Non, le pissenlit (dandelion) ne guérit ni le VIH ni le cancer

Photo Dandelion

Roger-Luc Chayer (Photo : Learn.colincanhelp.com)

Le web permet la diffusion de presque tout et n’importe quoi sur tous les sujets, qu’ils soient politiques, militaires, scientifiques ou médicaux. Certaines personnes se cachent derrière des pages Facebook souvent anonymes pour propager de la désinformation et, surtout, générer des clics, puisqu’ils sont rémunérés à la visite.

Le meilleur moyen d’attirer les plus crédules de notre société est de publier des titres et des nouvelles entièrement faux, qui viennent fausser la perception de l’information globale pour le simple lecteur. Et les plus crédules s’en donnent à cœur joie pour rediffuser ce qu’ils croient être une information capitale qu’eux seuls possèdent, sans rien vérifier et au mépris des effets néfastes que ces faussetés peuvent avoir sur l’information légitime.

C’est exactement ce qui se produit depuis quelques jours avec cette rumeur qui circule sur les réseaux sociaux et qui provient de plusieurs faux sites prétendument médico-scientifiques, affirmant que le dandelion — ou le pissenlit, si vous préférez — guérit le cancer et le sida en cinq jours seulement. WOW !

Là devrait s’arrêter la nouvelle, car il est tout simplement invraisemblable qu’une des fleurs les plus communes au monde puisse guérir les maux les plus mortels. Mais non, c’est là que commence le désastre quand on lit les dizaines de milliers de commentaires qui suivent ces publications et qui remercient tous les dieux, attaquent les grandes pharmas pour avoir caché à l’humanité la source de sa vie éternelle, sans parler des attaques contre les médias — rebaptisés « merdias » — accusés d’être complices des grandes industries qui, surtout, ne voudraient pas que les gens puissent se soigner facilement. Selon ces facho-conspirationnistes, il est bien plus payant de vendre des pilules que de guérir les malades.

En réalité, l’objectif affiché de la médecine et de la recherche pharmaceutique est bel et bien de soigner, de soulager et, lorsque c’est possible, de guérir. Et beaucoup de maladies sont effectivement guéries grâce aux progrès médicaux : infections bactériennes avec des antibiotiques, cancers détectés tôt, interventions chirurgicales, vaccins qui éradiquent certaines maladies… Donc l’idée qu’« on ne veut jamais guérir » est fausse dans l’absolu.

La recherche publique, les universités, les organismes de financement de la santé et même plusieurs entreprises innovent pour développer des vaccins, des thérapies géniques, ou des traitements qui guérissent réellement. De nombreux traitements ont permis de sauver ou prolonger des vies de manière durable, souvent grâce à des investissements gigantesques et à un encadrement réglementaire.

Est-ce que le Dandelion guérit réellement le cancer et le VIH ?

Page Facebook

Faux site scientifique diffusant de la fausse information

Malgré les prétentions de ces sites pseudo-scientifiques qui évoquent sans cesse des « recherches » sans jamais citer le nom d’un scientifique ou d’un institut sérieux, la véritable recherche, elle — celle qui explore réellement des pistes de traitement pour toutes sortes de conditions médicales — ne considère pas le pissenlit comme une option prometteuse. On lui reconnaît tout au plus quelques propriétés ou effets liés à son ingestion, mais ceux-ci peuvent parfois être nuisibles.

Il n’y a rien de mystérieux là-dedans : de nombreuses plantes ont des effets sur la santé humaine, ce n’est pas nouveau. L’aspirine, telle qu’on la connaît aujourd’hui, vient d’un principe actif naturel qu’on trouve dans certaines plantes, notamment l’écorce de saule blanc (Salix alba) et la reine-des-prés (Filipendula ulmaria, anciennement Spiraea ulmaria).

Depuis l’Antiquité, plusieurs civilisations utilisaient des décoctions d’écorce de saule pour soulager la douleur et la fièvre. Hippocrate, au Ve siècle avant notre ère, recommandait déjà l’utilisation de l’écorce de saule pour traiter certaines douleurs et la fièvre.

Au XIXᵉ siècle, les chimistes ont identifié le principe actif : la salicine, puis l’acide salicylique. Bien que l’acide salicylique soit efficace contre la douleur et l’inflammation, il provoquait de fortes irritations gastriques. Pour le rendre plus tolérable, en 1897, un chimiste allemand, Felix Hoffmann, travaillant pour Bayer, a réussi à synthétiser une forme plus stable et moins agressive pour l’estomac : l’acide acétylsalicylique.

