
Roger-Luc Chayer (Image : Méta IA / Gay Globe)
Est-ce qu’on peut encore se donner le droit de se réjouir?
Réactions après l’assassinat de Charlie Kirk
Suite à l’assassinat de Charlie Kirk, figure emblématique républicaine du mouvement MAGA de Donald Trump, les réactions ont été nombreuses à travers le monde. Elles ont oscillé entre haine, colère et, pour plusieurs, une certaine réjouissance à l’idée que le jeune homme ne puisse plus influencer de façon radicale la jeunesse américaine. Toutes ces émotions sont légitimes, mais une question persiste aujourd’hui : a-t-on le droit de se réjouir de la disparition de Kirk?
Je parle bien de la disparition de l’homme, et non du fait qu’il ait été assassiné. Il aurait pu décéder d’une crise cardiaque, et le même sentiment de soulagement, voire de joie, aurait surgi chez plusieurs.
Contexte du meurtrier
Par ailleurs, pour clarifier certains éléments, les renseignements préliminaires obtenus par les médias auprès des autorités responsables de l’enquête indiquent que le meurtrier de Kirk, Tyler Robinson, un jeune homme de 22 ans originaire de l’Utah, n’était ni trans, ni homosexuel, ni pansexuel, ni démocrate. Il était au contraire républicain, issu d’une famille ouvertement MAGA – autrement dit, de la même mouvance politique que celle à laquelle s’identifiait Charlie Kirk.
Toujours selon ces informations provisoires, Robinson aurait plutôt été influencé par un mouvement extrémiste en pleine croissance aux États-Unis. Nous y reviendrons lorsque les données disponibles permettront d’en préciser les contours.
Pourquoi la réjouissance devrait être honteuse ?
L’histoire nous enseigne que dans les moments les plus graves de l’humanité, la réjouissance était non seulement normale, elle se manifestait dans des mouvements de foule qui faisaient alors pourtant l’unanimité.
Exemples historiques
Benito Mussolini : Lors de la capture et de l’exécution de Benito Mussolini en avril 1945, le peuple italien manifesta une joie intense et libératrice, mêlée de vengeance et de soulagement après des années de dictature. Les foules, rassemblées spontanément, exprimaient leur colère accumulée tout en célébrant la fin d’un régime oppressif.
États-Unis et Canada : La fin de la Seconde Guerre mondiale suscita une euphorie collective mêlée de soulagement et de fierté nationale. Les populations célébrèrent la victoire alliée par des rassemblements publics, des défilés et des fêtes, marquant la fin d’années d’inquiétude et de sacrifices. Cependant, ces réjouissances coexistaient avec la conscience des pertes humaines et des atrocités révélées en Europe et en Asie.
Roumanie : À la mort de Nicolae Ceaușescu, le 25 décembre 1989, après son arrestation et son exécution lors de la révolution roumaine, le peuple manifesta un mélange de soulagement et de jubilation. Les citoyens célébrèrent spontanément dans les rues, voyant la chute brutale du dictateur comme la fin d’un cauchemar politique et le début d’une nouvelle ère de liberté.
Autres mouvements historiques : Dans l’histoire, de nombreux mouvements de réjouissance ont suivi des périodes de grande oppression ou de catastrophe. La chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de l’apartheid en 1994 suscitaient euphorie et espoir, tout comme les cérémonies post-tsunami de 2004 et les célébrations de l’armistice de 1918. Ces manifestations reflètent un soulagement collectif, une catharsis sociale et le désir de reconstruire un avenir après la souffrance.
Japon 1945 : Lorsque le Japon a capitulé après l’utilisation de deux bombes atomiques par les États-Unis, malgré le nombre considérable de morts et de vies brisées causé par ces armes, un vaste mouvement de réjouissance s’est manifesté dans le monde, non pas pour l’emploi des bombes, mais pour la fin de la guerre, qui avait été l’une des plus meurtrières à l’échelle mondiale et en Asie.
