DÉCÈS D’ALAIN RHÉAUME

Roger-Luc Chayer

Le 20 août dernier, j’apprenais le décès d’Alain Rhéaume des suites de son combat titanesque contre les maladies liées au SIDA. La communauté gaie perdait, du coup, un danseur de compétition doté d’un immense talent. Alain Rhéaume était un militant des droits des personnes atteintes, depuis près de 30 ans, et il savait tout sur le sujet, tant sur la dignité et la qualité de vie des personnes atteintes, que sur les maladies et médicaments liés à sa condition. «On ne peut pas t’en passer une», lui disais-je souvent!

En 2007, Alain avait accepté mon invitation à participer à un documentaire portant sur sa fin de vie car, déjà à ce moment, il était passé en phase terminale du SIDA. Il a donc raconté, pour le bénéfice des plus jeunes qui ne savent pas tout ce qu’impliquent encore aujourd’hui les complications liées à cette maladie, comment se passe la vie d’une personne qui sait qu’elle décédera bientôt du SIDA. Il l’a fait avec grande ouverture et sincérité. Ce documentaire peut être vu sur GGTV au:
http://www.gayglobe.us/rheaume032007.html

Pendant des années, Alain a acheté une carte d’affaires dans le magazine pour annoncer ses services de comptable, même s’il savait qu’il ne pouvait plus travailler, tellement les médicaments avaient des effets importants sur sa conscience et sur sa lucidité. Je lui avais demandé à l’époque pourquoi il continuait à se payer cette pub s’il ne pouvait pas faire le travail, et il m’avait regardé avec des larmes aux yeux… Je lui avais demandé: «Est-ce que c’est pour continuer à exister que tu fais ça?» Il m’avait répondu Oui!

La plus grande peur d’Alain était de ne plus exister après sa mort. En apprenant son décès, c’est ce qui m’est revenu à l’esprit. Il a tant donné de son vivant, notamment comme professeur de danse, souvent gratuitement pour des élèves aux ressources limitées. Il a donné de nombreux spectacles bénévolement. Il a participé au financement de nombreux événements liés au VIH/SIDA et il a accompagné vers la mort de nombreux patients. Il a certainement le droit de continuer à exister. GGTV maintiendra donc le documentaire à vie sur son site et sur sa page Youtube, et le texte que vous lisez se retrouvera aux archives nationales du Québec et du Canada pour toujours. Voilà, mon cher Alain, tu es maintenant éternel.

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