Fierté Montréal : Le DG Simon Gamache quitte ses fonctions et mise au point

Photo de Simon Gamache

Par Roger-Luc Chayer (Simon Gamache / CRÉDIT PHOTO : Alex TRAN)

Simon Gamache, directeur général de Fierté Montréal, a annoncé hier qu’il quittait ses fonctions au sein de l’organisme afin de relever de nouveaux défis. Selon moi, ceux-ci se présenteront rapidement à lui, car, nonobstant les difficultés rencontrées cet été autour de la question israélo-palestinienne, diriger une organisation d’une telle envergure pendant quatre ans constitue un exploit qui mérite d’être souligné.

Rappelons que Simon est arrivé en poste à la suite d’un scandale interne qui avait nécessité une refonte en profondeur de Fierté Montréal, avec la mise en place de mécanismes visant à éviter la répétition des erreurs du passé.

En 2020, le fondateur et président de l’époque avait été suspendu à la suite d’allégations d’inconduite sexuelle, ce qui avait mené à son départ définitif. Quelques années plus tard, de nouvelles accusations, liées à une agression sexuelle commise dans les années 1990, ont refait surface et ont donné lieu à des procédures judiciaires. Les procédures devraient se continuer en septembre d’après une source.

Ce qui choque le plus dans le départ de Simon, ce sont les circonstances dans lesquelles il s’effectue, mais aussi les attaques totalement injustifiées visant à la fois Fierté Montréal et sa personne.

Ce qui aurait pu et dû être une critique de bon aloi s’est rapidement transformé en mobbing et en gay bashing. J’avais d’ailleurs publié un message à ce sujet sur nos réseaux sociaux. Pire encore, les rumeurs qui circulent sur les plateformes sociales témoignent d’un manque de respect envers la vie privée du directeur général, ce qui entraîne des conséquences à plusieurs niveaux. En fait, pour avoir discuté récemment avec lui, plusieurs facteurs pourraient expliquer son départ, et certains ne concernent probablement même pas Fierté Montréal.

Qu’est-ce que le “mobbing” et le “gay bashing” ?

Le mobbing est un terme emprunté à l’anglais qui désigne une forme de harcèlement psychologique collectif, souvent en milieu de travail. Il s’agit d’un phénomène où plusieurs personnes s’acharnent contre une autre, par des critiques, des rumeurs, de l’isolement ou de l’intimidation.

Le gay bashing quant à lui est un terme qui désigne des attaques verbales ou physiques dirigées contre une personne en raison de son orientation sexuelle. Cela peut aller des insultes homophobes aux agressions physiques.

Quel a été le point de départ des attaques de cet été ?

Tout a commencé avec cette sacrée question israélo-palestinienne, qui est venue impliquer Fierté Montréal dans une guerre qui n’est pas la nôtre, mais qui nous concerne forcément en raison des débordements majeurs tant du côté palestinien que du côté israélien.

À la suite des attaques du Hamas en octobre 2023 contre Israël, qui ont causé la mort de milliers de personnes et entraîné des prises d’otages — dont plusieurs sont encore détenus dans des conditions inacceptables —, j’avais publié plusieurs articles soulignant que, des deux côtés, on avait commis des erreurs graves.

Aujourd’hui, ce qui nous interpelle, ce sont d’une part les actions d’Israël contre le peuple palestinien, responsables d’une destruction massive, d’une famine et d’un génocide dénoncé clairement par l’ONU et plusieurs pays influents. D’autre part, il y a les agissements du Hamas, qui n’apporte aucun soutien réel au peuple palestinien et qui maintient encore des otages dans des conditions d’insalubrité telles que le monde entier a été horrifié de voir les vidéos récentes montrant leur détention.

Cette guerre, qui n’est pas la nôtre, nous implique malgré nous en raison des violations trop nombreuses et trop graves commises par les deux belligérants contre les droits humains les plus fondamentaux.

Pourquoi alors avoir tenté d’impliquer Fierté Montréal et son DG dans cette triste situation ?

