Nouvel Observateur
THEORIE DU GENRE. Les propos tenus par Lionnel Luca vendredi sont un affront à la communauté homosexuelle. Les représentants du pouvoir exécutif ne peuvent pas continuer à s’exprimer ainsi, l’Etat doit les sanctionner.
Sélectionné et édité par Melissa Bounoua
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La bêtise est sans nom, et M. Luca cette fois-ci l’illustre parfaitement bien. La polémique initiée par la « théorie du genre » n’en finit pas de faire ressortir les préjugés, les amalgames et insultes homophobes en tout genre. Une parole réellement décomplexée, qui vaut tout de même quelques pépites. Qui a dit que les poncifs n’avaient pas la vie dure ?
Lionnel Luca le 21 mai 2011 pendant le Festival de Cannes – AFP PHOTO / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT
Lionnel Luca le 21 mai 2011 pendant le Festival de Cannes – Crédit : AC POUJOULAT / AFP
Interrogé par différents médias pour l’appel qu’il a signé, avec 80 de ses collègues, contre les manuels de SVT qui mettent en lumière la question de la « théorie du genre », M. Luca, député UMP et membre de la droite populaire, a fait a deux reprises l’amalgame entre pédophilie et la « théorie du genre ».
« Ce qui est grave, c’est que cette théorie, sous couvert de reconnaître différentes identités sexuelles, veut légitimer à terme la pédophilie, voire la zoophilie puisque ceux qui le revendiquent aux Etats-Unis défendent l’amour pour les jeunes enfants » explique ainsi le politique non pas une fois, mais deux fois sur deux médias différents. Un lapsus alors ? Une fois peut-être, mais deux fois, ça semble réellement volontaire et un brun provocateur. Et que dire des propos tenus qui sont clairement condamnables ?
Un amalgame préjudiciable
Comparer cette théorie qui aborde l’homosexualité, à la zoophilie et la pédophilie, est un amalgame très préjudiciable pour nous homosexuels. Où est donc la limite à la parole ? Bientôt un passage à l’acte du côté de ces politiques ? Un passage à tabac, une volonté de lyncher une personne ? Je comprends mieux ceci dit pourquoi les propos homophobes tenus au sein du gouvernement sont si peu réprimandés par l’Etat, et que dire de l’inertie du gouvernement face aux agressions homophobes de plus en plus nombreuses.
L’homosexualité et les homosexuels peinent à s’affranchir de ces préjugés qui leurs collent à la peau. Pédophile, sado maso, zoophile, pervers, contre nature, et j’en passe. Comment se débarrasser de tels clichés si on nous les renvois constamment à la figure ? Comment faire évoluer l’opinion si on lui assène les mêmes conneries à longueur de temps ?
Si au sein du gouvernement et de la représentation politique, on laisse dire de telles choses sans sourciller, je comprend pourquoi il y a un tel laxisme à prendre des sanctions au plus haut sommet de l’Etat. M. Bénisti qui assimilait l’homosexualité au viol n’a pas été inquiété, M. Mariton et ses propos sur la « famille durable » sont passés comme une lettre à la poste, les dérapages actuels sur la question de la « théorie du genre » n’ont pas non plus été sanctionnés ni recadrés par le gouvernement, ni le Président lui même. Normal donc ?
Qu’attends donc l’Etat pour prendre ses responsabilités et appliquer des sanctions ? Des actes M. le Président, M. le Premier Ministre, des sanctions et des actes. C’est ce que nous attendons désormais de votre part.
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