
que le chanteur-compositeur canadien ne réfute pas entièrement : «La pop est
tellement ennuyeuse ces temps-ci, déclarait-il récemment. On dirait un mau-
vais film de science-fiction où seuls de petits groupes auraient survécu: la «tribu
Beyoncé», la «tribu Strokes»… Tout le monde sonne pareil, normal qu’on me
remarque ! C’est pourquoi le monde a besoin de gens comme moi !» Le monde
en question continue toutefois d’ignorer largement le remarquable talent de
Wainwright qui, à l’évidence, n’est pas prêt à se brader pour décrocher un hit.
Hormis le Gay Messiah susmentionné et The One You Love, le single actuel,
l’album Want Two regorge de chansons audacieuses plus influencées par la pas-
sion que voue leur auteur à l’opéra et à la musique classique que celles de Want
One, son CD précédent (même si les deux ont été enregistrés en même temps).
Du coup, son label (Dreamworks) a inclus dans le nouveau CD un DVD mon-
trant Wainwright et son impeccable groupe récemment en concert à San Fran-
cisco. Quiconque demeurerait sceptique est invité à visionner l’objet au plus
vite. Ou mieux encore, à se montrer d’une ponctualité rigoureuse ce soir pour
juger sur pièces ce musicien à cent coudées du lot commun des chanteurs-com-
positeurs en activité : Wainwright assurant (avant un concert au Printemps de
Bourges et un autre en vedette en mai à Paris) la première partie de Keane, un
trio d’ex-étudiants anglais dont le premier CD s’est classé au sommet des charts
l’an dernier et qui lui a valu de récolter une poignée d’awards dans la foulée.