Notre chroniqueur Stéphane G. est incarcéré aux États-Unis pour une peine de longue durée pour divers crimes contre la personne. Pour communiquer avec lui, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel à info@gayglobe.us, nous nous ferons un devoir de lui transmettre.
Chers lecteurs, Dans cette édition, j’ai décidé de vous parler d’un sujet plus léger mais tout de même révélateur de la vie carcérale, les surnoms des détenus.
Les détenus utilisent entre eux des pseudonymes, comme si leur véritable nom était à proscrire et réservé qu’à des fonctions officielles ou administratives. Le pseudonyme choisi est plus facile à retenir car il reflète souvent un trait de personnalité prédominant chez la personne ou une caractéristique particulière.
La plupart du temps, les gardiens respectent ces pseudos et il n’est pas rare de les entendre utiliser ces surnoms pour communiquer avec les détenus. Une majorité de détenus utilisent un pseudo relatif à leur région géographique d’origine. On entend donc souvent des gars répondre à l’appel de “Kentucky”, “Minnesota”, “New York” ou “Orlando”. Dans mon cas, c’est “Canada” mais aussi, selon les circonstances, “Frenchie” ou, à cause de mon homosexualité ouverte, “Stéphanie”.
Et pourtant, je me suis toujours présenté sous mon véritable nom, dans sa version masculine, mais il ne semble pas s’enregistrer correctement dans le cerveau des autres détenus. Pour eux, je suis gai donc, j’aurais voulu être une femme donc, dans leur logique, je suis “Stéphanie”.
Avant mon incarcération, je ne m’étais jamais présenté de façon féminine pour me nommer mais comme je l’ai raconté souvent dans ces pages, la prison est un monde à part avec ses propres règles et codes. Par exemple, voici quelques pseudos utilisés dans mon dortoir: “Rat”: Il a la tête de l’emploi, petit nez pointu et une voix fatiguante aigu.
“Cowboy”: Il a été élevé sur une ferme.
“T.J.”, “E.J.”, “D.J.”: Plusieurs gars répondent aux initiales de leur nom.
“Gator”: Un mordu de football et fan de l’équipe de l’Université de Floride, les Gators.
“Fisherman”: Le plus straight de tous. Avant d’être incarcéré, il travaillait sur un bateau de pêche en haute mer.
“Geiko”: Il se déplace comme le fameux reptile.
“Chi-Chi”: Des noms plutôt féminins pour des détenus très efféminés. Souvent transgenres, ils ont des implants mammaires mais possèdent toujours leurs fixtures masculines.
“69”: Ouvertement gai de race noire, 6’4”” et plutôt “butch” d’allure, on se demande bien ce qu’il voudrait exprimer par ce chiffre…