ENTRETIEN AVEC JENNIFER MACCARONE

Photo Jennifer Maccarone

Par: Roger-Luc Chayer

Photo: Jennifer Maccarone

J’ai eu la chance de m’entretenir récemment avec Jennifer Maccarone, députée de Westmount–Saint-Louis et porte-parole du Parti libéral du Québec pour les communautés 2SLGBTQIA+. Je suis heureux de pouvoir partager ici l’essentiel de nos échanges, qui ont été fort intéressants. «En fait, je ne me suis pas lancée en politique, c’est plutôt la politique qui est venue à moi. Je n’avais jamais été porte-parole de quoi que ce soit auparavant. Ce qui m’a un peu lancée dans le métier de porter la voix des personnes de la communauté ou des personnes qui se retrouvent en situation de vulnérabilité, ce sont mes enfants. Mes deux enfants sont autistes et m’ont démontré que j’avais une voix et que j’avais la responsabilité de l’utiliser sur la place publique. Et en voulant défendre les enfants en général, comme j’étais souvent sur la place publique et que je critiquais souvent le gouvernement, on est venu cogner à ma porte. Suite à mon élection à l’Assemblée nationale, j’ai décidé de porter la voix des personnes des communautés LGBTQ+ auxquelles j’adhère. J’ai assumé ce rôle avec toute l’énergie possible pour faire avancer le plus de dossiers auprès de mes collègues du gouvernement», nous explique Jennifer.

Je lui ai ensuite demandé si, comme moi, elle avait remarqué un changement total de politique de la CAQ entre l’avant et l’après-pandémie, et elle n’était pas d’accord avec moi, loin de là. «Je pense que non, je ne suis pas d’accord avec ça. Je pense qu’ils sont plutôt fidèles à eux-mêmes, que leurs couleurs sont de plus en plus évidentes. Ils sont de plus en plus arrogants, ils ont des positions très à droite, ils sont un peu arrimés avec ce qu’on voit actuellement à travers le monde. Ils sont influencés par les politiques que l’on voit aux États-Unis, et aussi en Chine. Ils veulent à tout prix plaire à leur base et prennent des décisions aberrantes comme le fameux Comité des sages (4 membres nommés sans consultation).

Ce comité-là, je l’ai sur le cœur car c’est une création qui résulte d’une question d’un journaliste au PQ. Et voilà que le gouvernement, pour décider de ses politiques envers les LGBTQ+, forme ce comité dont les membres sont rémunérés 120 000 $ par an en plus de leurs revenus réguliers. C’est un gaspillage de notre argent, pour arriver à quoi ? Nous n’avons même plus de ministre responsable de la lutte contre l’homophobie, puisque nous relevons maintenant d’un simple Secrétariat à la condition féminine, sans le moindre pouvoir. Avant, au moins, on relevait du Ministère de la justice, avec le personnel et les budgets qui allaient avec», nous explique clairement Jennifer, qui connaît bien la question puisque ce bureau de lutte contre l’homophobie avait été créé par le gouvernement libéral sous la ministre Stéphanie Vallée. Elle en sait quelque chose.

Quant à l’avenir du mouvement de la Fierté et pour les LGBT, si le gouvernement du Québec fait des coupures budgétaires importantes, Jennifer est catégorique : « Le gouvernement pense que ses électeurs sont cisgenres, hétérosexuels et que ce sont uniquement ces gens qui votent pour eux. Ce que j’espère, c’est que les gens qui n’adhèrent pas à cette vision limitée et discriminatoire vont se souvenir, en 2026, de ne pas voter pour la CAQ et de voter pour une alternative. Parce que, si on se fie au gouvernement de la CAQ, tout ce qui est en lien avec la fierté ou avec les droits des communautés LGBTQ+ doit être dilué, diminué. Nous sommes en déclin depuis 2018 et, même si le gouvernement a légiféré contre les thérapies de conversion, il reste que nos besoins en matière sociale et en santé sont encore plus présents que jamais et que le gouvernement actuel n’est pas intéressé à ce que nous représentons. » Nous aurions pu publier encore deux pages tant Jennifer avait d’informations à nous transmettre. Nous y reviendrons en 2024, c’est assuré. Merci, Jennifer.

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