Plusieurs champignons sont très toxiques pour l’homme, et même si cela pousse dans la nature, cela ne signifie pas que c’est un médicament naturel. Les champignons toxiques provoquent des réactions parfois mortelles, allant de violentes douleurs abdominales à des lésions irréversibles du foie, des reins ou du système nerveux. Certains causent des hallucinations ou des troubles cardiaques graves. Leur ingestion accidentelle ou délibérée entraîne souvent une hospitalisation urgente pour limiter les dégâts internes.

Que dit la recherche sur le pissenlit ?

Selon le vérificateur de nouvelle de l’Agence France-Presse, des experts ont rejeté les publications sur les réseaux sociaux faisant la promotion du thé de pissenlit comme remède contre le cancer, affirmant qu’il n’existe aucune preuve de son efficacité pour traiter cette maladie. Ils ont déclaré à l’AFP que les patients devraient consulter leur médecin avant de prendre tout complément ou de recevoir un traitement.

« Le pissenlit est une plante qui détruit les cellules cancéreuses en seulement 48 heures ! Elle est 100 fois plus efficace que la chimiothérapie », indique un message publié en ourdou sur Facebook le 25 mars 2025. Ce post, qui a été partagé plus de 1 900 fois, relate également un cas où un homme aurait été guéri en quatre mois en buvant du thé de pissenlit, après des années de traitements anticancéreux inefficaces.

Elizabeth Platz, épidémiologiste du cancer à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, a déclaré à l’AFP le 9 avril qu’elle n’était au courant d’aucune utilisation clinique approuvée des fleurs ou des racines de pissenlit pour la prévention ou le traitement du cancer.

Marianne Baker, responsable de l’information sur la recherche chez Cancer Research UK, a également déclaré à l’AFP dans un courriel daté du 10 avril qu’« il n’existe aucune preuve scientifique que l’extrait de pissenlit soit un traitement efficace contre le cancer ».

Radio-Canada titrait récemment: “Comment une étude d’un médecin canadien sur le thé de pissenlit est devenue un aliment pour fausses nouvelles”.

La Dre Caroline Hamm n’avait aucune idée qu’un simple commentaire d’un patient allait la plonger au cœur d’une avalanche en ligne de témoignages mensongers sur un prétendu remède miracle contre le cancer.

« Tout a vraiment commencé avec une petite vieille que j’avais dans ma clinique, qui avait un taux très élevé de globules blancs et un diagnostic inhabituel appelé leucémie myélomonocytaire », a expliqué la Dre Hamm, oncologue et directrice clinique du Windsor Cancer Research Group.

Le diagnostic était difficile, mais lorsque Dre Hamm a annoncé la mauvaise nouvelle, sa patiente est restée étrangement sereine. « Elle m’a dit : ‘Ce n’est pas grave, ma chérie, je vais prendre soin de moi.’ » Trois mois plus tard, la patiente est revenue avec un taux normal de globules blancs. Elle attribuait cette amélioration aux bienfaits du thé de racine de pissenlit. La rémission a duré environ trois mois, après quoi le cancer est revenu et a continué de progresser.

Quels sont les effets négatifs du pissenlit ou de sa racine ?

Le pissenlit, bien que souvent considéré comme une plante aux multiples vertus, peut avoir des effets négatifs lorsqu’il est consommé en infusion, notamment sa racine. Chez certaines personnes, cette infusion peut provoquer des réactions allergiques, en particulier chez celles déjà sensibles aux plantes de la famille des astéracées. Des troubles digestifs tels que des maux d’estomac, des crampes ou de la diarrhée peuvent également survenir, surtout en cas de consommation excessive. Par ailleurs, le pissenlit possède des propriétés diurétiques, ce qui peut entraîner une perte excessive d’eau et d’électrolytes, affectant l’équilibre hydrique du corps et pouvant poser problème chez des personnes souffrant de certaines conditions cardiaques ou rénales.

Sur le plan des interactions médicamenteuses, le pissenlit en infusion peut interférer avec l’action de certains traitements. Par exemple, son effet diurétique peut potentialiser les médicaments prescrits pour éliminer l’excès de liquide, conduisant à un déséquilibre électrolytique. De plus, il peut modifier l’absorption ou le métabolisme de médicaments anticoagulants, augmentant le risque de saignements.

Son utilisation conjointe avec des médicaments antidiabétiques doit être prudente, car il peut influencer la régulation du glucose sanguin. En somme, l’infusion de pissenlit nécessite une vigilance particulière, surtout chez les personnes prenant des médicaments ou souffrant de pathologies chroniques. Il est toujours recommandé de consulter un professionnel de santé avant d’en consommer régulièrement.

Pub

Gayglobe.net

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *