Roger-Luc Chayer (Photos: Getty Images)
Le président Trump a récemment démontré son incapacité la plus élémentaire en matière de diplomatie et son manque de respect pour l’histoire des autres pays, notamment celle du Canada. Lors d’une visite du premier ministre canadien Justin Trudeau à Mar-a-Lago, après l’annonce de Donald Trump concernant son intention d’imposer des tarifs de 25 % sur les exportations canadiennes, le président élu des États-Unis a répondu aux préoccupations de M. Trudeau de manière provocante. Il a déclaré que si l’économie du Canada était si vulnérable, le Canada n’avait qu’à devenir le 51ᵉ État des États-Unis et que M. Trudeau pourrait alors y occuper le poste de gouverneur, comme tout autre État américain.
Depuis, le président élu, qui ne prendra officiellement ses fonctions qu’à la fin du mois de janvier 2025, a enfoncé le clou cette semaine. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a qualifié Justin Trudeau de « gouverneur du Grand État du Canada ».
En agissant ainsi, Donald Trump démontre un mépris total pour l’histoire, confondant le Canada et les États-Unis sans comprendre ce qui distingue ces deux pays. Il agit également sans le moindre respect pour la souveraineté d’un pays pourtant allié.
Même s’il considère ses propos comme des plaisanteries, au niveau international, de telles déclarations sont jugées inacceptables. Elles ne peuvent être perçues comme de simples blagues, car elles traduisent un mépris pour l’histoire et l’identité d’un pays.
Pourquoi le Canada ne deviendra-t-il jamais un État américain ?
Il est important de distinguer plusieurs éléments qui rendent incompatible une union politique et géographique entre le Canada et les États-Unis. Tout d’abord, les États-Unis sont une république présidentielle, née d’une révolution contre la monarchie britannique. En revanche, le Canada est une monarchie constitutionnelle dont le chef d’État est le roi Charles III. De plus, le Canada repose sur deux peuples fondateurs : les Français de la Nouvelle-France et les Britanniques.
Socialement, les deux pays sont diamétralement opposés. Au Canada, des services essentiels tels que l’éducation, l’accès aux soins de santé et de nombreux autres programmes sont universels et accessibles gratuitement. À l’inverse, aux États-Unis, ces services sont souvent privés et ne sont pas accessibles à tous.
La question des communautés LGBTQ+ et des personnes trans est traitée de manière indiscutablement opposée au Canada et aux États-Unis. Alors qu’au Canada on tend à protéger et promouvoir ces identités, aux États-Unis, certaines initiatives visent à les annuler ou les effacer, ce qui constitue, selon l’ONU, un geste homophobe.
Blaguer sur le statut politique du Canada fait également fi de la réalité du Québec. Bien qu’il soit une province, le Québec est aussi une nation à part entière, avec une langue et des lois qui diffèrent non seulement de celles du reste du Canada, mais encore davantage de celles des États-Unis.
Affirmer que le Canada devrait devenir un État américain revient à suggérer, même en plaisantant, que la France aurait dû devenir une province de l’Allemagne nazie. Si quelqu’un trouve une telle comparaison amusante, il s’agirait d’un individu dont l’état mental nécessiterait une contention dans un hôpital psychiatrique. C’est peut-être ce qui attend Donald Trump un jour, s’il continue à jouer avec la flamme identitaire de ses plus grands alliés.