Cancer du pancréas: Le vaccin à ARNm montre une activité immunitaire soutenue dans un petit groupe de patients

Image pancréas

Selon: https://letswinpc.org (Image: National Library of Medecine)

Un vaccin prometteur à base d’ARNm personnalisé contre le cancer du pancréas pourrait potentiellement vaincre la maladie sur son propre terrain.

Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature, le vaccin, nommé autogene cevumeran, produit ce que l’on appelle des cellules T durables. En termes simples, ces cellules T sont capables de faire leur travail, c’est-à-dire combattre les cellules cancéreuses qui peuvent réapparaître sporadiquement, et ce, pendant une longue période.

C’est un point crucial, car les cellules du cancer du pancréas sont particulièrement agressives et se propagent dans le corps bien plus tôt que celles d’autres cancers. Même lorsqu’un patient est diagnostiqué assez tôt pour être opéré — la seule possibilité de guérison — les médecins restent inquiets quant au risque de récidive. En effet, des cellules malignes trop petites pour être détectées à l’imagerie peuvent se cacher dans d’autres organes. Certaines estimations indiquent qu’il existe un risque de récidive de 60 à 80 % après une chirurgie.

« Les dernières données de notre essai de phase I sur les vaccins à ARN personnalisés chez des patients atteints d’un cancer du pancréas continuent d’être encourageantes », explique le chirurgien-chercheur Dr Vinod Balachandran du Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSK) à New York, dans une entrevue accordée à Let’s Win. « Nous observons les signes d’une réponse immunitaire antitumorale robuste après la vaccination, qui pourrait potentiellement durer plusieurs années chez certains patients — et cette réponse immunitaire continue de s’associer à un retard de la récidive », ajoute-t-il. Le Dr Balachandran est le chercheur principal de l’étude et son auteur principal.

Les nouveaux résultats de cet essai clinique de phase I montrent que le vaccin thérapeutique contre le cancer a activé des cellules immunitaires spécifiques à la tumeur, qui ont persisté dans le corps jusqu’à près de quatre ans après le traitement chez certains patients. De plus, les patients ayant déclenché une réponse immunitaire grâce au vaccin présentaient un risque réduit de récidive du cancer après trois ans de suivi, comparativement aux patients dont le système immunitaire n’avait pas réagi.

La réponse des cellules T activées est liée à un retard de la récidive

L’essai clinique a impliqué 16 patients ayant reçu le vaccin en combinaison avec un médicament d’immunothérapie appelé atezolizumab et le protocole de chimiothérapie mFOLFIRINOX. Les premiers résultats immunologiques et cliniques, publiés dans Nature en 2023, avaient montré que ce traitement était généralement bien toléré et induisait une réponse immunitaire liée à un retard de la récidive après un suivi médian de 1,5 an, comparativement aux non-répondants.

Le nouvel article présente les résultats après un suivi médian de trois ans, et révèle que :

  • Le vaccin expérimental contre le cancer a déclenché une réponse des cellules T chez la moitié des patients (soit huit patients), et cette réponse est associée à un retard de la récidive trois ans après le traitement, par rapport aux patients non répondeurs. Les chercheurs ne savent pas encore si le vaccin est la cause directe du retard de la récidive; répondre à cette question est l’objectif d’un essai clinique de phase II randomisé actuellement en cours.
  • Parmi les huit patients ayant présenté une réponse immunitaire au vaccin pendant l’étude, six n’ont pas connu de récidive durant la période de suivi. Les deux autres ont rechuté. Ces derniers présentaient une activité des cellules T induite par le vaccin plus faible que celle observée chez les autres patients répondeurs.
  • En étudiant les tissus et le sang de ces patients avant et après l’administration du vaccin, l’équipe a constaté que la majorité des cellules T avaient été nouvellement stimulées par le vaccin, car elles étaient indétectables avant la vaccination. De plus, la majorité de ces cellules T induites par le vaccin ont persisté au-delà de deux ans après la vaccination et ont maintenu leur fonction anticancéreuse chez certains patients.

« Ces résultats prometteurs restent néanmoins préliminaires et concernent un petit nombre de patients », souligne le Dr Balachandran, directeur du Olayan Center for Cancer Vaccines au MSK. Des tests à plus grande échelle sont actuellement en cours dans le cadre d’un essai de phase II international randomisé.

« Pour les patients atteints d’un cancer du pancréas, nos résultats les plus récents continuent de soutenir l’approche des vaccins personnalisés à ARNm ciblant les néoantigènes propres à chaque tumeur », explique le Dr Balachandran. « Si cela fonctionne pour le cancer du pancréas, on peut théoriquement développer des vaccins thérapeutiques pour d’autres types de cancers. »

NDLR : Il est important de noter que les recherches sur les vaccins à ARN messager produisent actuellement des résultats très prometteurs contre le VIH. La compagnie Moderna est d’ailleurs déjà en phase I de l’essai clinique de son vaccin anti-VIH auprès de patients aux États-Unis.

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