
Par : Arnaud Pontin avec l’aimable révision et autorisation du Docteur Réjean Thomas
Image : Générée électroniquement ©Gay Globe
Hausse des infections transmissibles sexuellement (ITSS) au Canada : une tendance préoccupante
Les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) connaissent une hausse alarmante au Canada. Depuis 2012, les taux de gonorrhée ont doublé et ceux de la syphilis ont quintuplé.
Cette progression s’est accélérée ces dernières années, notamment chez les femmes hétérosexuelles, qui représentaient 35 % des cas de syphilis en 2022.
Le nombre de cas de syphilis congénitale a, lui, augmenté de 600 % par rapport aux années précédentes.
Un plan d’action fédéral 2024-2030 contre les ITSS
Face à cette situation, le gouvernement du Canada a lancé un plan d’action national renouvelé (2024-2030) pour réduire l’impact des ITSS.
Ce plan vise à :
- renforcer la prévention, le dépistage et le traitement ;
- combattre la stigmatisation entourant les ITSS ;
- favoriser des environnements inclusifs et soutenants pour toutes les populations à risque.
Les causes de la recrudescence
L’augmentation des ITSS découle de plusieurs facteurs :
- une baisse de l’utilisation du préservatif ;
- des comportements sexuels plus risqués ;
- des inégalités d’accès aux services de santé sexuelle.
Les jeunes Canadiens âgés de 15 à 29 ans sont particulièrement touchés par cette tendance.
Des taux élevés au sein de la communauté HARSAH
Chez les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH), les ITSS demeurent une préoccupation majeure de santé publique.
Les infections les plus courantes restent la syphilis, la gonorrhée et la chlamydia, tandis que le VIH continue d’avoir un impact significatif, malgré une stabilité relative des nouveaux cas au niveau national.
La syphilis : une résurgence inquiétante
Entre 2018 et 2022, le taux de syphilis infectieuse a augmenté de 109 % au Canada, atteignant 13 953 cas en 2022 — le niveau le plus élevé depuis plusieurs années.
Cette hausse est particulièrement marquée dans la communauté HARSAH, où la syphilis demeure une infection récurrente.
Gonorrhée et chlamydia : des infections en hausse continue
La gonorrhée progresse fortement, notamment au niveau rectal et pharyngé.
Les hommes HARSAH présentent des taux plus élevés de gonorrhée extragénitale, ce qui justifie un dépistage complet pour une détection précoce et un traitement rapide.
La chlamydia, bien que moins souvent signalée, a vu ses taux augmenter de 26 % entre 2011 et 2019.
À Montréal, sa prévalence atteint 2,8 % chez les hommes HARSAH.
VIH : stabilité relative mais vigilance nécessaire
Le nombre de nouveaux cas de VIH demeure stable, mais l’infection reste préoccupante.
Les hommes HARSAH représentent toujours une proportion importante des personnes vivant avec le VIH.
Les stratégies de prévention comme la prophylaxie préexposition (PrEP) et le dépistage régulier demeurent essentielles.
Prévention : dépistage et doxyPrEP
Le dépistage gratuit et confidentiel demeure la meilleure solution pour freiner la propagation des ITSS.
Il est offert dans :
- les centres SIDEP,
- les CLSC,
- les cliniques spécialisées,
- et chez les médecins de famille.
La doxyPrEP constitue également un outil de prévention novateur : elle consiste à prendre de la doxycycline, un antibiotique, après des rapports sexuels à risque afin de réduire la transmission de la syphilis et de la chlamydia.
Un dépistage régulier aide aussi à prévenir la résistance aux traitements et à mieux protéger la santé communautaire.