HOMOPHOBIE D’ÉTAT : la Hongrie

Photo Hongrie

Par : Arnaud Pontin

Photo: Parlement hongrois par Pixabay

L’Europe : modèle des droits LGBT… avec des exceptions

On pense souvent que l’Europe constitue un modèle international en matière de droits des communautés LGBT et qu’il est possible d’y vivre librement ses différences, comme c’est généralement le cas dans la plupart des pays du Commonwealth. Or, ce n’est pas tout à fait vrai : il existe quelques exceptions notables.


La Hongrie, un cas préoccupant

La Hongrie en est un exemple important à connaître. En effet, lorsqu’on voyage en Europe de l’Est, certains pays appliquent des règles si strictes à l’égard de l’homosexualité que le simple fait d’exprimer publiquement son orientation peut, au mieux, entraîner une agression homophobe et, au pire, mener à une arrestation, avec de lourdes amendes, voire une peine d’emprisonnement. Cela peut concerner certains gestes ou attitudes en public, qui ne sont d’ailleurs pas toujours tolérés non plus ailleurs, même lorsqu’il s’agit de couples hétérosexuels.


Législation restrictive en vigueur

Depuis 2021, la Hongrie renforce une série de lois contre les contenus LGBT perçus comme destinés à un jeune public. Adoptée en juin, la législation dite de protection de l’enfance interdit toute promotion ou représentation de l’homosexualité ou de la transidentité auprès des mineurs dans les médias, les programmes scolaires, la publicité, voire les librairies, ce que de nombreux critiques comparent à une stigmatisation grave.

Deux ans plus tard, en mars 2025, Budapest a franchi un nouveau cap : une loi a été votée en urgence, interdisant les marches des fiertés, autorisant l’utilisation de la reconnaissance faciale pour identifier les participants, et prononçant des amendes pouvant atteindre 200 000 forints (environ 800$ CAD) par personne.

Le coup de grâce est venu peu après : une modification constitutionnelle a confirmé cette interdiction, affirmant que le “développement physique, mental et moral des enfants” prime sur toutes les libertés, sauf celle à la vie. La constitution reconnait désormais uniquement deux sexes — homme et femme — excluant officiellement les droits des personnes transgenres ou intersexes.


Réactions et impacts internationaux

Ces mesures ont provoqué une vague de critiques au sein de l’Union européenne. Une majorité d’États membres dénoncent une atteinte aux valeurs fondamentales de liberté, d’égalité et dignité, et appellent à la suspension de ces lois via la Cour de justice de l’UE. Bruxelles examine également des recours juridiques contre Budapest.

Malgré l’interdiction, Budapest Pride 2025 s’est tenue début juillet, rassemblant près de 300 000 personnes dans une marche courageuse. Bien que les organisateurs aient été convoqués, aucun participant n’a été arrêté, un coup de force symbolique face à ces politiques répressives.


Conseils pour les voyageurs LGBT en Hongrie

Si vous tombez dans le collimateur de la loi hongroise répressive envers l’homosexualité, la première règle est de garder son calme et de se rappeler que, même si la législation est restrictive, vous conservez vos droits fondamentaux en tant que voyageur étranger. Évitez d’aggraver la situation par des gestes d’opposition ou de provocation et demandez, dès que possible, l’assistance consulaire de votre pays.

Les ambassades et consulats sont légalement tenus d’apporter un soutien aux ressortissants qui rencontrent des difficultés judiciaires à l’étranger. Dans un tel contexte, il est aussi important de documenter les faits et de noter les circonstances afin de pouvoir les transmettre à vos représentants officiels ou à des organisations de défense des droits humains.

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