
Par: Roger-Luc Chayer (Photo: Gérald Henri Vuillien)
Gérald Henri Vuilien contribue à la chronique Hypnose de près ou de loin depuis ses tout débuts. Il est également formateur et superviseur de stage à l’École de formation professionnelle en hypnose du Québec, en plus de pratiquer activement l’hypnose au quotidien.
Récemment, il a eu l’occasion de mettre en pratique ses connaissances en autohypnose, alors qu’il devait subir une importante chirurgie cardiaque, initialement prévue comme un double pontage coronarien, mais qui s’est finalement transformée en triple pontage — une épreuve aux lourdes conséquences tant physiques que mentales.
« Même si l’opération nécessitait une anesthésie générale de longue durée, je voulais me préparer pour l’avant et l’après, car je savais que le coma artificiel dans lequel on allait me plonger pouvait provoquer des cauchemars et de mauvais souvenirs au réveil, voire plusieurs jours après », nous confie Gérald.
« Je me suis donc préparé grâce à l’autohypnose. J’ai entamé un processus mental dans lequel j’implantais des symboles d’amour et de bien-être dans mon esprit. Mon objectif était d’être un spectateur plutôt qu’un simple patient, d’instaurer une forme de détachement intérieur. Comme je revenais d’une croisière, j’avais en tête de très belles images, et c’est cela qui m’a permis d’arriver à la salle d’opération dans un calme étonnant.
Il existe des techniques d’autohypnose spécialement conçues pour le cadre médical et la préparation à une chirurgie. J’ai mis en pratique mes propres connaissances dans ce domaine. »
L’opération a duré plus longtemps que prévu pour Gérald, qui est resté sur la table près de huit heures. À son réveil, tout ce qu’il avait préparé à l’avance s’est déroulé comme il l’avait souhaité. D’abord, il a repris connaissance instantanément, avec une pleine lucidité et tous ses esprits.
Ce qui l’a le plus rassuré, c’est que, grâce à sa préparation par l’autohypnose, et contrairement aux attentes, il n’a souffert d’aucun cauchemar ni d’hallucination, même à long terme. Les images qu’il s’était implantées dans l’esprit avant l’intervention sont exactement celles qui sont revenues à son réveil, comme si le temps s’était arrêté.
Un autre aspect de la technique de Gérald est l’utilisation de l’autohypnose pour mieux gérer la douleur post-opératoire, en mobilisant les ressources mentales pour apaiser le corps. Elle aide à réduire l’anxiété, à diminuer la perception de la douleur et, parfois même, à limiter le recours aux médicaments, favorisant ainsi une récupération plus sereine et rapide.
Plusieurs personnes nourrissent des doutes à l’égard de l’autohypnose et croient, souvent à tort, qu’elles ne pourront pas en bénéficier en raison de leur caractère dominant ou de leur besoin constant de garder le contrôle. En tant que thérapeute, je leur réponds toujours que ce type de personnalité est, au contraire, un candidat idéal. Car, en général, les personnes très dominantes dans la vie, qui aiment tout encadrer et tout maîtriser, sont justement celles qui, lorsqu’elles lâchent prise, le font entièrement. Et ce sont souvent ces personnes qui plongent le plus profondément en transe.
Voilà une démonstration très intéressante de l’application de l’autohypnose dans un contexte particulièrement sensible, et je remercie Gérald d’avoir eu la gentillesse de partager son expérience avec les lecteurs.
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