La Chine renforce la régulation des influenceurs et le contrôle des contenus professionnels sur les réseaux sociaux

Image de Chine

Roger-Luc Chayer (Image : Instagram thebusinessmagnets)

Dans une publication qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, on fait l’annonce suivante : “La Chine renforce sa réglementation sur les influenceurs.

Toute personne abordant des sujets professionnels comme la médecine, la finance, le droit ou l’éducation doit désormais prouver ses qualifications.

Cela implique généralement de présenter une formation officielle, un diplôme universitaire ou une expertise professionnelle vérifiée.

Les plateformes comme Douyin, Weibo et Bilibili sont responsables de la vérification des titres de compétence. Les influenceurs qui ne respectent pas ces règles s’exposent à la suspension ou à la fermeture de leur compte, ainsi qu’à des amendes pouvant atteindre 100 000 yuans (environ 14 000 $).

L’objectif est de réduire la désinformation et de garantir que les conseils dans les domaines sensibles proviennent d’experts certifiés.”

Réseaux sociaux et désinformation : déterminer le vrai du faux

Évidemment, avec les réseaux sociaux, on nous aura habitués au fil des années à voir passer n’importe quoi de la part de n’importe qui. Sous prétexte de la démocratisation des communications et de la transmission de l’information, on a permis à des hordes de fraudeurs, de menteurs, à des légions de gérants d’estrade et à des spécialistes de tout et de rien de donner leur opinion sur tout, sans le moindre contrôle des autorités.

C’est ainsi que des personnes sans la moindre compétence se sont mises à donner des conseils juridiques en commentaire à la moindre question légale, ou que, si quelqu’un dit qu’il a mal au dos, il recevra 30 000 réponses dont la plupart contiennent des diagnostics ou des recettes de médicaments miracles, sans que personne ne recommande simplement d’aller consulter un médecin.

Internet se retrouve, en 2025, dans un état lamentable, avec une crédibilité informationnelle proche de zéro.

L’exemple de la France : régulation des plateformes et modération des contenus

La France ne contrôle pas directement toutes les publications sur les réseaux sociaux, mais elle encadre leur contenu de manière de plus en plus stricte, surtout sur les questions de désinformation, de haine en ligne et de sécurité numérique.

Concrètement, ce ne sont pas les autorités françaises qui valident les publications avant leur mise en ligne, mais plusieurs lois imposent des obligations aux plateformes comme Facebook, X (Twitter), Instagram, TikTok ou YouTube. Par exemple, la loi Avia (partiellement censurée par le Conseil constitutionnel en 2020) visait à obliger les plateformes à retirer sous 24 heures les contenus haineux signalés. Par la suite, la France a adapté sa réglementation au Digital Services Act (DSA) européen, entré en vigueur en 2024, qui impose aux grandes plateformes de :

  • retirer rapidement les contenus illégaux signalés (haine, terrorisme, pédocriminalité, incitation à la violence, etc.);
  • lutter activement contre la désinformation;
  • rendre leurs algorithmes plus transparents;
  • coopérer avec les autorités françaises et européennes.

En pratique, cela signifie que l’État français supervise et sanctionne, mais ne censure pas directement : il délègue la modération aux plateformes, sous peine d’amendes importantes si elles ne respectent pas la loi. De plus, des institutions comme l’ARCOM (ex-CSA) surveillent la conformité des plateformes avec la législation nationale et européenne.

Différences entre la France et la Chine dans le contrôle des médias sociaux

En France, comme dans l’ensemble de l’Union européenne, le principe de base demeure la liberté d’expression, encadrée par la loi. L’État n’intervient pas directement dans les contenus, mais il impose des règles aux plateformes privées pour qu’elles suppriment ou modèrent certains types de publications : propos haineux, désinformation manifeste, terrorisme, pornographie infantile, incitations à la haine raciale ou au suicide, etc. Ces plateformes restent libres dans leurs méthodes, mais doivent rendre des comptes à l’ARCOM et à la Commission européenne. Les sanctions sont financières, et il n’y a pas de censure systématique ni de contrôle préalable des publications. Les utilisateurs peuvent toujours contester une suppression ou une restriction.