Selon plusieurs observateurs médiatiques, Au cœur de la controverse se trouvent des groupes pro-palestiniens et queer, comme Helem Montréal, Mubaadarat, Voix juives indépendantes Montréal (VJI), et Faction Anti-Génocidaire et Solidaire (F.A.G.S.). Ils reprochent à Fierté Montréal notamment d’entretenir des liens avec des commanditaires et participants jugés « sionistes » — comme la Banque TD — et de ne pas prendre une position plus critique vis-à-vis des violations des droits des Palestiniens. Selon ces groupes, Fierté mettrait plutôt en avant son image corporative que la défense des personnes queer marginalisées.

Lors du défilé de la Fierté à Montréal en août 2024, des manifestants pro-palestiniens ont perturbé le cortège en scandant « Pas de fierté face au génocide », et bloqué le parcours, ce qui a conduit à l’intervention de la police. Ces activistes ont affirmé que Fierté Montréal avait priorisé ses relations corporatives au détriment de la cause palestinienne, allant jusqu’à demander la démission du DG Simon Gamache et des excuses publiques pour la violence policière qu’ils dénoncent avoir subie.

Ces critiques s’inscrivent aussi dans une dénonciation plus large de mécanismes comme le « pinkwashing » — l’appropriation des causes LGBTQ+ pour blanchir des actions controversées — ou l’« homonationalisme », où des discours LGBT sont instrumentalisés dans une optique nationaliste.

Dans les médias, Simon Gamache a défendu l’action de l’organisation, expliquant qu’ils avaient mis en place un plan d’action pour assurer la sécurité du défilé tout en maintenant le dialogue avec les manifestants.

Analyse de la situation

Dans les faits, on peut reprocher bien des choses à l’organisation ou à son directeur, mais est-ce vraiment le rôle de Fierté Montréal de prendre position dans des guerres entre belligérants? Est-ce à elle d’offrir une médiation entre Palestiniens et Israéliens, entre Russes et Ukrainiens, entre Chinois et Taïwanais, entre Trump et l’Europe, ou encore entre ma tante Rita et mon oncle Jacques? Bien sûr que non, bon sang.

S’attaquer comme on l’a fait à l’organisation et à son directeur général relève d’une injustice qui n’honore en rien la communauté gaie et lesbienne.

Qu’on trouve qu’il y a trop de drag queens, qu’on n’aime pas la façon dont l’organisation négocie avec les artistes, ou qu’on soit en désaccord avec ses objectifs ou ses revendications, cela peut faire partie d’un débat légitime. On peut et on doit questionner un groupe qui nous représente collectivement. Mais intimider, menacer, détruire Fierté Montréal et s’en prendre personnellement à son DG, Simon Gamache, ça, il ne faut jamais tolérer de tels comportements.

Certains groupes Facebook sont allés beaucoup trop loin, en prétendant que les gouvernements étaient contre Fierté Montréal ou que l’organisation serait devenue ingouvernable. Ces groupes, menés par des dirigeants anonymes, ignorent tout des réalités internes de l’organisme. Ils devraient commencer par se calmer, car leurs attaques nous blessent collectivement. Pour ma part, je ne souscrirai jamais à de telles actions.

En conclusion

Simon Gamache et Fierté Montréal ont redonné à la métropole sa place parmi les grandes villes du monde qui présentent les meilleures Fiertés. Il a remis l’organisation sur le droit chemin, et rien que cela devrait lui valoir le respect de nos communautés.

À ceux qui pensent pouvoir faire mieux : bonne chance!

2 comments to “Fierté Montréal : Le DG Simon Gamache quitte ses fonctions et mise au point”
  1. Excellente mise en lumière objective et respectueuse des faits en interne et des critiques externes injustifiées ou partisanes. La programmation 2025 diversifiée, tant festive que militante fût extraordinaire et des records d’affluences ont été constatés.
    – Aussi, une meilleure gouvernance du CA recomposé guiderait aisément une future direction générale au tournant de la pluralité de genres…de Festival?
    Merci Roger-Luc

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