Chad G. Peters
Le phénomène des prédicateurs américains se rendant en Afrique pour évangéliser contre les personnes LGBT est complexe et multifacette. Cette pratique a soulevé d’importantes préoccupations éthiques, culturelles et en matière de droits de l’homme, suscitant des débats dans le monde entier. Au cœur de ce phénomène se trouve le conservatisme religieux, en particulier au sein de certains courants du christianisme prévalant aux États-Unis. De nombreux prédicateurs américains adhèrent à des interprétations conservatrices des textes religieux, considérant l’homosexualité et la non-conformité de genre comme des comportements pécheurs contraires à leurs croyances théologiques.
La tradition évangélique au sein du christianisme américain souligne l’impératif de répandre l’Évangile dans le monde entier. Pour certains prédicateurs américains, évangéliser contre les personnes LGBT en Afrique représente une manifestation de ce zèle missionnaire. Ils perçoivent l’Afrique comme un terrain fertile pour la conversion religieuse, en raison de facteurs tels que la forte religiosité, les populations réceptives et l’exposition limitée à d’autres points de vue. En ciblant les communautés africaines, ces prédica-teurs cherchent à étendre leur influence religieuse et à renforcer la portée mondiale de leur agenda théologique conser-vateur.
Ces dernières années, les États-Unis ont été le théâtre de débats houleux sur les droits des personnes LGBT, avec souvent, les groupes religieux conservateurs en première ligne. De plus, les dynamiques de pouvoir asymétriques entre le Nord et le Sud mondial jouent un rôle crucial dans la facilitation de ces efforts d’évangélisation. Les prédicateurs améri-cains, soutenus par des ressources financières, des réseaux organisationnels et des plateformes médiatiques, possèdent une influence considérable qui leur permet de diffuser leur message au-delà des frontières.
En revanche, de nombreux pays africains, aux prises avec la pauvreté, l’instabilité politique et un accès limité à l’éducation, peuvent être plus susceptibles aux influences religieuses externes, les rendant vulnérables aux agendas des évangélistes étrangers. Bien que l’Afrique ne soit pas une entité monolithique, avec des cultures, des langues et des traditions religieuses diverses, certaines régions affichent des attitudes conservatrices à l’égard des questions de sexualité. Dans les sociétés où les valeurs traditionnelles sont profondément ancrées, les expressions d’identités non hétéronormatives peuvent être stigmatisées, voire criminalisées. De plus, l’influence des leaders religieux charismatiques ne peut être sous-estimée dans le façonnement de l’opinion publique et la mobilisation du soutien pour les efforts d’évangélisation anti-LGBT. Les leaders religieux africains qui s’alignent sur la position théologique conservatrice propagée par leurs homologues américains peuvent collaborer pour diffuser la rhétorique anti-LGBT au sein de leurs congrégations et communautés, amplifiant ainsi l’impact de tels messages.
En promouvant des messages qui diabolisent et marginalisent les personnes LGBT, ces prédicateurs contribuent à perpétuer la discrimination, la violence et les préjudices psychologiques subis par les communautés vulnérables. De plus, leurs efforts sapent les progrès réalisés dans la promotion des droits et de la dignité des personnes LGBT, tant au niveau mondial que dans les contextes africains.