
Roger-Luc Chayer (Image : Meta IA / Gay Globe – afin de protéger l’identité de Daniel)
La réalité du sida en 2025
Oui, malheureusement, en 2025 encore, on meurt du sida. Je ne parle pas ici des pays qui manquent de ressources pour traiter les personnes vivant avec le VIH, mais bien de nos pays riches, où l’accès aux traitements efficaces contre le VIH est plus facile, à condition qu’on y réponde correctement.
Le cas de Daniel : un jeune homme face au sida
Daniel, 29 ans, est décédé le 10 novembre dernier de complications liées au sida, seul, abandonné, malgré ses appels à l’aide pour ne pas fermer les yeux à jamais sans qu’on lui tienne la main.
Il existe pourtant des traitements antirétroviraux efficaces, plus légers qu’autrefois, qui permettent à la plupart des personnes vivant avec le VIH de mener une vie presque normale. Mais Daniel faisait face à des difficultés personnelles qui compliquaient sa vie avec le VIH. Ses prises irrégulières de médicaments, combinées à son itinérance, ont entraîné le développement d’une certaine résistance aux traitements antirétroviraux, ce qui l’obligeait à des visites fréquentes à l’hôpital.
Avec le temps, ces visites sont devenues de plus en plus fréquentes, et ses séjours hospitaliers de plus en plus longs, jusqu’à ce qu’environ trois semaines avant sa mort, on préfère le garder pour lui offrir des soins palliatifs adaptés plutôt que de le remettre à la rue.
La solitude, pire que la maladie
Je connaissais Daniel depuis longtemps. Au début, j’avais essayé de l’aider un peu, en lui fixant des objectifs réalistes pour qu’il puisse faire quelques petits boulots, dans l’espoir qu’il puisse obtenir un hébergement plus stable. Mais j’ai vite compris que son pire ennemi n’était pas la maladie, mais la drogue, cette dépendance qui faisait que rien ne lui collait à la peau, ni ses objectifs, ni même la prise régulière de ses médicaments antirétroviraux.
Il y a quelques jours, il m’avait contacté pour me dire qu’il gardait bon espoir de pouvoir rester à l’hôpital, le temps qu’on lui trouve un milieu de vie adapté à son VIH. Il m’avait confié que sa pire peur était de mourir dehors, seul. Il voulait juste entendre le bruit d’une maison ordinaire, la vaisselle qui s’entrechoque, les jasettes autour du dessert.
Il savait qu’il était très atteint, mais refusait de croire que ses jours étaient comptés, même si le personnel médical lui expliquait qu’on avait du mal à stabiliser son état, et qu’il risquait que ses jours soient vraiment comptés s’il attrapait une complication liée au sida.
Les complications du sida qui mènent à la mort
Selon mes recherches médicales, les complications du sida qui mènent à la mort sont souvent le résultat d’un système immunitaire qui s’effondre peu à peu. Quand le virus VIH affaiblit les défenses naturelles, le corps devient une proie facile pour des infections opportunistes qui normalement seraient sans danger, mais qui, là, se transforment en véritables fléaux.
Pneumonies, infections pulmonaires, mais aussi des maladies comme la tuberculose ou des cancers agressifs liés au sida s’invitent, s’installent, et rongent lentement la vie. Parfois, ce sont des infections cérébrales qui dégradent peu à peu les facultés, laissant la personne prise au piège dans son propre corps. Tout cela s’ajoute à la fatigue profonde, à la douleur qui s’installe, et souvent à l’isolement, faisant de la maladie une épreuve terrible.
La mort de Daniel
Hier, Daniel est mort à 18h26, seul dans sa chambre d’hôpital. On m’a téléphoné pour m’en informer, alors qu’on aurait aussi pu m’appeler un peu plus tôt, pour que je puisse l’accompagner. On ne saura jamais s’il aurait voulu que je sois là, ou si le personnel soignant, débordé de toutes parts, a simplement oublié de regarder le numéro de téléphone qu’il avait laissé sur sa table de chevet.
Hier, Daniel est mort seul, du sida.
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