
Roger-Luc Chayer (Photo : Gay Globe)
À chaque année depuis le 11 novembre 2012
Je commémore la médaille que j’ai reçue sur ordre de la reine Élisabeth II pour l’ensemble de ma carrière musicale, tant au Canada qu’en Europe, ainsi que pour ma carrière de journaliste et d’éditeur.
Cette médaille m’avait été remise lors d’une cérémonie présidée par le représentant de la Reine au Québec, le lieutenant-gouverneur, en présence d’un public nombreux et de plusieurs de mes proches, dans la magnifique salle de concert du Collège Regina Assumpta.
On souhaitait ainsi honorer non seulement mes accomplissements personnels, mais aussi mes contributions à quelque chose de plus grand que moi, dans des circonstances parfois difficiles.
La responsabilité d’une récompense
La responsabilité subséquente d’une telle récompense demeure toujours présente.
Plusieurs récipiendaires considèrent avoir été récompensés pour les devoirs accomplis et estiment pouvoir passer à autre chose. En cela, ils n’ont pas tort. Mais pour ma part, j’ai une toute autre vision de cette distinction, qui marque un point dans le temps, un instantané du passé, tout en imposant une exigence envers l’avenir. Je m’explique.
À partir du moment où l’on prend la peine de souligner votre apport à l’humanité, l’avenir se doit d’être encore plus honorable.
Le rôle du musicien et la transmission du savoir
Comme musicien, j’ai toujours cherché à transmettre mon savoir, allant jusqu’à offrir des cours gratuitement afin que l’art du cor, tel qu’enseigné par mon professeur Paul Warin au Conservatoire national de Nice, continue de se propager.
Il en allait de même pour la direction d’orchestre, où j’ai souvent enseigné bénévolement les subtilités du langage corporel propre à l’art de faire s’épanouir un orchestre de chambre ou symphonique.
Comme propriétaire du label Disques A Tempo, j’ai également offert des milliers de CD de musique classique aux écoles de musique de Montréal, sans jamais rien facturer, simplement pour le plaisir d’enrichir les oreilles de jeunes musiciens en devenir.
C’est toutefois dans le journalisme que j’ai le plus évolué
Avec cette obligation constante de maintenir un certain niveau d’exemplarité — médaille et reconnaissance obligent —, c’est dans le journalisme que je crois avoir le plus donné.
J’ai souvent abordé des sujets sensibles que d’autres n’osaient même pas envisager. Non seulement certains thèmes d’actualité étaient délicats, mais ils soulevaient aussi des questions profondes sur l’identité et la complexité des communautés LGBTQ+.
La question trans, celle du débat autour de l’acronyme LGB-T-Q-2-A, celle du droit à la dignité en fin de vie pour les personnes atteintes du sida, ou encore celle de l’abandon des personnes homosexuelles vieillissantes : autant de sujets dérangeants dont on préfère souvent éviter de parler, parce qu’ils font mal.
Mais j’ai toujours cru que, comme éditeur d’un groupe de médias LGB, j’avais la responsabilité de les traiter, de les publier et de veiller à leur diffusion sur Gayglobe.net, afin qu’ils demeurent accessibles comme ressources là où, trop souvent, il n’y avait que le néant.
La crise de la COVID : un tournant décisif
Arrive mars 2020. Le monde est saisi par la peur, et plusieurs pays affrontent la crise de la COVID avec très peu de moyens. Des gens meurent dans les rues des grandes capitales du Sud, des hôpitaux éphémères surgissent partout, on enterre les morts dans des fosses communes.
Pendant ce temps, au Québec, comme ailleurs en Amérique du Nord et en Europe, les gouvernements ferment les économies et instaurent des mesures exceptionnelles pour éviter l’effondrement des systèmes hospitaliers.
Nous vivions comme dans un film de science-fiction, une sorte de fin du monde!