En Chine, à l’inverse, l’approche repose sur un contrôle d’État centralisé et préventif. Les réseaux sociaux chinois (Weibo, Douyin, WeChat, Bilibili, etc.) sont tenus par la loi de filtrer, censurer et rapporter tout contenu jugé contraire aux intérêts du gouvernement ou à la “stabilité sociale”. Les plateformes sont directement responsables devant le pouvoir, et les autorités disposent d’équipes et d’algorithmes qui surveillent en temps réel les publications. Certains sujets — politique, religion, droits humains, questions territoriales — sont tout simplement interdits. Les influenceurs doivent désormais prouver leurs qualifications pour parler de sujets professionnels (médecine, droit, économie…), ce qui n’existe pas du tout en France.

Les obligations des influenceurs chinois dans le domaine de la santé

Il est donc exact d’affirmer que la Chine exige que les influenceurs traitant de sujets spécifiques comme le droit, l’éducation ou la médecine possèdent les compétences dans le domaine qu’ils abordent. À défaut, ils s’exposent à des sanctions techniques et financières, ce qui, selon moi, est une mesure positive.

Ce qui est confirmé dans la publication du haut sur l’image

La Chine renforce effectivement son contrôle sur les créateurs de contenu dans le domaine de la santé. Le 1er août 2025, plusieurs organismes d’État — dont l’Administration du cyberespace et la Commission nationale de la santé — ont publié une notification ciblant spécifiquement les comptes produisant du contenu de vulgarisation médicale. L’objectif est clair : garantir que l’information diffusée en ligne repose sur des qualifications professionnelles vérifiables.

Désormais, les plateformes doivent s’assurer que les créateurs disposent d’un certificat médical, d’une licence d’exercice ou d’une affiliation institutionnelle reconnue avant de publier des contenus à caractère médical. Ces comptes doivent en outre afficher de façon transparente leurs qualifications et leur institution d’attache. Les plateformes sont responsables de bloquer toute publication provenant de comptes non certifiés ou non qualifiés, afin d’éviter la diffusion de contenus trompeurs ou dangereux.

La réglementation interdit également d’utiliser la vulgarisation médicale comme prétexte pour promouvoir des produits, des dispositifs ou des compléments alimentaires, interdisant toute forme de publicité déguisée. Ces mesures traduisent la volonté des autorités de garantir que les conseils de santé diffusés sur les réseaux sociaux proviennent de sources fiables, protégeant ainsi le public d’informations erronées ou potentiellement risquées.

Sanctions techniques et financières pour les comptes non certifiés

C’est un début intéressant pour assainir le contenu sur Internet. Il serait souhaitable que d’autres États suivent l’exemple de la Chine et nous débarrassent enfin du fléau des fausses informations continuellement diffusées en ligne. N’oublions pas que chaque État est responsable de ce qui se passe sur Internet dans sa juridiction nationale. Le laisser-aller n’est plus acceptable !

Est-ce que les influenceurs LGBT sont aussi contrôlés ?

Oui, mais de manière beaucoup plus stricte et différente de la régulation professionnelle que l’on voit pour la médecine, le droit ou la finance. En Chine, les contenus liés aux questions LGBT+ sont fortement surveillés et censurés, même sur les réseaux sociaux locaux comme Weibo, Douyin ou Bilibili. Les autorités chinoises considèrent tout ce qui touche à la sexualité, aux minorités sexuelles ou à des communautés “non conformes” comme sensible, et les plateformes sont légalement obligées de filtrer ou de supprimer ce type de contenu.

Cela signifie que les créateurs de contenu LGBT+ n’ont pas seulement l’obligation de prouver des qualifications professionnelles (ce qui ne s’applique pas vraiment à ces sujets), mais qu’ils doivent surtout respecter la censure stricte sur ce type de questions. Les publications qui promeuvent des droits LGBT+, des relations homosexuelles ou des discussions sur le coming-out peuvent être retirées, et les comptes peuvent être suspendus, bloqués ou effacés.

Pub

Gayglobe.net

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *