Le VIH n’est plus une condamnation : fin d’une ère et fermeture historique à Toronto

Image de la fin du VIH

Roger-Luc Chayer (Image : Meta IA / Gay Globe)

Le VIH/SIDA appartient-il enfin au passé ?

Nous y voilà. J’espérais pouvoir l’annoncer de mon vivant, et surtout en exclusivité, ce que je fais aujourd’hui même, en ce 12 septembre 2025. C’est avec une émotion intense que nous assistons aux premiers signes définitifs indiquant que le VIH/SIDA appartient désormais au passé, grâce à de nombreuses avancées.

Je ne dis pas que le virus n’existe plus ni qu’il ne sera plus transmis. Je dis qu’à l’instar de la grippe, de la gastroentérite ou d’une conjonctivite, des problèmes de santé existeront toujours. Mais l’humanité est aujourd’hui à un stade de développement tel que le VIH n’est plus une condamnation à mort : il devient une condition traitable, prévenable et désormais comparable aux autres affections bénignes qui, de temps à autre, nous touchent.


Fermeture du AIDS Committee of Toronto (ACT)

Un des signes les plus évidents de ce constat est la fermeture d’un centre autrefois d’une importance capitale : le AIDS Committee of Toronto. Dans un communiqué transmis à Gay Globe le matin du 12 septembre, l’ACT déclarait :

Après plus de quarante ans d’existence, le AIDS Committee of Toronto (ACT) a annoncé qu’il mettra fin à ses activités d’ici le 31 mars 2026. Cette décision, difficile mais jugée nécessaire, s’explique par des contraintes financières persistantes, la diminution du nombre d’usagers et l’évolution du paysage du VIH et du système de santé canadien.

Fondée en 1983, en pleine crise du sida, ACT a été un acteur central dans le soutien aux personnes vivant avec le VIH et à leurs proches, en offrant éducation, prévention, plaidoyer et accompagnement. « Nous sommes extrêmement fiers de notre contribution », a déclaré Ryan Lisk, directeur général, rappelant que l’organisation avait été créée avec l’espoir qu’un jour elle ne serait plus nécessaire.

L’âge des bénéficiaires va surtout de 26 à 65 ans, avec un tiers de personnes de plus de 55 ans, reflet des progrès thérapeutiques qui permettent désormais une espérance de vie prolongée. Si la lutte contre le VIH a profondément changé grâce aux avancées médicales — traitements antirétroviraux, PrEP, principe « indétectable = intransmissible » —, de nouveaux besoins émergent : santé mentale, logement, vieillissement et soutien social.

D’ici sa fermeture, ACT prévoit d’organiser un grand événement communautaire en mars 2026 afin de célébrer ses 42 ans de services, ses bénévoles, ses initiatives phares comme Fashion Cares et AIDS Walk, et l’extraordinaire résilience bâtie face à l’épidémie.


Que sont devenues les maladies opportunistes liées au VIH ?

Au début de l’épidémie du VIH, avant l’arrivée des multithérapies, les décès étaient surtout causés par des infections opportunistes qui profitaient de l’effondrement du système immunitaire. La plus redoutée était la pneumonie à Pneumocystis jirovecii, souvent la première manifestation du SIDA et responsable de détresses respiratoires fulgurantes. La tuberculose représentait aussi une menace majeure, particulièrement dans les pays du Sud, où la co-infection VIH/TB faisait des ravages.

D’autres infections comme le complexe Mycobacterium avium entraînaient des fièvres persistantes, une anémie sévère et un amaigrissement extrême, tandis que la candidose, bénigne en temps normal, devenait envahissante et pouvait toucher l’œsophage ou les poumons. Le système nerveux central n’était pas épargné, avec des méningites causées par le Cryptococcus et des encéphalites dues à la toxoplasmose, souvent fatales.

Enfin, le cytomégalovirus provoquait des atteintes graves, allant de la rétinite conduisant à la cécité à des infections disséminées des poumons et du tube digestif. Ces maladies, rarement mortelles chez des personnes en bonne santé, transformaient alors le diagnostic de VIH en une condamnation quasi inévitable.


Des médicaments très efficaces et ciblés

Aujourd’hui, avec l’arrivée des multithérapies antirétrovirales efficaces depuis le milieu des années 1990, le visage du VIH a profondément changé. Les maladies opportunistes qui décimaient les patients aux débuts de l’épidémie sont devenues beaucoup plus rares dans les pays où les traitements sont accessibles. Lorsqu’une personne vivant avec le VIH prend correctement sa trithérapie et maintient une charge virale indétectable, son système immunitaire reste suffisamment fort pour empêcher l’apparition de ces infections.

Cela ne signifie pas que ces maladies ont disparu. Dans les régions du monde où l’accès aux traitements est limité, comme certaines zones d’Afrique subsaharienne ou d’Asie, elles continuent d’être des causes importantes de mortalité. La tuberculose reste particulièrement préoccupante, car elle demeure la première cause de décès liée au VIH à l’échelle mondiale, même si elle est aujourd’hui largement évitable et traitable.


À propos des vaccins préventifs ou curatifs

La recherche a franchi un cap important avec les essais utilisant les anticorps neutralisants à large spectre, qui visent à déclencher une réponse immunitaire capable de bloquer différentes souches du virus. Des résultats récents, notamment ceux coordonnés par IAVI et Scripps Research, ont montré qu’il était possible, grâce à une stratégie de type « prime-boost », de stimuler chez l’humain ce type de réponse immunitaire, une étape cruciale vers la mise au point d’un vaccin. La technologie de l’ARN messager, déjà utilisée pour la COVID-19, a également ouvert de nouvelles perspectives : elle permet d’encoder des parties du virus afin d’activer spécifiquement les cellules immunitaires les plus efficaces.

La PrEP est un traitement préventif médicamenteux. Le principe est simple : au lieu d’induire une réponse immunitaire durable comme le ferait un vaccin, la PrEP maintient dans le corps une concentration suffisante d’antirétroviraux pour bloquer le virus dès son entrée dans l’organisme. La forme la plus connue reste la prise quotidienne de comprimés (généralement tenofovir/emtricitabine). Mais depuis peu, certaines régions du monde offrent aussi la PrEP injectable à longue durée d’action (cabotegravir), administrée tous les deux mois.


Devoir de mémoire

Sur un point de vue plus personnel, cette sorte de fin du cauchemar du VIH soulève en moi de nombreuses émotions, de haine, de colère et de tristesse pour toutes les personnes disparues, leur famille, leurs amoureux et pour la société en général.

Nous avons perdu collectivement des milliers de génies, d’artistes, d’acteurs, de scientifiques, de musiciens, de politiciens, plein de gens qui auraient pu contribuer au mieux-être du monde. Non ce n’est pas la même chose qu’avec le cancer, l’Alzheimer ou les maladies dégénératives, car la très grande majorité des personnes mortes du SIDA étaient des jeunes, ils avaient toute la vie devant eux et comme le disait si bien Céline Dion dans nos pages pendant plus de 17 ans : « Pour avoir le plaisir d’aimer, sans mourir d’aimer ».

Je termine mon texte en pensant à vous, Léo, Lucas, Ethan, Nathan, Hugo, Liam, Gabriel, Noah, Maxime, Matteo, Axel, William, Arthur, James, Alexandre, Ryan, Tom, Julien, Evan, Victor, Mason, Tristan, Adrian, Simon, Leo, Benjamin, Logan, Nathaniel, Clément, Owen, Paul, Dylan, Nicolas, Liam, Samuel, Matteo, Hugo, Ethan, Lucas, Jordan, Max, Anthony, Ethan, Thomas, William, Julian, Nathan, Alex, Evan, Theo, Martin, Rayan, Enzo, Liam, Sacha, Ethan, Gabriel, Noah, Hugo, Lucas, Maxence, Antoine, Ian, Elliot, Oscar, Felix, Raphael, Adam, Chloe, Emma, Lily, Zoé, Mia et à toi en particulier, mon amour Pascal.

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