Nous avions peur de ce qui s’en venait et, au plus fort de la crise, on nous a demandé — ou plutôt ordonné — de ne plus sortir de chez nous. Des couvre-feux furent décrétés, nous obligeant à nous tourner vers nous-mêmes, à explorer ce que nous avions dans le cœur, faute de pouvoir aller voir ailleurs.
Commerces et services fermés : Gay Globe n’avait pas dit son dernier mot
La plupart des annonceurs du magazine étant fermés, il n’était évidemment pas question de continuer à publier la version papier ni de payer des frais d’imprimeur qui ne seraient pas couverts par la publicité. Que faire alors?
Le gouvernement du Canada avait mis en place une série de mesures d’aide financière pour soutenir les travailleurs et salariés aux prises avec une baisse de revenus. Dans mon cas, comme j’étais travailleur autonome, j’ai reçu cette aide, ce qui m’a permis de respecter mes obligations financières.
Mais comment aider ma communauté au mieux? Comment soutenir ces commerces fermés pour le moment, mais qui reviendraient éventuellement, quand l’orage serait passé?
Eurêka! J’avais encore un magazine, populaire et fort d’un lectorat fidèle. Même si la version papier était en pause, il restait la version électronique en PDF, déjà publiée auparavant à chaque parution de la version imprimée.
Pourquoi ne pas continuer, et même augmenter la fréquence des publications, tout en laissant les publicités dans les pages, avec leurs liens, sans la moindre facturation? Juste pour qu’on n’oublie pas ces partenaires importants, pour qu’ils restent vivants aux yeux des lecteurs. Et c’est ce que j’ai fait, pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que les commerces puissent lentement rouvrir.
Aucun annonceur n’a jamais été facturé. J’ai fourni du matériel journalistique tout à fait gratuitement, pour meubler les longues journées de nos lecteurs. J’ai mis le véhicule de Gay Globe à disposition pour effectuer des transports bénévoles, et j’ai souvent circulé dans le Village gai de Montréal, devenu fantôme, peuplé de quelques sans-abris errants.
À la fin de la crise, j’ai réalisé tout ce que j’avais accompli, seul dans mon coin, et j’ai compris que j’avais été, à ma manière, un grand homme. J’avais découvert un aspect de ma personnalité que j’ai beaucoup aimé, et tout cela s’inscrivait dans la continuité logique d’une reconnaissance reçue pour des gestes exceptionnels.
Voilà pourquoi je dis qu’une récompense n’est pas une fin, mais plutôt une tape sur l’épaule qui nous dit : « Continue, tu fais bien les choses. »
Qu’est-ce que le 11 novembre dans le monde ?
Le 11 novembre est une date hautement symbolique au Québec, au Canada et en Europe, car elle commémore la fin de la Première Guerre mondiale et rend hommage à tous ceux qui ont servi ou perdu la vie dans les conflits armés.
Au Canada, cette journée est connue sous le nom de Jour du Souvenir (Remembrance Day). On y honore la mémoire des soldats canadiens morts au combat, depuis la Première Guerre mondiale jusqu’aux missions récentes. À 11 h, une minute de silence est observée dans tout le pays — heure correspondant à la signature de l’armistice de 1918. Le coquelicot rouge, inspiré du poème In Flanders Fields du médecin canadien John McCrae, est le symbole du souvenir.
Au Québec, le 11 novembre est commémoré de la même façon qu’ailleurs au Canada, bien que la tradition soit un peu moins ancrée qu’en Angleterre ou dans l’Ouest canadien. Des cérémonies ont lieu notamment au Monument aux braves à Montréal et devant les cénotaphes de plusieurs villes.
En Europe, le 11 novembre est célébré comme le jour de l’Armistice. En France et en Belgique, c’est un jour férié national qui marque la fin de la Grande Guerre et rend hommage aux soldats tombés au combat. Des cérémonies solennelles ont lieu, par exemple à l’Arc de Triomphe à Paris, où brûle la flamme du Soldat inconnu.
Partout, le 11 novembre symbolise la paix retrouvée et la mémoire des sacrifices.