BEA ARTHUR: LA FIERTÉ DES JEUNES LGBTQ

Photo Bea Arthur

Par: Roger-Luc Chayer et Arnaud Pontin

Photo:  NBC via Getty Images

Nous aurions pu lui consacrer une couverture à elle seule, mais la saison des Fiertés nous a un peu forcés à parler de Bea Arthur le plus rapidement possible dans les circonstances. Tout le monde connaît Bea Arthur pour ses rôles de Maude dans les années 70 ou de Dorothy dans The Golden Girls (Les Craquantes en France), l’une des séries télé les plus populaires de l’histoire, encore rediffusée aujourd’hui, près de quarante ans après ses débuts. Mais peu de gens savent que son engagement envers les jeunes LGBTQ+ en détresse est de loin l’un des plus exemplaires dans le milieu télévisuel.

Dans ses différents rôles, Bea a toujours manifesté une grande sensibilité aux questions touchant les minorités sexuelles. Que ce soit dans Maude ou dans The Golden Girls, la question homosexuelle y est abordée très souvent, parfois avec humour, parfois plus gravement — comme pour le VIH — mais toujours avec dignité et respect. C’était la marque de fabrique et la condition que Bea imposait pour traiter ces sujets. L’intérêt de Bea Arthur pour la question homosexuelle et pour la défense des communautés LGBTQ+ trouvait plusieurs sources, à la fois personnelles, humaines et artistiques. D’abord, Bea Arthur évoluait dans le milieu du théâtre et du cabaret new-yorkais dès les années 50 et 60, des milieux où de nombreux artistes, auteurs et metteurs en scène étaient homosexuels ou très engagés pour la cause. Elle a donc grandi professionnellement entourée de collègues gays, qu’elle considérait comme une véritable famille choisie.

Ensuite, sur le plan personnel, Bea Arthur était connue pour son caractère profondément humaniste, pour sa droiture morale et son engagement envers les plus vulnérables. Elle ne tolérait pas l’injustice et se servait de sa notoriété pour soutenir des causes qu’elle jugeait justes, notamment la lutte contre le VIH et l’isolement des jeunes LGBTQ+.

Pendant la série The Golden Girls, elle avait été particulièrement touchée par le sort des jeunes homosexuels expulsés de leur foyer et livrés à eux-mêmes dans la rue, certains allant jusqu’à se suicider face à une solitude insurmontable. 

Elle avait alors décidé de s’impliquer de façon très concrète et humaine pour tenter d’améliorer le sort de ces jeunes en détresse. Avant sa mort, Arthur a déclaré : « Ces jeunes du Ali Forney Center sont littéralement abandonnés par leur famille simplement parce qu’ils sont lesbiennes, gays ou transgenres. Cette organisation sauve réellement des vies. » Une fois ouvert, le Bea Arthur Residence offrira non seulement un logement, mais aussi un accompagnement psychologique sur place.

Elle se rendait régulièrement au centre, sans prévenir et en toute discrétion, pour apporter des sacs d’épicerie, des tricots qu’elle confectionnait elle-même ou simplement pour passer des soirées avec ces jeunes à qui elle voulait redonner dignité et fierté. Cette fierté, si précieuse et si chère au cœur des personnes des communautés LGBTQ+. En agissant ainsi, elle a contribué à sauver de nombreuses vies et à offrir un havre de bonheur et de sécurité à des jeunes qui ne méritaient pas la rue pour la seule raison qu’ils aimaient une personne du même sexe.

Bien que Bea Arthur soit décédée en 2009, la « Golden Girl » est restée une amie de la communauté gay même après sa mort. Dans son testament, l’actrice a légué 300 000 dollars au Ali Forney Center de New York, une organisation qui offre toujours un refuge et des services de soutien aux jeunes LGBTQ.

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