Rencontres ou mirage ? La face cachée de Gay411.com révélée

Image Gay411

Roger-Luc Chayer (Image : Meta IA / Gay Globe)

Le site de rencontres Gay411.com n’est pas nouveau : il existe même depuis près de 30 ans. Pourtant, il peine à évoluer et de nombreux profils sont carrément périmés. Pire encore, l’administration du site semble faire preuve de pratiques douteuses, ce qui amène à s’interroger sur le sérieux de sa démarche.

C’est quoi Gay411.com au juste ?

Gay411.com est un site de rencontres en ligne destiné principalement aux hommes gais et bisexuels qui cherchent à établir des contacts, que ce soit pour des échanges amicaux, des discussions ou des rencontres plus intimes.

Créé à l’époque où Internet commençait à peine à s’imposer dans la vie quotidienne, il a longtemps été une plateforme de référence pour ceux qui souhaitaient élargir leur réseau social sans forcément passer par des lieux publics comme les bars ou les saunas.

Son nom évoque le « 411 », le numéro d’information téléphonique en Amérique du Nord, comme une promesse de mettre les bonnes informations et les bons contacts à portée de clic. Au fil des années, Gay411.com a dû composer avec l’arrivée de concurrents plus modernes et plus interactifs, souvent sous forme d’applications mobiles qui ont redéfini les habitudes de rencontre.

Malgré son interface jugée vieillissante et des profils qui ne sont pas toujours mis à jour, le site conserve une certaine notoriété grâce à une clientèle fidèle, souvent attachée à son aspect discret et à la simplicité de son fonctionnement.

Aujourd’hui, Gay411.com existe encore, mais il peine à se renouveler face à une concurrence qui mise sur l’instantanéité et la géolocalisation.

Il se présente comme international, mais les mebres sont essentiellement canadiens.

Qui est propriétaire de Gay411 ?

Là où il faut vraiment s’interroger, c’est sur la volonté des propriétaires de ce site de rencontres de rester anonymes, que ce soit dans l’identification officielle des détenteurs du site, dans leur façon de communiquer ou encore dans la manière de facturer certains services payants.

Gay411.com est enregistré comme entreprise en Grande-Bretagne, et la France le répertorie également comme tel, mais l’entité qui encaisse les paiements n’est pourtant pas inscrite au Registre des entreprises du Québec. Lorsqu’on effectue une recherche sur le nom de domaine Gay411.com, toutes les informations sont anonymisées, ce qui soulève des questions légitimes.

En effet, les membres — du moins ceux qui créent de vrais profils — s’inscrivent en fournissant de nombreux renseignements personnels, parfois même leur numéro de carte de crédit, sans vraiment savoir quel usage en sera fait ni à qui ces données profitent réellement.

Il est donc très difficile de savoir avec certitude à qui appartient Gay411.com, car les propriétaires du site ont volontairement recours à des services d’anonymisation de nom de domaine (comme WHOIS Privacy ou Domains By Proxy). En consultant les registres publics (WHOIS), toutes les informations sur le détenteur réel du domaine sont masquées.

Dans le passé, certains utilisateurs et observateurs ont évoqué un enregistrement au Royaume-Uni, mais sans détails clairs sur l’identité des personnes derrière la société. Il n’existe pas de page « À propos » détaillée ou de mention légale transparente sur le site qui permette d’identifier un propriétaire, un gérant ou une entreprise spécifique — ce qui, pour un site de rencontres récoltant des données personnelles et proposant des services payants, peut paraître préoccupant.

Les dangers de l’anonymat

« Les véritables dangers, lorsqu’on a affaire à une entreprise qui tient à rester anonyme, tiennent au fait qu’elle détient souvent votre nom, votre adresse, votre âge, votre description physique, etc. De plus, pour accéder à certains de ses services payants, vous devez fournir votre carte de crédit et passer par deux services de paiement tiers, Verotel et CCBILL, pour finaliser la transaction.

Que sont Verotel et CCBILL ?

Verotel est un processeur de paiements en ligne spécialisé dans les activités à « haut risque », notamment les sites de divertissement adulte, les services d’abonnement et d’autres services numériques complexes. Selon trustpilot.com, un site de vérification légale, on note des critiques concernant un service client parfois difficile à joindre et des annulations de comptes jugées abruptes.

CCBill est aussi une société spécialisée dans le traitement des paiements en ligne, notamment pour les secteurs considérés à haut risque tels que l’industrie adulte, les sites de rencontres ou les services d’abonnement. Elle permet d’accepter les paiements uniques, récurrents, les e‑checks, et offre un service multidevise, couvrant notamment les marchés nord-américains, européens et internationaux.

Une petite entourloupette pour pousser les abonnés à souscrire à un compte payant

Pour avoir testé le site Gay411.com depuis au moins quinze ans, sous toutes ses formes, il est clair que ce service de rencontres n’est pas aussi transparent et sincère qu’on pourrait le croire. Par exemple, après avoir utilisé le service gratuit de Gay411, qui donne accès à certaines sections à des horaires précis, j’ai eu besoin, dans le cadre d’une enquête journalistique, d’accéder plus facilement à toutes les fonctions, 24h/24h, qui me permettaient de repérer certains pédophiles et des individus proposant des services de prostitution juvénile.

J’ai donc payé un abonnement pendant plusieurs mois pour mener à bien mon enquête, ainsi que plusieurs autres, dont vous pouvez lire les résultats sur https://gayglobe.net/?s=gay411+prostitution

Lorsque j’ai voulu revenir à l’abonnement gratuit, n’ayant plus besoin de payer pour ce service, je n’ai pas pu obtenir de compte pendant au moins quatre ans, comme si mon adresse IP ou l’identifiant de mon appareil avaient été bloqués. Si tel était le cas, cela constituerait un usage non autorisé de mes données personnelles à des fins plus ou moins légitimes. Forcer un abonné à maintenir un abonnement payant en lui bloquant l’accès à la version gratuite n’est pas une pratique commerciale acceptable.

Des profils datant de plus de 10 ans

Quand je suis finalement retourné au service gratuit, des années après mon premier abonnement, j’ai constaté avec frustration que le site n’avait quasiment pas évolué. Une grande partie des profils restaient identiques, avec des photos parfois vieilles de plus de vingt ans. Impossible de savoir si ces profils sont authentiques, mais il est évident que le site accumule des comptes, actifs ou fantômes, juste pour gonfler artificiellement son audience et donner une illusion d’importance.

Si vous envisagez d’utiliser Gay411.com, le minimum est de créer une adresse Gmail dédiée uniquement à ce compte, de ne jamais révéler votre vraie identité, et surtout de ne jamais fournir votre numéro de carte de crédit. Car en cas de problème ou de transaction douteuse, bonne chance pour retrouver un interlocuteur ou une entreprise responsable à qui demander des comptes ou obtenir réparation.

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Gayglobe.net

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