LE SEXE GAY, D’AUTANT PLUS QU’ON EST HÉTÉRO

On en parlait brièvement hier : les espaces ne manquent pas où un homme peut être hétéro avec des pratiques homosexuelles. La prison vient tout de suite à l’esprit, mais la professeure californienneJane Ward parle aussi des fraternités étudiantes américaines ou de l’armée, où les rites de passage peuvent impliquer d’attraper le pénis de ses camarades ou de leur mettre un doigt. Il y est égalementquestion d’hommes, blancs, hétéro, cherchant spécifiquement le même type de profils, pour des masturbations mutuelles ou des fellations. Notamment dans le milieu rural.

Nous sommes sur des milieux ultra-masculinisés – par choix ou non, avec une héroïsation des codes classiques de la virilité. Ces hommes hétéro ont en commun de n’être pas attirés par les hommes efféminés. L’un d’eux va jusqu’à affirmer : « Si je voulais quelqu’un qui se comporte comme une nana, j’ai ma femme à la maison. »

Même quand la relation est suivie et prend la forme de vraies soirées passées ensemble, cet arrangement est perçu comme facile, purement sexuel, dans le déni de l’émotion : « Je sais qu’il y a pas mal de mecs comme moi… on est virils, on fait des trucs d’hommes, il se trouve juste qu’on couche ensemble de temps en temps. C’est pour ça que je préfère ce type de mecs… s’ils sont plus masculins, ils ne vont pas me harceler, je suppose, me suivre tout le temps, m’envoyer mille emails pour savoir si on peut se voir. »

Les femmes sont perçues comme en demande, appartenant à un monde qui demande du boulot émotionnel : elles n’ont pas le même vocabulaire, pas les mêmes intérêts. Il y a évidemment du sexisme là-dessous. Ces hommes, d’une part ne semblent pas concevoir qu’une femme puisse elle aussi vouloir du sexe sans prise de tête ou sans sentiments, et d’autre part ont du mal à reconnaître qu’ils ont eux-mêmes des sentiments (quand on sort boire des bières et dîner avant de se sucer, qu’on parle de la pluie, du beau temps, du boulot et de la famille, ça s’appelle un rendez-vous).

Ces bisexuels préfèrent se considérer comme hétérosexuels, à la fois parce qu’ils peuvent effectivement être époux et pères hétéros, mais aussi parce qu’ils apprécient les privilèges et la culture de l’hétérosexualité. Parce qu’ils sont fiers d’être des hommes, parce qu’ils trouvent la virilité admirable, alors ils sucent. Un vrai masculiniste devrait-il toujours avoir des pratiques homosexuelles ? Ce serait logique. Les femmes, on les aime ou on les quitte 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

dix + dix =