Les jeunes gais, lesbiennes et trans surreprésentés dans l’itinérance

Image jeune homme

Roger-Luc Chayer (Image : Meta / Gay Globe)

Un phénomène global dans les grandes villes

On parle de plus en plus, dans les grandes villes du monde, du phénomène de l’itinérance lié à la crise du logement, que ce soit à Montréal, à Paris ou ailleurs en Amérique du Nord et en Europe. Si les loyers flambent à Montréal, Paris, New York ou Berlin, ce n’est pas un hasard. Ces villes attirent toujours plus d’habitants en quête d’emplois, d’études ou d’un mode de vie urbain, mais l’offre de logements ne suit pas.

Construire coûte cher, les terrains sont rares, les permis se font attendre et les matériaux, comme la main-d’œuvre, se paient à prix fort. À cela s’ajoute un phénomène bien connu : l’immobilier est devenu un produit financier avant d’être un toit, attirant investisseurs et spéculateurs qui font grimper les prix. Les plateformes de locations touristiques retirent également des milliers d’appartements du marché locatif traditionnel.

Les gouvernements semblent aujourd’hui courir derrière la crise, après avoir longtemps délaissé le logement social et abordable. Le résultat : un cocktail explosif qui rend le logement de plus en plus inaccessible pour une grande partie de la population.


Les personnes LGBTQ2S+ particulièrement touchées

Statistiques et réalité quotidienne

Malheureusement, les personnes homosexuelles, lesbiennes ou trans sont encore davantage touchées par la crise du logement, et plusieurs se retrouvent en situation d’itinérance en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre.

Une enquête menée lors d’une journée de recensement au Québec montre que les personnes s’identifiant comme LGBTQ sont surreprésentées parmi la population itinérante visible dans la métropole. À l’échelle canadienne, on estime que 20 % à 40 % des jeunes en situation d’itinérance appartiennent à cette communauté, souvent après avoir été rejetés par leur famille.

Le taux d’inoccupation des logements locatifs au Québec s’élevait à seulement 1,7 % à l’automne 2022, bien en dessous du seuil d’équilibre fixé à 3 %. Dans un tel contexte, la discrimination envers les personnes LGBTQ+ dans la recherche d’un appartement devient un facteur déterminant. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre avril 2018 et octobre 2022, l’itinérance visible a bondi de 44 % au Québec, dont 33 % à Montréal. Dans la métropole, environ 4 690 personnes vivaient dans la rue en 2022, sur un total de 10 000 pour la province.

Le Village : entre refuge et précarité

Le Village, quartier historiquement reconnu comme un espace sécuritaire pour les personnes LGBTQ+, en est aujourd’hui l’un des visages les plus visibles. Témoins locaux et organismes communautaires décrivent une réalité marquée par l’itinérance, les dépendances et une criminalité accrue. « Un nombre écrasant de personnes sans abri sont des personnes LGBTQ2S+ », rapporte Xtra Magazine. Ce constat rappelle que ce lieu de refuge est devenu aussi un espace de grande précarité.


Initiatives et solutions locales

Projets récents à Montréal

Face à la crise, des initiatives voient le jour. En février 2024, le bâtiment Le Christin a ouvert ses portes avec 114 logements accompagnés de soutien psychosocial. Quelques mois plus tard, une enveloppe de 115 millions de dollars a été attribuée à 51 projets de logement d’urgence et transitoire, offrant plus de 500 places supplémentaires prévues d’ici 2026.

En août 2025, la Ville a investi 22,5 millions dans 42 projets communautaires, allant de l’hébergement modulaire à des navettes de soutien. Malgré ces efforts, les refuges demeurent saturés, les campements se multiplient et de nombreux travailleurs sociaux ressentent un profond sentiment d’impuissance.

Ressources utiles pour les jeunes LGBTQ+

À Montréal

  • Dans la rue : abri d’urgence, services psychosociaux et logement adapté pour jeunes trans et non binaires. danslarue.org
  • Coalition des groupes jeunesse LGBTQIA+ du Québec : ressources pour organisations aidant les jeunes 2SLGBTQIA+ sans-abri. ccglm.org
  • GRIS-Montréal : soutien éducatif et accompagnement pour jeunes LGBTQ+ de 14 à 25 ans. gris.ca

À Paris

  • Le Refuge : hébergement d’urgence et accompagnement social pour jeunes LGBTQ+.
  • Maison des Adolescents de Paris (MDA Paris) : accueil et soutien pour jeunes en difficulté, incluant les problématiques liées à l’orientation sexuelle.

En Europe

  • FEANTSA : recueil de recherches et services sur l’itinérance des personnes LGBTIQ+. feantsa.org
  • ILGA-Europe : informations sur les droits et services pour personnes LGBTIQ+.

En Amérique du Nord

  • Covenant House : soutien complet aux jeunes sans-abri, incluant les LGBTQ+.
  • True Colors United : initiatives pour l’itinérance des jeunes LGBTQ+.
  • The Trevor Project : prévention du suicide et soutien pour jeunes LGBTQ+ sans-abri.

Lignes d’écoute

  • YouthLine (Ontario, Canada) : soutien par des pairs pour jeunes 2SLGBTQ+, du dimanche au vendredi de 16h à 21h EST.
  • LGBT National Help Center (États-Unis) : assistance et salons de discussion pour jeunes de moins de 19 ans.

Responsabilité gouvernementale

La crise du logement et de l’itinérance à Montréal touche particulièrement les personnes LGBTQ2S+. Discriminations, surreprésentation dans l’itinérance et manque de ressources adaptées augmentent leur vulnérabilité.

Malheureusement, les gouvernements semblent « dormir au gaz ». Plutôt que d’attaquer les causes profondes, ils débloquent seulement quelques budgets ponctuels. Pendant ce temps, les citoyens et les communautés continuent de payer le prix de cette inertie.

Pub

Gayglobe.net

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *