Nourriture halal et cacher en épicerie : ce que les consommateurs ignorent

Nourriture Halal

Roger-Luc Chayer (Image : Meta IA / Gay Globe)

La présence de nourriture halal dans les épiceries et écoles en Occident

De plus en plus de consommateurs dans les pays occidentaux s’indignent de la présence de nourriture halal dans les épiceries et les cafétérias scolaires. Ces personnes s’offusquent que des rites religieux soient associés aux aliments vendus dans ces mêmes établissements.

Il est vrai que l’on voit désormais plus fréquemment des produits présentés comme halal dans les rayons de viande, ainsi que dans les circulaires des plus grandes chaînes d’épicerie. Cependant, il convient de replacer cette situation dans son contexte, sans tomber dans le racisme ou la discrimination.

Qu’est-ce que le halal en matière de nourriture ?

« Halal » signifie, en matière de nourriture, que les aliments respectent les règles alimentaires prescrites par la religion musulmane. Cela implique notamment que la préparation et les ingrédients soient conformes aux prescriptions du Coran, excluant tout ce qui est considéré comme impur ou interdit, comme le porc ou l’alcool. La viande halal provient d’animaux abattus selon un rite précis, garantissant ainsi le respect des exigences religieuses. Plus largement, ce label rassure les consommateurs musulmans sur la conformité de leur alimentation aux principes de leur foi.

Oui, il est effectivement surprenant, dans nos sociétés laïques, de constater que certains groupes religieux ne s’intègrent pas toujours aux us et coutumes des pays où ils vivent. Toutefois, ce qui semble choquer le plus les consommateurs, c’est que le prix des aliments « halal » soit souvent inférieur à celui des autres produits.

Confort et position personnelle face à la nourriture halal

Personnellement, et je ne parle que pour moi, je ressens un certain inconfort, surtout à l’idée que si je veux, par exemple, acheter un steak en promotion sous l’appellation « halal », beaucoup moins cher qu’un steak ordinaire, je doive accepter qu’un religieux soit intervenu avant sur ce steak pour l’examiner, le conformer au Coran, voire le bénir.

En tant que gay, je ne me sens absolument pas à l’aise avec cette situation et, à une rare exception près il y a quelques années, je n’ai jamais consommé de nourriture halal, du moins à ma connaissance. Je reste cohérent avec moi-même, d’autant plus que je condamne depuis des années toutes les religions pour les actes qu’elles ont commis contre les personnes LGBTQ+, les femmes enceintes, les femmes victimes de viol, et bien d’autres.

Le rituel de l’abattage halal

L’abattage halal doit être effectué par une personne compétente (souvent un musulman pratiquant) qui prononce une invocation (la bénédiction « Bismillah ») au moment de l’abattage, mais cela ne signifie pas qu’un imam doit être présent ou qu’il bénit directement la nourriture elle-même.

La présence des certifications religieuses dans les épiceries

D’ailleurs, d’autres religions bénéficient-elles également de leurs propres produits dans les épiceries ?

Là où ça se complique, c’est que la plupart des consommateurs ignorent que la quasi-totalité des produits vendus en épicerie — en fait, tout ce qui se mange — fait déjà l’objet de certifications liées à une autre religion, souvent en opposition avec la première : la certification cacher. Oui, vous avez bien lu, la religion juive intervient dans notre alimentation, et ce, à une échelle encore plus large que celle du « halal ».

Dans les épiceries, la nourriture cacher est soumise à un système de certification par des organismes rabbiniques reconnus. Ces organismes veillent à ce que les produits respectent strictement les lois alimentaires juives, depuis la sélection des ingrédients jusqu’à la fabrication et l’emballage. Chaque produit certifié porte un symbole appelé « hechsher », qui garantit au consommateur qu’il a été vérifié et approuvé selon les normes cacher.

La supervision peut inclure une présence régulière ou ponctuelle d’un superviseur sur les sites de production, surtout pour les produits plus sensibles comme la viande ou les plats préparés. Les règles imposent également une séparation stricte entre les aliments carnés et lactés, ce qui influence leur stockage et leur présentation en magasin. Enfin, la certification est renouvelée régulièrement à travers des audits pour assurer le maintien des standards.

Symboles et codes religieux sur les produits alimentaires

Lors de votre prochaine visite à l’épicerie, prenez le temps d’observer les boîtes de conserve, les bouteilles de sauce ou les produits secs tels que les pâtes ou le riz. Vous y verrez une multitude de symboles religieux, souvent incompréhensibles pour le consommateur ordinaire, qui représentent en réalité des codes religieux. Presque tous les aliments que nous consommons sont soumis aux prescriptions ou aux certifications de différentes croyances. Malgré nos sociétés se voulant laïques, cette influence religieuse s’infiltre profondément dans notre vie quotidienne, remettant en question notre autonomie en matière de choix alimentaires.

Voici quelques exemples courants de codes cacher (ou hechsherim) que l’on trouve sur les produits alimentaires certifiés cacher :

  • OU : Le symbole le plus reconnu, délivré par l’Orthodox Union, un des organismes de certification cacher les plus importants au monde.
  • Kof-K : Un autre symbole populaire d’une autorité rabbinique américaine.
  • Star-K : Symbole d’une certification cacher stricte reconnue internationalement.
  • Chof-K : Certification cacher provenant d’une organisation rabbinique.
  • OK : Un logo d’organisme certifiant la cacherout, reconnu dans de nombreux pays.
  • CRC : Symbolise une certification cacher délivrée par le Chicago Rabbinical Council.
  • MK : Certification cacher provenant de Montréal, utilisée aussi dans d’autres régions.

Absence de certification pour d’autres religions

Le hic, c’est que malheureusement tout cela se fait au détriment de la connaissance des consommateurs en général, que l’on ne semble jamais avoir consultés avant d’offrir de la nourriture approuvée par des religions dans les épiceries des pays occidentaux.

Existe-t-il des aliments, viande ou conserves, qui possèdent une certification catholique ou scientologique ? Bien sûr que non, car le dindon de la farce, c’est bien nous, qui n’en savions rien.

Le halal et le cacher : controverses autour des positions LGBT

Comme je le mentionnais plus haut, il me semble tout de même aberrant que les deux religions les plus influentes sur notre alimentation soient aussi parmi les plus homophobes au monde — et ce n’est pas une exagération.

Dans le judaïsme orthodoxe, l’homosexualité masculine est explicitement interdite dans la Torah, notamment dans le Lévitique (18:22, 20:13), où les relations entre hommes sont qualifiées d’« abomination ». Ces textes sont traditionnellement interprétés comme une condamnation des actes homosexuels. Le judaïsme orthodoxe ne reconnaît généralement pas les unions homosexuelles, et l’homosexualité est souvent vue comme incompatible avec la loi religieuse.

Dans l’islam, les textes du Coran et les hadiths (paroles et actes du prophète Mahomet) condamnent également les relations homosexuelles, considérées comme un péché. L’islam traditionnel enseigne que les relations sexuelles doivent se dérouler uniquement dans le cadre du mariage entre un homme et une femme. Dans certains pays où la loi islamique est appliquée strictement, les actes homosexuels peuvent être criminalisés et la peine de mort appliquée. Néanmoins, il y a aussi des voix musulmanes progressistes qui appellent à une relecture plus inclusive des textes.

Conclusion

Sur ce, bon appétit et soyez attentif aux détails !

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