De la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui : Israël reproduit les méthodes des bourreaux

Photo Palestine

Carle Jasmin, Arnaud Pontin et Roger-Luc Chayer (Photo : Amnistie Internationale)

S’il existe une référence dans l’histoire de l’humanité selon laquelle le génocide palestinien ne devrait même pas exister, elle se trouve dans les événements de la Seconde Guerre mondiale, entre les puissances alliées et celles de l’Axe — le Japon, l’Allemagne et l’Italie — opposées aux pays tombés ensuite sous l’influence de l’URSS (Union des Républiques socialistes soviétiques), devenue la Russie actuelle.

Il ne fait aucun doute, dans l’esprit de quiconque, que le Hamas palestinien a très mal joué son jeu en attaquant Israël il y a trois ans, causant la mort de centaines de personnes et enlevant des femmes, des enfants, des hommes, et même profanant des morts. Le Hamas, sorte de groupe politico-terroriste, n’a certainement pas anticipé la réplique d’Israël, qui a riposté militairement de manière extrême.

Mais le peuple palestinien n’est pas le Hamas, pas plus que les peuples japonais, allemands et italiens de l’époque n’étaient tous des extrémistes, des fascistes ou des nazis.

L’État ne fait pas le citoyen !

Le génocide palestinien… Si un seul peuple au monde a connu l’expérience d’un génocide, c’est bien le peuple juif, qui commémore en tout temps la mémoire des victimes exécutées par les nazis en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. L’histoire de la Shoah — ou de l’Holocauste, si l’on préfère — est enseignée dans les écoles afin de rappeler que ce peuple fut la cible d’une guerre sauvage menée par des dirigeants fanatiques qui ont orchestré l’extermination des Juifs d’Europe.

Or, voilà qu’aujourd’hui, Israël reproduit à son tour des méthodes semblables. L’État israélien inflige au peuple palestinien ce que les Juifs ont subi entre 1933 et 1945, et va même plus loin : non seulement il tue, mais il détruit systématiquement tout ce qui est palestinien. Maisons, hôpitaux, écoles, commerces, réseaux d’égouts, usines d’épuration, centrales électriques — rien n’est épargné.

Pire encore, en privant un peuple déjà accablé de son toit et de sa dignité, Israël coupe l’approvisionnement en nourriture et en médicaments dans la bande de Gaza, provoquant famine, épidémies mortelles, et ces images d’enfants et d’adultes émaciés qui brisent le cœur.

Que fait l’humanité devant ce carnage ?

Rien. Au moins, durant la Seconde Guerre mondiale, les nations du monde se sont unies pour affronter la menace nazie et fasciste, ainsi que les ambitions de conquête de l’Empire du Japon alors qu’aujourd’hui, devant la situation palestinienne, PERSONNE n’ose mettre le pied à Gaza. Les puissances alliées de la Seconde Guerre mondiale formaient une vaste coalition dirigée par le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union soviétique, soutenue par la Chine et la France libre.

Autour de ce noyau, se sont joints le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et l’Inde britannique, ainsi que la Belgique, les Pays-Bas, la Grèce, la Yougoslavie, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Norvège, le Danemark et le Luxembourg. L’Amérique latine participa également à l’effort de guerre avec le Brésil, le Mexique et plusieurs autres États, tout comme l’Éthiopie, la Tchad, la Syrie et le Liban après la fin des mandats français. Cette coalition planétaire a permis de mobiliser des forces venues d’Europe, d’Asie, d’Afrique, d’Océanie et des Amériques contre l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon impérial.

L’erreur israélienne

L’erreur d’Israël est de ne pas regarder plus loin que son nombril, alors que l’expérience de la Seconde Guerre mondiale devrait justement encore une fois lui servir d’inspiration dans la gestion de la question palestinienne. Les puissances alliées ont transformé les anciens États de l’Axe en partenaires en combinant une défaite militaire totale, une occupation prolongée et une reconstruction politique, économique et sociale encadrée.

Après la capitulation, les régimes fascistes et militaristes furent démantelés, les responsables poursuivis ou écartés, puis de nouvelles institutions démocratiques instaurées sous supervision internationale. Parallèlement, un vaste effort de reconstruction, comme le plan Marshall en Europe ou la réforme économique et sociale imposée au Japon, a contribué à stabiliser ces sociétés ruinées. Enfin, dans le contexte de la guerre froide, l’intégration de l’Allemagne de l’Ouest, de l’Italie et du Japon dans le camp occidental a été accélérée, transformant d’anciens ennemis en alliés stratégiques face à l’expansion soviétique.

Du côté de l’Union soviétique, la gestion des anciens ennemis a pris une forme radicalement différente de celle des puissances occidentales. Après la victoire, l’Armée rouge a occupé l’Europe de l’Est et une partie de l’Allemagne, y installant des régimes communistes satellites sous le contrôle direct de Moscou. Plutôt qu’une reconstruction démocratique, il s’agissait d’une transformation idéologique et politique complète : les structures fascistes ont été écrasées, les opposants éliminés ou réduits au silence, et des partis communistes ont été imposés au pouvoir. L’économie a été intégrée dans le système soviétique, et la société placée sous surveillance étroite, avec une répression massive de toute dissidence.

Résultat : les Alliés ont démontré qu’après une guerre, la vengeance n’apporte rien. Israël, plutôt que de chercher à détruire complètement Gaza et à faire disparaître le peuple palestinien, devrait se concentrer sur l’élimination de la menace pour éviter la répétition d’attaques comme celle survenue il y a trois ans. L’enjeu serait ensuite de prendre le contrôle de Gaza non pas pour l’anéantir, mais pour en faire un partenaire démocratique, économiquement viable et bénéfique au développement futur d’Israël.

Il s’agit, en somme, d’introduire un peu d’humanité dans une situation qui a clairement dérapé. Reste à savoir qui saura imposer la raison, à Israël comme à la Palestine.

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