
Par : Arnaud Pontin
Image : Pixabay
Hypnose : spectacle ou thérapie ? Comprendre la différence
Introduction
Quand on entend le mot « hypnose », l’image qui vient le plus souvent à l’esprit est celle d’un animateur en scène, baguette à la main, qui demande à une personne de croire qu’elle est un poulet ou de se lever et danser comme si le monde entier la regardait. Ce spectacle, spectaculaire et souvent hilarant, n’a pourtant que peu à voir avec ce que la psychologie clinique ou thérapeutique appelle l’hypnose ericksonienne. Et confondre ces deux mondes, c’est comme mélanger un feu d’artifice avec une séance de méditation : on pourrait passer à côté de l’essentiel.
1. L’hypnose du spectacle : performance et divertissement
L’hypnose du spectacle est une performance. Son objectif est de divertir, de surprendre, de provoquer des réactions souvent inattendues et amusantes chez le public. Elle repose sur la suggestibilité et le jeu psychologique, et les participants y entrent généralement en connaissance de cause, parfois par curiosité, parfois par défi.
L’animateur manipule l’attention, joue sur la concentration et sur des techniques de suggestion simples pour créer l’illusion de contrôle. Le spectateur voit l’hypnotiseur comme un maître de cérémonie capable de plier la réalité à sa volonté, mais derrière la magie de la scène, il y a surtout une mise en scène, des répétitions et une complicité tacite avec ceux qui acceptent de se prêter au jeu.
2. L’hypnose ericksonienne : approche thérapeutique et humaine
L’hypnose ericksonienne, en revanche, est tout autre. Elle porte le nom de Milton Erickson, psychiatre américain du XXᵉ siècle, qui a révolutionné la pratique en mettant l’accent sur la communication subtile et la personnalisation de l’intervention. Ici, il n’est pas question de faire rire le public ou de provoquer des acrobaties psychologiques.
L’hypnose ericksonienne est une approche thérapeutique, un outil pour explorer les ressources internes d’un individu et l’accompagner vers un changement souhaité. Elle repose sur des suggestions indirectes, le langage métaphorique, l’observation fine et la création d’un état de concentration relaxée propice à la réflexion et à l’introspection. Les séances sont confidentielles, respectueuses et profondément centrées sur la personne.
3. Différences essentielles entre spectacle et thérapie
Le contraste est frappant : là où l’hypnose du spectacle joue sur l’exhibition et la suggestion immédiate, l’hypnose ericksonienne mise sur l’écoute, la subtilité et l’autonomie du sujet.
Confondre les deux, c’est risquer de réduire l’hypnose thérapeutique à un simple tour de magie, et de passer à côté de son potentiel réel, que ce soit pour gérer le stress, améliorer la confiance en soi, soulager certaines douleurs ou travailler sur des habitudes.
Il est aussi important de noter que la vulnérabilité et la suggestibilité sont traitées très différemment. Dans le spectacle, l’objectif est que le participant « suive le scénario » pour le plaisir du public. En thérapie, c’est exactement le contraire : le praticien respecte le rythme de l’individu, l’accompagne et l’aide à accéder à ses propres solutions, jamais à celles de quelqu’un d’autre.
4. L’importance de la distinction
La confusion vient souvent des représentations médiatiques ou de films où l’hypnose est caricaturée. Mais derrière les clichés, il existe une discipline rigoureuse et humaniste, dont l’efficacité repose sur la confiance et le respect.
Pour le public, reconnaître la distinction, c’est comprendre qu’un tour de magie mental n’équivaut pas à un outil de transformation personnelle.
Conclusion
Hypnose et hypnose ne riment pas toujours avec illusion. L’une est spectacle, l’autre est soin. L’une éblouit, l’autre accompagne.
Et si l’on veut réellement comprendre ce que l’esprit humain peut offrir, mieux vaut laisser tomber le poulet sur scène et s’ouvrir à l’expérience plus subtile et profondément humaine de l’hypnose ericksonienne.