Examinons les parallèles entre l’idéologie de Charlie Kirk et celle d’Adolf Hitler
Si l’on compare les discours et stratégies politiques de Charlie Kirk à ceux d’Adolf Hitler, on remarque avant tout une proximité dans la logique rhétorique plutôt que dans le contenu exact ou dans l’ampleur historique de leurs projets. Tous deux mobilisent une vision du monde profondément polarisée, qui repose sur une opposition irréductible entre un « nous » perçu comme légitime et menacé, et un « eux » présenté comme corrupteur ou destructeur.
Chez Kirk, cette polarisation se cristallise dans l’idée d’une Amérique traditionnelle assiégée par les forces progressistes, l’immigration ou la gauche culturelle, tandis que chez Hitler elle prenait la forme d’une construction idéologique où le peuple allemand était présenté comme victime de conspirations juives, marxistes et étrangères. Le mécanisme est analogue : simplifier des réalités complexes en un affrontement moral et identitaire, réduisant la politique à une lutte existentielle.
Importance de la jeunesse
Kirk a fait de l’endoctrinement politique des étudiants et des jeunes adultes une priorité stratégique, convaincu que l’avenir idéologique du pays se joue sur les campus. Hitler, dans un contexte radical et institutionnalisé, avait établi les Jeunesses hitlériennes pour façonner dès le plus jeune âge une génération dévouée à son projet. Dans les deux cas, la jeunesse est perçue comme un vecteur de pérennité idéologique.
Dimension identitaire
Kirk fonde une partie de son discours sur la défense d’une identité américaine « authentique », associée à la tradition, à la foi chrétienne et au conservatisme, face à une menace culturelle. Hitler avait poussé cette logique beaucoup plus loin en construisant un mythe de pureté raciale et en érigeant l’exclusion, voire l’élimination, en principe central de sa politique.
Quant aux prétendues déclarations appelant à lapider les homosexuels
À ma connaissance et d’après les vérifications disponibles, Charlie Kirk n’a jamais littéralement déclaré que les homosexuels devraient être lapidés. Cette rumeur circule surtout comme une exagération ou une caricature de ses positions conservatrices.
Cependant, certains articles rapportent qu’il aurait cité un verset de la Bible mentionnant la lapidation dans le cadre d’une critique de l’usage sélectif des Écritures. Il n’est pas clair qu’il ait formulé un appel direct à la violence.
Toutefois, sur la page Wikipédia qui lui est consacrée, il est rapporté qu’il a tenu des propos sur les communautés LGBT qui pourraient être perçus comme dégradants et homophobes au sens pénal.
L’évolution du discours de Charlie Kirk sur les questions LGBTQ
Entre 2017 et 2025, Kirk a fait évoluer son discours sur les questions LGBTQ, passant d’une posture relativement libérale à une position marquée par le conservatisme religieux. Dès 2017, il soutient l’interdiction imposée par Donald Trump aux personnes transgenres dans l’armée. En 2025, il applaudit la révocation d’un décret permettant aux transgenres de servir ouvertement et critique la décision judiciaire qui bloque cette interdiction.
En 2019, Kirk attribue à Trump la décriminalisation de l’homosexualité au Botswana, insistant sur l’influence internationale de son administration. Bien qu’il affirme que le mariage est réservé à « un homme et une femme », il accepte alors la présence de personnes homosexuelles dans le mouvement conservateur. À partir de 2021, ses propos se radicalisent : il dénonce la fluidité de genre comme un « mensonge », assimile l’activisme LGBTQ à une « mafia de l’alphabet » et accuse ce mouvement de vouloir « corrompre les enfants ».
En 2024, il réclame l’interdiction nationale des soins d’affirmation de genre, la criminalisation des médecins qui les pratiquent et même des « procès de type Nuremberg ». Il qualifie l’homosexualité d’« erreur », comparant la fierté LGBTQ à une glorification des drogues.
Enfin
On peut certainement comprendre, en analysant l’entièreté de ses déclarations et de ses enseignements sur tous les sujets de société, que plusieurs puissent se réjouir de sa disparition, peut-être pour le bien de l’humanité à venir.